Depuis quelques semaines, la Commission chargée des crimes économiques et financiers (EFCC) au Nigeria est à la recherche des moindres indices susceptibles d’établir des complicités dans l’affaire de l’ancien président les de la Banque centrale de ce pays, Godwin Emefiele. C’est dans cette perspective que cette institution a mené une perquisition au siège de la holding détenue par le magnat Aliko Dangote, l’un des hommes les plus fortunés du continent africain.
La perquisition s’inscrit dans le cadre de l’enquête élargie ouverte par l’EFCC sur les malversations présumées de l’ex-président de la Banque centrale, soupçonné d’avoir accordé à certains industriels du pays, des prêts payés en dollars à des taux de change très favorables. Dans un communiqué rendu public par la direction de Dangote, le 8 janvier, le groupe confirme que ses locaux ont été « visités » par des hommes de l’EFCC et que les agents de cette institution de lutte anticorruption « n’ont pris aucun document, car ceux-ci se trouvaient déjà sur leur bureau ». La holding nigériane déplore une perquisition « conçue pour embarrasser », tout en précisant que Dangote Group est « un contributeur clé au PIB national » et « le plus grand employeur du secteur privé » nigérian.
Le journal britannique The Financial Times relève que le groupe fondé par l’industriel Aliko Dangote fait partie « des 52 sociétés nigérianes » appelées à fournir « des documents relatifs à leurs allocations de devises depuis 2014 ». Depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, il y a presqu’un an, des rumeurs font état de collusions entre le milliardaire et la Banque centrale. Selon ces langues, Aliko Dangote aurait bénéficié des largesses du président de la principale institution bancaire du pays. Pour certains, les déboires de l’homme d’affaires ne sont pas dissociables des relations tendues entre l’opérateur économique et le président Tinubu.
L’Etat fédéral nigérian condamné
Godwin Emefiele est soupçonné d’avoir entretenu un régime de taux de change multiple pendant les années où il était président de la Banque centrale du Nigeria. Interpelé en juin 2023 par les services de renseignement nigérians (DSS), il a été remis en liberté fin décembre dernier, en échange d’une caution de 300 000 euros, selon nos confrères de Radio France International. Et puis, coup de théâtre, une décision de la Haute Cour d’Abuja rendue le 8 janvier condamne le gouvernement fédéral nigérian et l’EFCC et leur ordonne à verser 100 000 euros à Godwin Emefiele en guise de dédommagement.
Pour détention prolongée de l’ex-patron de la Central Bank of Nigeria (CBN) en « violation de ses droits fondamentaux ». La Haute Cour d’Abuja reproche à la Commission contre les crimes économiques et financiers d’avoir procédé à l’interpellation et à l’incarcération de Godwin Emefiele sans respect des procédures et sans mandat d’arrêt ou d’incarcération délivrés en bonne et due forme. Ce dont se défend la Commission, qui d’ores et déjà a annoncé vouloir faire appel de la décision de la haute juridiction.