La dernière réunion organisée par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses membres le 30 novembre dernier a fait grand bruit. Des Etats se sont insurgés contre les quotas de productions attribués par l’organisation qui, selon les pays africains comme l’Angola ne sert pas leurs intérêts. En effet, les niveaux de production de l’Angola, du Congo et du Nigeria ont été fixés respectivement à 1,11 million de barils par jour, 277 000 de barils par jour et 1,5 million de barils par jour. Le mécontentement de certains pays concernant ces quotas a conduit à un report de quatre jours de la dernière réunion du groupe le 4 décembre, le plus long report d’une réunion dans l’histoire de l’Opep.
Un cartel qui vise à réguler les prix
L’objectif visé par la révision des quotas de production est de faire monter les prix sur le marché mondial. Pour ce faire, l’organisation doit trouver des voies et moyens pour augmenter la demande et baisser l’offre. Les volumes de pétrole sont manipulés par les plus grands exportateurs du monde qui se sont regroupés au sein de l’Opep. Par un effort coordonné de ses membres dans lequel chacun possède un quota de production, l’organisation cherche à réguler le prix du pétrole. Lors de chaque réunion, ils s’entendent sur la quantité de pétrole à exporter et influencent ainsi le prix du marché. Pour rappel, l’Opep a joué un rôle prépondérant dans le déclenchement de la crise économique des années 1970 en décidant à la fin de l’année 1973 de diminuer fortement les quantités de pétrole exportées. Ce qui a eu pour effet de provoquer un quadruplement du prix du pétrole.
L’Algérie réduit sa production de 48 000 barils par jour
L’Algérie est favorable à cette mesure depuis plusieurs mois. En effet, dans un communiqué signé du ministre de l’Energie et des Mines en avril 2023, Alger annonçait réduire volontairement son quota de production de pétrole de 48.000 barils/jour, à partir de mai prochain et jusqu’à la fin de l’année en cours, en coordination avec certains pays membres de l’OPEP et non-Opep.
Cette réduction volontaire est une mesure préventive qui s’ajoute à la réduction de la production convenue lors de la 33e réunion ministérielle OPEP et non-OPEP du 5 octobre 2022,
souligne le communiqué.
L’Angola se désolidarise
Luanda n’a pas accueilli d’une bonne oreille la nouvelle de l’attribution des quotas de production du pétrole. Le pays a claqué la porte à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Pour cause, un désaccord sur les quotas de production pétrolière. L’Angola dit vouloir se concentrer sur ses propres objectifs.
Jusqu’à présent, nous n’avons pas eu d’influence sur les quotas, mais si nous devions rester dans l’Opep, nous subirions les conséquences de la décision de respecter les quotas de production,
a expliqué Diamantino Azevedo, ministre des Ressources naturelles, du Pétrole et du Gaz, à la télévision publique (TPA) le 21 décembre 2023. Le pays, qui ne souhaite pas réduire sa production, juge qu’il est temps de « se concentrer davantage » sur ses propres objectifs, à savoir « éviter toute baisse et respecter les contrats ».
1,18 million de barils par jours dans le viseur
Cette annonce intervient après la décision de l’Opep d’établir un quota de 1,11 million de barils par jour (bpj) pour l’Angola. Un quota que le pays conteste, visant son propre objectif de 1,18 million de bpj.
Elle s’est traduite par un creusement des pertes du pétrole, les cours étant déjà plombés par les anticipations de certains investisseurs qui craignent de voir la demande en or noir sapée l’an prochain par une récession économique,
peut-on lire dans les colonnes de Jeune Afrique. La décision de l’Angola de quitter l’Opep a été prise à la suite d’un Conseil des ministres, tenu le 20 décembre au palais présidentiel de Luanda.
À l’heure actuelle, l’Angola ne gagne rien à rester dans l’organisation et, pour défendre ses intérêts, il a décidé de la quitter. Lorsque nous voyons que nous sommes dans des organisations et que nos contributions, nos idées, n’ont aucun effet, il vaut mieux partir. Nous avons adhéré volontairement en 2006 et nous avons décidé de partir maintenant, également volontairement. Et il ne s’agit pas d’une décision irréfléchie ou inopportune,
a expliqué le ministre des ressources naturelles, du pétrole et du gaz, Diamantino de Azevedo. Selon Financial Afrik, à court terme, le retrait de l’Angola de l’OPEP a eu peu d’impact, permettant une relative stabilité des prix du pétrole entre 79 et 80 dollars le baril. Pour rappel, les réserves de pétrole de l’Angola, avec une population de 36,68 millions d’habitants au 1er janvier 2023 et un PIB de 124 milliards de dollars en 2022, sont estimées entre 8 et 10 milliards de barils. Le pays dispose de 14,50 milliards de dollars de réserves de change et les hydrocarbures représentent plus de 94% de ses exportations (50 milliards de dollars en 2022).
Le pétrole, le moteur des économies africaines
Avec une capacité de maximale de production de 2,5 millions de barils par jour, le Nigéria est le premier producteur de pétrole en Afrique et le 14e dans le monde. D’après les données rendues publiques par le bureau national des statistiques nigérian (NBS) en 2022, le secteur pétrolier a contribué directement à hauteur de 5,67% du PIB du pays. En 2022, le secteur pétrolier représentait la première source d’exportation du pays avec des exportations de brut représentant 78,74 % des exportations totales du Nigeria. Le secteur pétrolier est également le premier pourvoyeur de recettes fiscales pour l’Etat central et de réserves de devises. En 2022, elles ont atteint 1,8% du PIB.
Une consommation extravertie malgré l’importante production
Malgré son rang de premier producteur de pétrole brut en Afrique, le Nigéria importeaujourd’hui entre 90% et 95% de ses besoins en carburants (11,3 Md USD de produits raffinés en 2021). Selon le ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, cette situation s’explique par l’incapacité du pays à entretenir ses quatre raffineries publiques, aujourd’hui à l’arrêt pour la plupart. En 2022, le Nigéria à importer pour 23 Md USD de combustibles minéraux (pétrole, gaz et charbon), constituant ainsi la première source d’importation (39,6%). Le pays tente de sortir de cette dépendance avec l’opérationnalisation de nouvelles raffineries dont celle de l’entreprise Dangote Industries Limited, propriété de l’homme le plus riche d’Afrique, Aliko Dangote.
Plus grande raffinerie du continent, sa construction a démarré en 2014 dans la zone franche de Lekki (Etat de Lagos) et aurait coûté 20 milliards USD. Avec une capacité de raffinage de 650 000 barils de pétrole brut par jour, la raffinerie Dangote pourra produire 53 millions de litres de pétrole raffiné par jour (à comparer aux 33 millions de litres consommés par jour au Nigeria). Inaugurée en mai 2023, la raffinerie n’a néanmoins toujours pas lancé sa production. Cette nouvelle installation et le projet du groupe BUA de 200 000 barils/jour, censé être opérationnel en 2025, devraient avoir un effet bénéfique sur la croissance économique, sur la balance commerciale et sur les réserves de change du Nigéria.
Un carburant pour l’économie gabonaise
Selon Arise Integrated Industrial Plateforms, le pétrole représente 96% des exportations du Gabon vers les Etats-Unis. La Banque africaine de développement (BAD) indique que l’or noir est la principale source de revenus et de croissance du pays. Elle a enregistré une croissance de 3 % contre 1,5 % en 2021, peut-on lire sur le site de France 24. Quatrième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne, le Gabon abrite le sixième plus grand gisement d’or noir prouvé du continent africain (environ 3,68 milliards de barils selon la BAD). D’après les données recueillies auprès de nos confrères de La Croix, le Gabon ne consomme qu’une petite partie de son pétrole (0,013 million de barils) et exporte le reste vers les marchés étrangers.