La diaspora africaine est donc devenue la principale source de financement du continent. Selon le rapport 2022 sur l’investissement dans le monde, de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), les Investissements directs étrangers (IDE) vers les pays africains ont atteint un niveau record de 83 milliards de dollars. Ce qui, indique ce rapport, représente plus du double du total enregistré en 2020, alors que la pandémie de Covid-19 a pesé lourdement sur les flux d’investissement vers le continent.
Déjà en 2019, apprend-t-on, les envois d’argent des migrants africains à leurs familles ont dépassé l’aide au développement et les investissements des entreprises étrangères. Selon la Banque mondiale, ces transferts financiers se traduisent par une hausse des dépenses d’éducation, de santé et un recul de la pauvreté. Malgré cette forte croissance, les flux d’investissement vers l’Afrique n’ont représenté que 5,2% des IDE mondiaux, contre 4,1% en 2020. En termes de sous-régions, le rapport de la CNUCED note que l’Afrique australe, l’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest ont vu leurs flux d’investissement augmenter, tandis que ceux destinés à l’Afrique centrale sont restés stables et que l’Afrique du Nord a enregistré une baisse.
L’Afrique australe culmine à 42 milliards de dollars
Les IDE vers l’Afrique australe ont presque décuplé, pour atteindre 42 milliards de dollars. Cette forte augmentation est due principalement à une importante reconfiguration d’entreprises en Afrique du Sud. Au Mozambique, les flux d’investissement ont augmenté de 68% pour atteindre 5,1 milliards de dollars. Le pays a connu un bond des nouveaux projets d’investissements, notamment celui de la société britannique Globeleq Generation de construire des centrales électriques pour 2 milliards de dollars.
Les flux d’investissement vers la Zambie sont restés négatifs à -457 millions de dollars, une chute brutale par rapport à -173 millions de dollars en 2020, due principalement à la cession d’une mine de cuivre de 1,5 milliard de dollars par la société suisse Glencore à la société publique ZCCM Investments Holdings.
Le Nigéria, 1er bénéficiaire d’IDE en Afrique de l’Ouest
Ce pays a vu ses flux doubler pour atteindre 4,8 milliards de dollars, principalement en raison d’une reprise des investissements dans les secteurs du pétrole et du gaz, indique le rapport de la CNUCED. Au Ghana, les projets dans les industries extractives ont également contribué à faire grimper les IDE à 2,6 milliards de dollars, soit une augmentation de 39% par rapport à 2020. Pendant qu’au Sénégal également, le pays a connu une augmentation notable de 21% des IDE, qui ont atteint 2,2 milliards de dollars. Le pays a enregistré une hausse de 27% des projets d’investissements nouveaux annoncés.
8,2 milliards de dollars de flux d’investissement vers l’Afrique de l’Est
Dans cette partie du continent, les IDE ont augmenté de 35 % pour atteindre 8,2 milliards de dollars. L’Éthiopie par exemple, plaque tournante centrale de l’initiative chinoise « Belt and Road », a vu ses flux d’IDE augmenter de 79% pour atteindre 4,3 milliards de dollars en 2021. D’autres augmentations notables ont aussi été signalées par l’Ouganda (31% à 1,1 milliard de dollars) et la Tanzanie (35% à 922 millions de dollars), qui ont vu les annonces de projets d’investissement nouveaux tripler en 2021.
Stabilité en Afrique centrale
Les IDE d’Afrique centrale se sont stabilisés à 9,4 milliards de dollars. Néanmoins, indique le rapport de la CNUCED, les IDE vers la République démocratique du Congo ont augmenté de 14% pour atteindre 1,9 milliard de dollars, les tendances d’investissement restant positives principalement en raison des flux vers les champs pétroliers offshore et les mines. Pendant ce temps, les flux d’investissement vers le Congo ont diminué de 8% pour atteindre 3,7 milliards de dollars.
L’Égypte, 2e plus grand bénéficiaire d’IDE en Afrique
Les IDE vers l’Afrique du Nord ont diminué de 5% pour atteindre 9,3 milliards de dollars en 2021. Les flux d’investissement vers le Maroc ont augmenté de 52% pour atteindre 2,2 milliards de dollars en 2021, tandis que l’Égypte a vu ses IDE baisser de 12% pour atteindre 5,1 milliards de dollars. Malgré cette baisse, l’Égypte est restée le deuxième plus grand bénéficiaire d’IDE en Afrique. Les promesses des États du Golfe d’investir environ 22 milliards de dollars dans divers secteurs économiques en Égypte pourraient stimuler les IDE à l’avenir.
Possible impact négatif des sentiments anti-immigration
Selon la Banque mondiale, la montée des sentiments anti-immigration dans presque tous les grands pays d’accueil – Etats-Unis, Europe, Russie et Afrique du Sud – peut ralentir ces transferts financiers. Même dans les pays du Golfe, où les économies dépendent très fortement des travailleurs étrangers, la politique actuelle est de décourager leur recrutement afin de stimuler l’emploi des nationaux et d’imposer des taxes ou d’autres restrictions sur les envois de fonds à l’étranger. Toutefois, sur le long terme, les flux financiers sont corrélés aux flux migratoires qui eux ne devraient pas ralentir, en raison de l’écart des niveaux de vie et des conséquences du réchauffement climatique, conclut l’institution de Bretton Woods. Selon la CNUCED, les plus gros détenteurs d’actifs étrangers en Afrique sont restés européens, avec en tête les investisseurs du Royaume-Uni (65 milliards de dollars) et de la France (60 milliards de dollars).