DANS CE DOSSIER CEMAC
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Paul Biya, le président du Cameroun, a donc cédé son siège de président de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), à son homologue, Faustin-Archange Touadera, le président centrafricain, au terme de la 15ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’État de la Cemac qui s’est tenue le 17 mars 2023 au Palais de l’Unité de Yaoundé au Cameroun.
Un passage de témoin qui s’est fait conformément au principe de rotation par ordre alphabétique des postes adopté par la Cemac, le 17 janvier 2010. Le président centrafricain, Faustin-Archange Touadera a été placé, pour un mandat de deux ans, à la présidence de la Conférence des chefs d’État de la Cemac. Il succède ainsi à son homologue camerounais Paul Biya qui a occupé ce fauteuil depuis mars 2019, et qui aurait dû passer la main en mars 2021.
Il faut au moins reconnaitre que ce principe de rotation des postes à la Cemac a été mis à mal depuis l’abrogation du principe de Fort-Lamy en 2010. C’est pour cela qu’ il a été prévu, lors du sommet de Yaoundé, que la Conférence des chefs d’État évalue d’abord la mise en œuvre de ce principe, qui veut que les ressortissants des États de la communauté se succèdent à la tête des organes et des institutions, selon l’ordre alphabétique des noms des pays.
Car, au nom de ce principe, la nomination du président de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (Bdeac), a été source de frictions entre le Cameroun et le Tchad l’année dernière. Chaque pays a effet clamé que c’était son tour de présider aux destinées de cette banque de développement. Au finish, le poste est revenu au Camerounais Dieudonné Evou Mekou. Mais ce principe de rotation a finalement été respecté, et c’est en cela que l’accession de Faustin Archange Touadera à la présidence de la Cemac peut être vue comme une victoire diplomatique de la République centrafricaine.
Une autre problématique qui pouvait freiner l’accession de la Centrafrique à la tête de la Conférence des Chefs d’État de la Cemac est l’adoption du Bitcoin comme monnaie officielle et la création de sa propre cryptomonnaie nommée Sango, alors que la Beac n’a pas encore élaboré une réglementation régionale sur les crypto actifs. Toutefois, des réflexions ont été menées dans ce sens au cours des travaux.
En outre, elle (la conférence, ndlr) a suivi la présentation de l’analyse et perspective de la crytomonnaie dans la sous-région faite par le gouverneur de la Béac. La Conférence a réaffirmé son attachement aux dispositions de l’article 6 de la convention régissant l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac) sur le cours légal et le pouvoir libératoire de la monnaie dans la communauté. Elle a encouragé la Béac en collaboration avec les autres régulateurs communautaires à poursuivre les réflexions déjà engagées en vue d’élaborer un cadre légal et réglementaire des activités relatives à l’émission et à la gestion des crypto actifs, ainsi qu’à la régulation des fintech et proposer le cas échéant des solutions alternatives crédibles,
a affirmé Daniel Ona Ondo, président sortant de la Commission de la Cemac, par ailleurs rapporteur.