Stopper l’exploitation forestière dans le bassin du Congo paraît illusoire. Routes, écoles, marchés, hôpitaux : toute construction d’infrastructure nécessite sa part de déforestation, et les progrès économiques et sociaux ne peuvent faire l’économie de l’exploitation forestière, observe un expert. L’enjeu est de rendre l’exploitation forestière plus responsable, plus soutenable pour les écosystèmes. En un peu plus de trente ans, l’Agence française de développement (AFD) a financé une trentaine de projets pour un peu plus de 130 millions d’euros consacrés à la protection des forêts du bassin du Congo avec des écosystèmes restés intacts au fil des siècles.
Les résultats paraissent à la hauteur des efforts. Le taux de déforestation, évalue l’AFD, est aujourd’hui dix fois moins élevé dans le bassin du Congo qu’en Amazonie. Et la région abrite la majorité des concessions de forêts tropicales certifiées FSC. La recette de cette performance a consisté dans l’ensemble à adapter les plans de gestion durable des forêts en vigueur en Europe au cadre des forêts tropicales d’Afrique.
Alors que le One Forest Summit vient de se tenir à Libreville au Gabon les 1er et 2 mars 2023, Marthe Mapangou, spécialiste des forêts auprès de l’Agence française de développement de Libreville, citée dans un dossier publié sur le site internet de l’AFD, explique l’importance de la contribution du groupe pour la préservation des forêts primaires d’Afrique centrale. Il s’agit, dit-elle, de combiner le bon modèle de certification, les meilleures techniques d’exploitation avec la connaissance scientifique la plus récente, pour assurer la pérennité de cette ressource.
Dans un pays comme le Gabon qui est couvert à 88 % de forêts, on ne peut ni construire des routes, des hôpitaux ou des écoles, ni faire de l’agriculture pour produire de la nourriture, sans couper la forêt,
résume Marthe Mapangou.
Aujourd’hui, dans la plupart des permis forestiers qui sont utilisés, on exploite des arbres qui ont une centaine d’années en moyenne, et avec un diamètre de 90 cm au minimum.
« Mais la coopération scientifique a un coût », rappelle Marthe Mapangou. C’est pourquoi les efforts du groupe AFD se portent sur la recherche de nouveaux mécanismes de financement ciblés, visant à améliorer le quotidien des populations vivant en milieu forestier, mais aussi pour participer à la dynamique de production de connaissances scientifiques, nécessaire en vue d’une gestion durable des forêts.