C’est une question qui fait polémique au Cameroun et anime le débat, les coûts des travaux routiers, dont certains estiment qu’ils sont parmi les plus élevés en Afrique. Le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, n’a pas éludé cette problématique, à l’ouverture des travaux de la conférence semestrielle du ministère des Travaux publics pour le compte de l’exercice 2024, le 24 janvier 2024, à l’Ecole nationale supérieure des Travaux publics de Yaoundé. Une conférence dont les travaux sont adossés sur le thème : « Exécution efficace et suivi rigoureux des projets d’infrastructure relevant du ministère des Travaux publics : outils, méthodes et rendus ». Le ministre des Travaux publics a plutôt appelé les acteurs de la chaine des travaux routiers à innover pour tirer vers le bas le coût de la construction et de l’entretien routiers. Bref, « faire plus, avec peu », a indiqué Emmanuel Nganou Djoumessi. En précisant que
Vous devez trouver des solutions techniques efficaces, immédiates, en rapport avec les ressources financières disponibles, pour mettre un terme aux ruptures des trafics.
Car, pour le ministre des Travaux publics,
la qualité des infrastructures routières détermine les avancées économiques en ce qu’elle stimule l’investissement privé, donc la production et les échanges et impulse l’amélioration du bien-être des citoyens. Cette dimension du rôle crucial de la route dans nos politiques publiques est réaffirmée à travers les allocations financières annuelles importantes, mais limitées, au regard des besoins, compte tenu du contexte macroéconomique global et d’une situation interne préoccupante. C’est pourquoi, il faut être inventif et créatif en innovant, en vue de l’essor du développement infrastructurel de notre pays.
Il faut donc, pense le Mintp,
innover dans le traitement de la dégradation des routes en terre avec ses bourbiers ; des nids de poule des routes bitumées ; des ornières sur les chaussées, etc. Toutes choses favorisées par l’infiltration des eaux sur les chaussées, en raison d’un assainissement insuffisant.
Emmanuel Nganou Djoumessi souligne par ailleurs que « la dégradation de nos routes s’est accélérée sous les effets conjugués des conséquences des changements climatiques et du vieillissement. Il faut donc urgemment trouver une solution économique, facile à mettre en œuvre pour prolonger la durée de vie de nos routes.
De nombreux défis pour 2024
Du plan de travail 2024, présenté par le Mintp, il ressort entre autres, le relèvement du niveau de service des axes stratégique névralgiques du triangle national, notamment les trois sections de la Nationale 1, Bertoua-Ndokayo-Garoua Boulaï (245,89 km) ; bas de la falaise de Wack-Mayo Salah (120 km) et la section Pont Sala-Garoua (112 km) ; Yaoundé-Pont de Ndoupé-Pont sur la Dibamba ; Bekoko-Loum-Nkongsamba-Pont du Nkam-Bafang-Bandja-Bandjoun ; Edéa-Kribi ; Yaoundé-Ayos-Bonis et Maroua-Carrefour Gakle-Mokolo. Mais aussi, de nouveaux engagements comme le bitumage des sections routières Tchakamari-Kousseri de la Nationale 1 ; Magada-Yagoua ; Bekoko-Nkongsamba-Pont du Nkam-Bandjoun ; Batouri-Yokadouma, la Nationale 11, communément désignée Ring Road, etc.,
10 225,58 km de routes bitumées sur un réseau de 121 873 km
Comme l’a rappelé le Mntp, le linéaire de routes bitumées, de même que celui des routes réhabilitées ou entretenues a été amélioré d’année en année, avec actuellement un linéaire de routes bitumées évalué à 10 225,58 km au 31 décembre 2023, sur un réseau de 121 873 km. 5 824,42 km de routes nationales sont bitumées, 1 649,26 km de routes régionales construites et 2 642,80 km de routes bitumées dans le réseau des routes communales. Par rapport aux objectifs de la SND 30, au 31 décembre 2023, il y a un gap de 636,87 km, soit 73,46% d’objectifs atteints. Une situation, de l’avis du Mintp, imputable aux conséquences des crises sécuritaires qui ont retardé la livraison de certains travaux (Mora-Dabanga-Kousseri (212 km) ; Babadjou-Bamenda (51,9 km), Kumba-Mamfé…, Kumba-Ekondo Titi (60 km) ; imputable aux lenteurs dans la mise en place des financements (Ebolowa-Akom 2-Kribi (172 km) ; Olounou-Oveng (60 km) ; Batouri-Yokadouma, etc.).
Emmanuel Nganou Djoumessi, ministre des Travaux publics : « Nous avons 121.873 Km de routes, il faut réussir à les garder en bon état et l’allocation budgétaire est là, mais ne couvre que 30% des besoins »
Effectivement, nous plaçons la viabilité des routes au centre de toutes nos mesures de politique publique. Cela pour de diverses raisons, en ce qui concerne le ministère des Travaux Publics, nous allons absolument réussir à relever le niveau de service d’un certain nombre d’axes routiers stratégiques, c’est-à-dire, les chainons nationaux de corridors. J’ai cité quelques-uns, notamment Yaoundé-Douala, Ngaoundéré-Garoua, Mora-Dabanga-Kousseri… Nous allons y travailler. Il s’agit là des axes routiers stratégiques visibles par tout le monde. Mais, il y a aussi d’autres axes routiers qui desservent les communautés les plus intérieures de notre pays, ce sont les routes communales, ce sont les routes régionales. Nous allons travailler à faire en sorte qu’il n’y ait plus de rupture de Trafic. Les allocations financières budgétaires du ministère des Travaux publics annuellement sont importantes, je dois dire même très importantes, mais je dois aussi reconnaitre qu’elles ne couvrent pas toujours nos besoins qui sont nombreux. Nous avons 121.873 Km de routes. Il faut réussir à les garder en bon état et l’allocation budgétaire est là, mais ne couvre que 30% des besoins. Comment faire donc pour que cette allocation budgétaire réussisse à rencontrer les attentes de la majorité des populations ? Ça va être l’objet de cette concertation annuelle. On va donc trouver des méthodes qui nous amènent à optimiser l’utilisation des ressources disponibles, pour faire plus.