De plus en plus, de nombreux pays africains se tournent vers les énergies renouvelables, en vue de répondre aux multiples engagements internationaux pris pour atténuer la crise climatique mondiale. Parmi ces énergies dites vertes, figure en bonne place, l’éolienne. Il s’agit d’un dispositif qui transforme l’énergie cinétique du vent en énergie mécanique, dite éolienne, laquelle est ensuite le plus souvent transformée en énergie électrique.
Selon les données compilées pour le Compte de la Société financière mondiale (IFC) du groupe de la Banque mondiale et du Conseil mondial de l’énergie éolienne (Global Wind Energy Council(GWEC) publiées en septembre 2020, l’Afrique dispose d’un potentiel éolien total d’environ 59 000 Gigawatt, pour un productible annuel de 180 000 Térawattheures (TWH/H). Soit plus de 250 fois la demande d’électricité totale du continent (700 TWH/ AN).
De l’Algérie au Gabon, du Soudan à l’Afrique du Sud, de la Somalie au Cameroun, en passant par le Niger, l’énergie éolienne est donc présente partout sur le continent noir, et peut être exploitée pour résoudre les déficits d’énergie dans chaque pays.
En Algérie par exemple, indique les résultats de l’étude de l’IFC et de GWEC, le potentiel de production nette d’énergie est estimée à 24980,2 TWH pour une puissance installée potentielle de 7 717,4 Gigawatt (GW) ; en Lybie, il est de 19180,4 pour, 5855, 4 ; en Egypte de 10837,9 pour 3389,2 ; au Soudan de2050, 4 pour 6508,4 ; au Niger de 11897,3 pour 3846,7 ; au Zimbabwe de 1073,6 pour468, 7 et au Tchad de 11943,3 pour une production installée potentielle de 3607,4 pour ne citer que les cas de ces quelques pays africains disposant d’un grand potentiel de production d’énergie éolienne.
A l’étude de ces chiffres, il s’y dégage clairement un constat : le potentiel de production nette de l’énergie éolienne des pays africains est énorme. Seuls quelques uns à l’instar du Gabon, de la Guinée équatoriale, et du Libéria, à en croire l’étude de l’IFC, ont un potentiel de production quasi-nul (la différence étant le fait que dans certains pays, des vents sont par exemple supérieurs à 7,5 voir 8,8 et pas dans d’autres).
Mais au regard de l’étude de l’IFC et du GWEC, ce potentiel reste sous exploité. La puissance installée est faible, même dans les pays d’Afrique du Nord, du désert du Sahara qui disposent de la quasi-totalité du potentiel continental de production. « Le berceau de l’humanité » abrite 17% de la population mondiale, mais ne représente que 3,3% de la consommation mondiale d’énergie primaire, 1,1% de la production d’électricité (1,8% d’après d’autres statistiques) et 3% de la consommation mondiale d’énergie dans l’industrie.
Les besoins sont donc énormes et l’offre très faible dans un continent où l’accès à l’énergie est non seulement une question d’équité et de développement. Mais également, à en croire les Nation-Unies, il a des implications réelles et graves pour la paix et la sécurité de la région, avec une demande croissante de nourriture et d’énergie, et une population jeune qui recherche un avenir meilleur. D’après les experts, la solution viendrait donc de cette forme d’énergie renouvelable intermittente.
Raison pour laquelle, l’IFC recommande fortement aux Etats du continent d’investir dans ce secteur très peu exploité, voire inexploité dans certains pays, mais pourtant à la croissance la plus rapide au monde après le solaire.
Ou alors, à défaut, inciter les investisseurs locaux et étrangers, ainsi que les partenaires multilatéraux à mettre de l’argent, dans la production de l’énergie éolienne, la modernisation des technologies et le renforcement de l’exploitation et de la maintenance des centrales de production et des infrastructures de transport et de distribution de cette forme d’énergie.
Car, cette filière est porteuse de développement, génératrice de revenus et créatrice d’emplois. Ce, d’autant plus que la plupart des avis concordent sur le fait que les coûts d’investissements dans ce secteur se récupèrent en quelques années, les vents étant des combustibles énergétiques essentiellement gratuits.
Exploiter les opportunités qu’offre une demande qui n’est comblée qu’à hauteur de 1,1%, voilà donc les défis que devrait relever l’Afrique. Des défis difficilement réalisables car, il est constaté que sur le continent, de nombreux gouvernements manquent de capacités à développer, et à mettre en place, un cadre administratif, juridique et institutionnel adéquat qui favoriserait les investissements dans les projets d’énergies renouvelables et leur exécution.
Sur ce sujet, une étude réalisée par « Policy center for the new south », indique que
le manque de rapidité et de clarté dans les procédures et les processus décisionnels qui sont essentiels à la création d’un bon environnement d’investissement peuvent freiner les financements des projets. Le manque de clarté concernant les lois et les règles, à l’instar des règles du contrôle foncier peut à titre d’exemple être un défi complexe dans ce cadre. Dès lors, les ministères et organismes locaux impliqués dans les projets doivent être réactifs lorsqu’ils traitent avec le développeur de projet, afin de ne pas réduire la marge pour l’investisseur. Dans ce sens, des régulations claires, un mécanisme de paiement fiable, une bonne conception du marché et des règles d’accès au réseau transparentes sont essentiels pour attirer les investisseurs dans le secteur des énergies renouvelables.
L’éolienne en particulier.