Sur le continent africain, le sport, vecteur de passions tarde à être un véritable business. L’une des raisons étant la quasi-inexistence des infrastructures sportives dans la plupart des pays.
Toutefois, certains Etats s’engagent à abriter des compétitions d’envergures nationales, régionales et internationales. Ils se trouvent alors dans la plupart du temps, dans l’obligation du respect des cahiers de charge, à construire et à réhabiliter les infrastructures sportives.
Toute chose qui serait chose normale et à féliciter si en premier, ce sont les africains qui en tiraient profit. Du moins pour ce qui est de la part de marché attribuée aux entreprises locales concernant la construction et la réhabilitation de ces infrastructures.
Comme le montre plusieurs exemples, il a été constaté avec désolation que la part de marché attribuée aux entreprises locales est marginale.
En Cote d’Ivoire par exemple, la quasi-totalité des marchés de construction des stades devant abriter la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) l’année prochaine a été gagnée par des entreprises étrangères. A titre d’exemple, le stade olympique d’Ebimpé, situé à 25 kilomètre au Nord- Est d’Abidjan, la capitale ivoirienne, d’une capacité de 60 000 places, inauguré le 03 octobre 2020, a été construit par l’entreprise chinoise « Beijing Construction Engineering Group ».
Un investissement, qui à en croire les autorités ivoiriennes, aurait coûté 238 millions de dollars US (143 milliards de francs CFA) pour tout le complexe (stade et les installations annexes).
Le contrat de construction du stade de Korhogo a également été attribué par l’Etat ivoirien à une entreprise chinoise, la China National Building Material notamment. Pour une enveloppe estimée, à en croire « Business France », à environ 77 millions d’euros, la société a effectué les travaux de construction du stade principal, des quatre terrains d’entrainement, ainsi que d’une cité et d’un hôtel. Idem pour ce qui est du stade de San Pedro construit par China Civil Engineering Construction.
Si pour les premiers, les contrats ont été remportés par des entreprises chinoises, pour ce qui est du stade de Yamoussoukro, la construction est réalisée par le groupement français composé de Sogea-Satom (filiale de Vinnci construction), Egis, Baudin-château et Alcor Equipements. La rénovation des quatre stades d’entrainement à proximité également.
Seule OMNI Travaux Cote d’ivoire, a réussi à avoir une part de marché dans la construction du stade de San Pedro aux côtés du Chinois China Civil Engineering Construction. L’entreprise ivoirienne assurant les travaux de terrassement, de transport du matériel… dans ce vaste chantier qui a englouti d’après les autorités ivoiriennes 70 millions de dollars US (environ 41,716 milliards de francs CFA).
Au Sénégal, le budget du ministère en charge des sports aurait augmenté considérablement ces dernières années, car le pays s’apprête à accueillir la quatrième édition les jeux olympiques de la jeunesse en 2026. Compétition qui lui permettra de gagner des dividendes.
Mais pour cela, des sommes colossales doivent au préalable être investies dans la construction et la réhabilitation des infrastructures sportives. La principale qui abritera cette compétition, le stade olympique de Diamniadio inauguré en février 2022 a été construit par l’entreprise turque « Summaqui » pour un montant d’environ 230 millions d’euros, soit 156 milliards de francs CFA.
En outre et pour ne citer que ces cas, le pays s’est lancé dans un vaste programme de réhabilitation de strois stades régionaux pour un coût estimé à environ 61 millions d’euros. Sans oublier la construction d’une arène nationale de lutte dans la ville de Pikine près de Dakar, la capitale sénégalaise. Construite en 28 mois par des entreprises chinoises, elle a coûté 32 milliards de francs CFA, environ 48,7 millions d’euros.
Il en est de même pour la RDC. Depuis 2021, le stade des martyrs de Kinshasa, qui abrite certaines disciplines sportives des jeux de la francophonie qui ont débuté le 28 juillet 2023 fait peau neuve. Si les chiffres officiels de l’ensemble des travaux ne sont pas connus, le site en ligne congolais Infos Foot RDC indique tout de même qu’au moins 5 millions de dollars ont été dépensés pour la rénovation du stade des martyrs de Kinshasa, qui abrite la majorité des compétitions.
La pelouse hybride a coûté 1.790 000 dollars américains, 1 24 000 pour la pelouse synthétique des terrains annexes et 478 950 dollars pour les sièges. Les travaux ont été confiés à l’entreprise française Limonta Sport. Les entreprises locales k-Electrical et Projets nationale ayant été réduites à fournir des kits constitués de 354 projecteurs pour l’éclairage de l’aire de jeu du stade des martyrs.
Au Cameroun, après un glissement, la Coupe d’Afrique des Nations 2019 a finalement été organisée en 2021. Ce pays d’Afrique centrale, afin d’accueillir cette grande messe continentale du football, a mis la main à la poche. Le complexe sportif d’Olembé à Yaoundé aurait à lui tout seul englouti plus de 358 000 000 de dollars US (environ 215 milliards de francs CFA).
Le chantier a été confié au niveau du terrassement au français Razel-Bec. Pour ce qui est de la construction, il a été attribué à l’Italien « Piccini » et au Canadien Magil. À Douala, la construction du stade de Japoma a couté 233 millions de dollars US (environ 140 milliards de francs CFA) et a été réalisé par le consortium américano-turc AAFLC-Aecom-Yeningun construction Industry. A Garoua, le stade Roude Adjia a été rénové par le groupe portugais Mota-Engil. La seule entreprise camerounaise « Prime Potomac » n’a eu droit qu’aux travaux de réhabilitation des stades de Reyre et de Poumpoumre.
Rwanda
Également lancé dans la construction et la réhabilitation des infrastructures sportives car il ambitionne être parmi les pays africains à abriter de grands évènements sportifs, le Rwanda ne fait pas exception à cette règle de la quasi-attribution de tous les chantiers aux étrangers. C’est ainsi que le pays a confié pour un montant de 104 millions de dollars US, la construction d’un gymnase dédié au basket-ball à la société turque « Summa ».
Le chantier de réhabilitation du stade national d’une capacité de 25000 places extensibles d’ici 2024 à 45 000 places étant quant à lui également attribué à une joint-venture du même groupe de construction turc. « Gasato-3D Design », un cabinet conseil local, n’assurant que la supervision.
L’exemple Sud-africain
Il est donc clair au regard de ces exemples et de bien d’autres qui n’ont pas été repris ici que les pays du continent africain peinent à investir dans la construction des infrastructures sportives, surtout en Afrique au Sud du Sahara.
Et Quand bien même les Etats s’y engagent, les travaux de conception et de réalisation sont souvent confiés aux multinationales chinoises, françaises, canadiennes, américaines, turques, etc. Les entreprises africaines qui réussissent à s’infiltrer dans ce marché se trouvent généralement à jouer les seconds rôles, ou à faire de la sous-traitance.
Pourtant à en croire « Radio France international », le sport en Afrique est porteur de développement et pourrait générer dans les années à venir plus de 90 millions de dollars US.
L’Afrique a donc intérêt à mettre l’accent sur la construction des infrastructures sportives. Mais surtout à maintenir sur le continent, les énormes budgets investis par les Etats en faisant confiance aux entreprises régionales, à l’instar de l’Afrique du Sud.
En effet, le premier pays du continent depuis l’avènement des jeux olympiques de l’ère moderne et des coupes du monde, vitrine de nombreux sports contemporains à recevoir des grands rendez-vous du sport mondial avait pour ne citer que le cas de la coupe du monde 2010 fait confiance à certaines entreprises locales.
A titre d’exemple, le marché du Cap Town stadium avait été confié au Sud-africain, « Murray and Robert », à « Architectural Design Associate » celui de Port Elizabeth, « Ltd, Dominic Boness » a construit le Nelson Mandela Bay Stadium et R§L Architec le Mbombela stadium.
Des entreprises africaines dont l’expertise ne souffre d’aucun doute. Pour preuve, la plupart de ces joyaux architecturaux se dressent fièrement dans le pays de Nelson Mandela.