Le ralentissement du projet d’aménagement du Lac municipal de Yaoundé se confirme après la présentation du budget 2026 devant l’Assemblée nationale par Célestine Ketcha Courtès, ministre de l’Habitat et du Développement urbain. Selon le Minhdu, la seconde phase du programme est freinée par un blocage administratif lié aux exigences de Deutsche Bank, qui demandait un nouveau décret d’habilitation avant de libérer la tranche complémentaire du financement. Le Comité national de la dette publique a finalement jugé cette demande non prioritaire, estimant que l’État pouvait couvrir le montant avec ses ressources internes — des fonds qui n’ont pourtant pas été mobilisés.
En attendant une solution, le ministère a entrepris des travaux minimaux pour éviter la dégradation du site : sécurisation des berges, consolidation des ouvrages existants, ferraillage des poteaux, construction du mur de sous-bassement et pose de grilles. Ces interventions sont financées sur ressources propres afin de maintenir une activité minimale sur le chantier.
La première phase du projet, réalisée à plus de 90%, avait pourtant montré une dynamique encourageante : construction du restaurant pilote, installation de l’éclairage public, mise en place de la voie multimodale et aménagements paysagers. Malgré ces avancées, le site n’a pas encore été ouvert au public, notamment en raison de retards dans l’acquisition du matériel nécessaire pour équiper le restaurant.
La deuxième phase devait donner une dimension touristique majeure au Lac municipal : construction de nouveaux restaurants, centre nautique, aires de jeux, aménagements du petit lac, ainsi que des infrastructures complémentaires telles qu’un aquarium, un hôtel cinq étoiles et des espaces commerciaux. Ce programme ambitionnait de faire du site l’un des pôles touristiques les plus attractifs de Yaoundé.
Mais la suspension des travaux crée un écart croissant entre les ambitions initiales et les réalités opérationnelles. L’entreprise espagnole Elecnor, adjudicataire du marché depuis 2020, ne pourra pas respecter les délais contractuels de 36 mois. Pourtant, les conventions de financement signées avec Deutsche Bank en 2016 — pour un total de 33,6 milliards de FCFA — auraient dû permettre une progression continue du chantier.
Au-delà des infrastructures, les bénéfices attendus sont considérables : création d’emplois, renforcement de l’attractivité touristique, transformation urbaine de la vallée de la Mingoa et modernisation globale de la capitale. Le blocage financier actuel, portant sur un montant qualifié de modeste, souligne néanmoins les contradictions structurelles des grands projets publics au Cameroun.
Aujourd’hui, l’avenir du Lac municipal dépend de la capacité des autorités à lever ce blocage et à relancer une dynamique à la hauteur des ambitions affichées. Les travaux progressent désormais au rythme des ressources disponibles, laissant planer une incertitude persistante sur le calendrier de livraison et l’ouverture au public.
