Le secteur automobile ivoirien repose essentiellement sur les importations, avec une moyenne d’âge des véhicules estimée entre 16 et 20 ans. Aujourd’hui, près de 80% des véhicules en circulation en Côte d’Ivoire sont d’occasion, importés principalement d’Europe et d’Asie. Selon les données de la Direction Générale des Douanes, en 2023, plus de 60 000 véhicules d’occasion ont été immatriculés dans le pays, contre seulement 5 000 véhicules neufs. Cette dépendance aux importations pose des défis en matière de coût, de maintenance et d’impact environnemental.
Pour réduire cette dépendance, le gouvernement ivoirien encourage la production locale. Le lancement du Kpandji marque une étape clé dans cette stratégie. Développé par la Société Ivoirienne de Construction Automobile (SICA), ce 4×4 est conçu pour s’adapter aux routes et aux conditions climatiques du pays. L’assemblage du Kpandji repose sur un partenariat entre SICA et plusieurs fournisseurs internationaux. Selon le ministère de l’Industrie, le véhicule intègre des pièces importées, mais privilégie une main-d’œuvre locale pour l’assemblage. Cette approche permet de créer des emplois, tout en développant des compétences techniques dans le secteur.
L’objectif affiché est d’atteindre un taux d’intégration locale de 30% d’ici 2027. Selon les prévisions de la SICA, la production annuelle pourrait atteindre 5 000 unités, avec une montée en puissance progressive. Le marché cible inclut les administrations publiques, les entreprises et les particuliers en quête de véhicules robustes adaptés aux routes ivoiriennes.
Le développement de l’industrie automobile locale s’inscrit dans une stratégie plus large visant à faire de la Côte d’Ivoire, un hub industriel en Afrique de l’Ouest. Selon le ministère de l’Économie, le secteur manufacturier représente actuellement 17% du PIB, avec un objectif de 25% d’ici 2030. L’ambition de Kpandji automobiles ne s’arrête pas à la production de véhicules. L’entreprise entend se positionner comme un acteur clé du secteur en couvrant l’ensemble du cycle de vie automobile, de la construction à l’entretien et la réparation des véhicules. Son objectif est de créer une véritable industrie locale, génératrice d’emplois et de nouvelles opportunités économiques.
Un modèle à suivre en Afrique de l’Ouest ?
L’initiative ivoirienne s’inspire d’autres expériences africaines. En Afrique du Sud, l’industrie automobile repose sur un modèle mixte combinant production locale et partenariats avec des constructeurs mondiaux. Le Maroc, de son côté, a développé un écosystème automobile performant, avec des usines exportant vers l’Europe. La Côte d’Ivoire cherche à adapter ces modèles à son contexte. Selon le Centre de Promotion des Investissements (CEPICI), le secteur automobile pourrait générer plusieurs milliers d’emplois directs et indirects dans les prochaines années.
Avec le Kpandji, la Côte d’Ivoire pose les bases d’une industrie automobile locale. Un défi ambitieux qui, s’il est relevé, pourrait réduire la dépendance aux importations, et positionner le pays comme un acteur industriel majeur en Afrique de l’Ouest. Pour attirer les investisseurs, le gouvernement met en place des incitations fiscales et des infrastructures adaptées. La zone industrielle de Yopougon, où est assemblé le Kpandji, bénéficie d’un accompagnement spécifique pour favoriser l’essor de l’industrie automobile.
Par ailleurs, le gouvernement a récemment soutenu plusieurs initiatives pour favoriser la production locale, à l’instar d’IVECO Daily Ivoire. En partenariat avec l’italien IVECO, la Côte d’Ivoire assemble des minibus adaptés aux besoins du transport en commun. Il y a également l’usine de montage de PSA Peugeot-Citroën. Bien que le projet soit encore en développement, il pourrait marquer une avancée majeure pour l’industrie automobile ivoirienne.
Pour rappel, c’est depuis décembre 2023 que le gouvernement ivoirien a lancé, un livre blanc pour le développement et la promotion de l’industrie automobile en Côte d’Ivoire.
