Partie des côtes chinoises depuis janvier 2023, l’Unité flottante de production et de stockage de gaz (FPSO), une plateforme devant extraire le gaz dans les gisements situés aux frontières maritimes du Sénégal et de la Mauritanie, dans le cadre du méga projet gazier Grand Tortue Aymeyim (GTA), a enfin mouillé les eaux sénégalaises le samedi 11 mai dernier. Le navire-usine était en construction dans les chantiers navals chinois depuis 2019. Il est désormais stationné à 40 kilomètres des côtes sénégalaises et mauritaniennes, a-t-on appris. Il a jeté l’encre au large du Sénégal après plusieurs mois de voyage.
Au cours de son périple, l’unité flottante montée dans les chantiers du constructeur naval chinois Cosco, a effectué une première escale à Singapour pour des travaux complémentaires, et deux autres, techniques elles aussi, à Maurice, puis dans les îles Canaries. L’usine flottante est désormais raccordée au puits gazier situé à 80 kilomètres plus au large. Le gaz extrait dudit puits va subir un premier traitement dans l’usine flottante. Il va être séparé des autres éléments, notamment les condensats. Le gaz issu de cette première étape sera ensuite acheminé dans une autre unité de traitement située à 10 km de la côte pour être liquéfié. Une quantité de la production de GNL sera consommée dans les ménages sénégalais et l’autre exportée.
L’arrivée de la plateforme flottante, bien qu’ayant accusé deux années de retard dû aussi bien à la pandémie de la Covid-19 qu’aux travaux d’expertise supplémentaire évoqués plus haut, est synonyme d’une avancée considérable dans la mise en oeuvre du projet d’exploitation du méga champ gazier Grand Tortue Ahmeyim, situé au large du Sénégal et de la Mauritanie. Un projet d’exploitation de gaz naturel liquéfié dont le coût des investissements est évalué à plusieurs milliards de dollars.
25 000 milliards de pieds cubes de gaz sur les champs GTA
Car, Dakar et Nouakchott pourraient enfin débuter la production du gaz dès le troisième trimestre de cette année, comme l’a confirmé Petrosen, la compagnie pétrolière sénégalaise, un des partenaires du projet (bien que minoritaire), aux côtés du géant britannique BP et de l’Américain Kosmos Energy. La production était initialement annoncée pour le deuxième trimestre 2023, puis pour le premier trimestre 2024. Ce double report a d’ailleurs convaincu les autorités des deux pays de la nécessité d’initier un audit pour y voir clair. Ce d’autant plus que ces déconvenues ont eu des répercussions sur les coûts du projet aussi bien du côté sénégalais que mauritanien. La loi des finances du Sénégal pour le compte de l’exercice budgétaire 2023 avait même prévu une ligne pour ce projet en termes de recettes fiscales.
En janvier 2024, BP a concédé à son compatriote Petrofac, la gestion et la maintenance des installations du gisement GTA. Le contrat de services optionnels signé par les deux parties se chiffre à plusieurs millions de dollars et sa durée est de trois ans. La multinationale britannique BP détient 69% du capital contre 29% pour la société texane Kosmos Energy et 10% pour l’Etat sénégalais représenté par Petrosen.
Ce pays entre désormais, avec son voisin mauritanien, dans le club des pays producteurs de gaz naturel liquéfié (GNL). Les réserves des deux champs (Grand Tortue côté sénégalais et Ahmeyim côté mauritanien) sont estimées à 25 000 milliards de pieds cubes de gaz. En termes d’investissements, le modèle d’usine flottante, de plus en plus courant et préféré par les États-Unis, est moins coûteux que les plateformes onshore classiques.