Le thème, « Indications géographiques en Afrique : états des lieux et perspectives de développement » servira de fil conducteur à cette rencontre qui connaitra la participation des acteurs majeurs de l’écosystème de la promotion des indications géographiques (IG) dans le monde, et particulièrement en Afrique.
En dehors de l’Organisation de la propriété intellectuelle (OAPI), l’évènement est porté par l’Agence française de développement (AFD), l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI)… En outre, des experts de nombreuses institutions de développement et offices de propriété intellectuelle partenaires de même qu’un florilège de producteurs (agriculteurs et artisans) sont attendus à ce grand rendez-vous. En provenance d’une trentaine de pays, ces acteurs vont au cours de leurs travaux, dresser un état des lieux des efforts entrepris pour promouvoir les IG, identifier les facteurs limitants et dessiner les perspectives de leur développement et de leur expansion sur le continent.
Qu’est-ce que les Indications géographiques ?
Les IG constituent une catégorie spécifique de droits de la propriété intellectuelle. Elles sont classées au même titre que le droit d’auteur, les brevets d’invention, les marques de produits ou de service. Une Indication géographique met en évidence un lieu ou une région de production qui détermine les qualités caractéristiques du produit originaire de ce lieu. Il est important que le produit tire ses qualités et sa renommée de ce lieu.
Pour les consommateurs, ce mécanisme sert à déterminer l’origine et la qualité des produits. Bon nombre d’entre elles ont acquis une renommée importante qui, faute d’être protégée de la façon appropriée, peuvent faire l’objet de fausses déclarations de la part d’opérateurs commerciaux malhonnêtes. Pour les producteurs légitimes, ces utilisations illicites constituent une perte du bénéfice d’opérations commerciales lucratives.
Quels sont les enjeux des Indications géographiques pour l’Afrique ?
L’Afrique est riche en produits alimentaires et artisanaux spécifiques dont les caractéristiques, la qualité, ou la réputation sont étroitement liées au territoire ou à la région de production. Ces produits peuvent être reconnus, protégés et valorisés par un outil de propriété intellectuelle reconnu au plan international ; C’est la raison d’être de l’Indication géographique qui relie un produit aux ressources naturelles et humaines d’un territoire et à un collectif d’acteurs. L’Indication géographique peut permettre à ces produits spécifiques d’affirmer leur identité, de structurer leur organisation productive et économique, d’accroitre leur valeur ajoutée et d’améliorer leur développement commercial.
Protection contre les imitations et les contrefaçons
L’enregistrement officiel confère une exclusivité sur le nom d’un produit et vise à protéger les producteurs contre des imitations et la contrefaçon provenant de ceux qui utiliseraient ce nom sans que leur produit présente la même qualité, c’est-à-dire sans respecter le cahier des charges de l’IG. Sur le continent africain, les pays du Maghreb et l’Afrique du Sud ont déjà enregistré plusieurs dizaines d’indications géographiques (huile d’argan au Maroc, figues de Djebba en Tunisie, thé rooibos d’Afrique du Sud, …), précise le document dénommé Sélection des produits éligibles à une démarche d’Indication géographique : l’expérience du Pampig 2, Cirad-Oapi.
Le poivre de Penja et le miel d’Oku au Cameroun
Pour la plupart des pays d’Afrique centrale et de l’ouest, majoritairement francophones, c’est l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) qui est chargée de l’enregistrement des IG. Cette organisation, lors de la mise en œuvre de la première phase du Pampig (Projet d’appui à la mise en place des Indications géographiques dans les états membres de l’OAPI, financement AFD), a reconnu, entre 2013 et 2014, trois produits en Indications géographiques : le poivre de Penja et le miel d’Oku au Cameroun ainsi que le café Ziama-Macenta en Guinée.
A l’instar des autres pays africains, les membres de l’OAPI disposent de nombreux produits dont les spécificités et la réputation sont liées à leur origine : épices, miels, cafés et cacao, des produits à base de viande (kilishi du Niger), des produits laitiers (fromage wagashi du Bénin), des céréales et tubercules transformés tels que les garis et attiékés, des fruits et légumes tels que les ananas (Ananas pain de sucre du Plateau d’Allada-Bénin), les piments, les oignons ( Oignon violet de Galmi; Echalotte de Bandiagara) . Mais aussi des tissages tels les pagnes Baoulés de Côte d’Ivoire, ou encore le Chapeau de Saponé (Burkina Faso).
La deuxième phase du projet PAMPIG dénommée PAMPIG 2 a été initiée en novembre 2017 et prendra fin en septembre 2024. C’est un projet d’appui à la mise en place des indications géographiques dans des Etats africains mis en œuvre par l’OAPI. Le colloque international de Douala, permettra certainement aux acteurs de présenter leurs résultats.
En marge du colloque international sur le développement des IG en Afrique, une foire-exposition de produits de qualité de l’agriculture et de l’artisanat issus de divers pays africains se déroulera. Cet évènement bénéficie du soutien institutionnel du ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique du Cameroun.