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CNAMGS : la couverture maladie menacée par des arriérés de paiement

Depuis plusieurs semaines, le système de prise en charge des assurés de la CNAMGS est en crise. Selon les pharmaciens et plusieurs médias gabonais, un déficit persistant de paiement de la CNAMGS aux officines met en péril l’accès aux médicaments pour de nombreux assurés.

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Le montant de la dette de la CNAMGS envers les pharmacies est estimé entre 7 et 8 milliards de francs CFA.

Une source a indiqué que la dette de l’État envers la CNAMGS elle-même pourrait atteindre plus de 34 milliards de FCFA.

En novembre 2024, certains rapports faisaient état d’impayés de l’ordre de 3 milliards de FCFA pour certaines officines.

Le non-paiement de ces dettes a poussé le Syndicat des pharmaciens du Gabon (Sypharga) à suspendre la délivrance de médicaments aux assurés de la CNAMGS dès le 1er janvier 2025.
Les conséquences sont déjà sensibles :

de nombreuses pharmacies rapportent des tensions de trésorerie, des ruptures de stocks et des retards dans les livraisons.

des assurés, notamment retraités, étudiants ou économiquement faibles, se retrouvent sans médicaments, ou doivent payer eux-mêmes ce qui devait être couvert.

l’accès à certains traitements spécialisés (cancer, maladies chroniques) est menacé.

Analyse

Plusieurs facteurs combinés expliquent l’ampleur du problème :

Le modèle de financement de la CNAMGS repose notamment sur les cotisations sociales (employeurs et salariés) et sur la « Redevance Obligatoire à l’Assurance Maladie » (ROAM) imposée aux opérateurs de téléphonie et aux transferts d’argent hors CEMAC.

Malgré des recettes importantes, notamment la ROAM (par exemple un chiffre d’affaires de 50,83 milliards de FCFA au 3ᵉ trimestre 2024 pour le secteur mobile, dont ~5,08 milliards de ROAM sur cette période).

Toutefois, des dysfonctionnements de gestion, un manque de transparence des flux financiers, et des retards d’affectation des fonds de l’État affaiblissent la capacité de la CNAMGS à honorer ses engagements.

Le retard de paiement crée un effet domino : les pharmacies ne peuvent plus fonctionner normalement, ce qui affecte l’offre de soins et compromet l’un des principes clés de la couverture maladie universelle : l’accès aux soins sans retard ou obstacle financier.

La dette de l’État envers la CNAMGS (34 milliards FCFA mentionnés) suggère un vrai problème d’équilibre budgétaire et de gouvernance.

Impacts pour les assurés

Pour les assurés de la CNAMGS, la situation signifie :

un risque accru de devoir avancer les frais de médicaments ou de traitements normalement pris en charge, ou de voir le délai de délivrance s’allonger.

une inégalité accrue : les assurés économiquement faibles sont souvent les plus touchés.

un affaiblissement de la confiance dans le système d’assurance maladie, ce qui peut réduire l’adhésion ou amener les gens à se tourner vers le secteur privé cher.

Recommandations et perspectives

Il apparaît urgent pour l’État gabonais et la CNAMGS de publier un audit indépendant des fonds collectés et des dettes accumulées (notamment auprès des pharmacies) pour rétablir la transparence.

Un calendrier clair de régularisation de la dette envers les pharmacies doit être mis en œuvre, afin d’éviter une suspension massive des prestations à compter de 2026.

La révision du modèle de financement (par exemple extension de la ROAM ou autres taxes affectées) doit être envisagée pour garantir la pérennité du système.

La CNAMGS doit renforcer ses outils de gestion, digitalisation des flux, suivi des assurés et des prestataires pour éviter la fraude et favoriser l’efficacité.

Une communication claire envers les assurés est essentielle pour maintenir la confiance et expliquer les mesures en cours.

La crise que traverse la CNAMGS – avec une dette estimée entre 7 et 8 milliards de FCFA envers les pharmacies – met en péril le principe même de couverture maladie universelle au Gabon. Elle illustre des défis structurels : financement fragile, gestion opaque, trésorerie en tension et risques pour l’accès aux soins. Si aucune action corrective rapide n’est prise, ce sont les assurés, et plus encore les plus vulnérables, qui en payeront le prix fort.

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