L’Algérie se positionne comme un moteur de l’innovation africaine. À l’occasion de l’ATF 2025, la Banque africaine de développement (BAD) et le gouvernement algérien ont annoncé un renforcement de leur coopération. Au centre de cette alliance ; les start-ups, les petites et moyennes entreprises (PME) et les jeunes entrepreneurs. Ensemble, ils veulent créer un écosystème qui favorise la croissance et l’intégration économique sur le continent. Il s’agit d’un partenariat stratégique pour le continent. Selon Ousmane Fall, directeur par intérim du Département du développement industriel et commercial de la BAD, le soutien aux PME et aux start-ups est un pilier de l’action de l’institution. Une stratégie qui combine financement innovant, services de conseil et réformes politiques pour renforcer le tissu entrepreneurial africain.
Avec ses 44 millions d’habitants et un produit intérieur brut de près de 200 milliards de dollars, l’Algérie s’impose comme la première économie d’Afrique du Nord. Son positionnement géographique, aux portes de l’Europe et connectée à l’Afrique subsaharienne, lui donne un avantage géostratégique. La BAD insiste sur ce rôle de carrefour, surtout dans un contexte où l’intégration continentale se matérialise à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Longtemps dépendante des hydrocarbures, elle a engagé des réformes pour dynamiser son industrie manufacturière, moderniser son agriculture et développer les services logistiques. Ces évolutions permettent d’envisager un repositionnement du pays comme moteur des échanges régionaux.
La ZLECAf, plus vaste zone de libre-échange au monde, regroupe 54 États et près de 1,3 milliard de consommateurs. Pour la BAD, l’Algérie peut en devenir l’un des principaux bénéficiaires et catalyseurs. Son adhésion récente au protocole sur l’investissement et au mécanisme de facilitation du commerce renforce son intégration. Alger s’est engagée à réduire les barrières tarifaires et à simplifier ses procédures douanières. Cette ouverture est vue comme une étape décisive pour transformer le pays en hub logistique et industriel. La BAD et l’Algérie misent sur les PME et les start-ups comme leviers de transformation économique. Des initiatives concrètes, telles que le Laboratoire d’innovation et d’entrepreneuriat et la plateforme ENNOVA, offrent aux jeunes entreprises un accompagnement complet. Elles peuvent ainsi accéder à des financements, des formations, et intégrer des réseaux continentaux d’investissement.
Des perspectives tangibles pour les entreprises
L’exemple de Solewant Group, leader nigérian dans l’acier et les revêtements, illustre le type de sociétés que la BAD souhaite soutenir, des entreprises africaines, orientées vers la croissance et engagées dans l’industrialisation du continent. Les start-ups sont également mises en avant via l’African Union Youth Start-Up Programme, avec 75 jeunes pousses sélectionnées pour exposer, participer à des master classes et bénéficier d’un accompagnement personnalisé. Ces initiatives offrent un tremplin vers de nouveaux marchés et permettent de nouer des partenariats stratégiques. La Foire commerciale intra-africaine a permis à la BAD de réunir sur place des institutions financières, fonds d’investissement et investisseurs privés, permettant aux PME de présenter leurs projets et d’obtenir des capitaux pour se développer.
Avec près de 2 000 exposants et plus de 35 000 visiteurs professionnels, l’ATF 2025 offre une visibilité incomparable aux entreprises émergentes. Les accords signés lors de la foire représentent plus de 44 milliards de dollars d’investissements, dont une partie pourrait être injectée dans des start-up africaines prometteuses. En outre, des programmes ciblés pour les étudiants africains inscrits dans les universités algériennes seront mis en place, en collaboration avec l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement. Ces formations permettent aux jeunes entrepreneurs d’acquérir des compétences pratiques, de comprendre les marchés africains et d’intégrer des réseaux professionnels solides.
Autre fait majeur, la BAD et l’Algérie insistent sur l’inclusion. Les femmes et les jeunes sont des bénéficiaires prioritaires des initiatives. L’accent est mis sur des projets qui stimulent l’économie locale, créent de l’emploi et renforcent l’intégration régionale. L’initiative permet d’assurer que les investissements profitent directement aux économies africaines, et non seulement aux entreprises internationales. La transformation du commerce intra-africain passe par des pôles solides. L’Algérie a désormais l’opportunité de s’affirmer comme l’un de ces pôles.