La dernière note d’orientation économique de Camercap-Parc, un think tank rattaché au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire du Cameroun, fait un focus sur la politique de promotion des champions nationaux au Nigeria.
Aliko Dangote
L’on retrouve à la première place de ce panorama non exhaustif des « grands seigneurs » de l’économie du Nigeria, Aliko Dangote qui est par ailleurs l’homme le plus riche d’Afrique. Il est à la tête du conglomérat Dangote, qui pèse 14 milliards de dollars. Son siège social est situé à Lagos, au Nigeria.
Fondé en 1981, le groupe est présent dans 17 pays à travers le monde, ce qui témoigne de son envergure internationale.
Dangote possède 15 filiales et 3 sociétés cotées en bourse, dont Dangote Cement Plc, Dangote Sugar Refinery et Nascon Allied Industries Plc. Parmi celles-ci, Dangote Cement Plc, est la plus grande société cotée en bourse en Afrique de l’Ouest et la première entreprise nigériane à figurer sur la liste des Forbes Global 2000 Companies, leader sur le marché du ciment en Afrique. Il a acquis une position dominante dans l’industrie cimentière grâce à des investissements massifs dans des usines de production de ciment à travers le continent. En matière d’emploi, le groupe Dangote compte plus de 15 000 employés, dont 69,3% sont basés au Nigeria et 30,7% dans le reste du continent africain. Cela démontre l’impact significatif du groupe sur l’économie locale et régionale, en créant des opportunités d’emploi pour de nombreux africains,
écrit Camercap-Parc.
Né dans une famille de commerçants musulmans haoussas située dans le Nord du pays en 1957 à Kano, il lance sa première société de commercialisation de ciment en 1977, qui devient plus tard Dangote Cement. Actuellement, Dangote Cement a la capacité de produire 48,6 millions de tonnes métriques annuellement et est présent dans 10 pays d’Afrique. L’entreprise a affiché un bénéfice de 830 millions de dollars en 2022 (sikafinance).
Alhaji Abdul Samad Rabiu
En deuxième position, l’on retrouve Alhaji Abdul Samad Rabiu, la quatrième plus grosse fortune du continent selon le magazine Forbes (7 milliards de dollars US. Il a, notamment, fondé en 1988 BUA Group qui est aujourd’hui l’un des conglomérats les plus diversifiés du Nigeria, après avoir consenti de gros investissements dans l’agroalimentaire (sucre et huile), les infrastructures (ciment, ports, immobilier).
Mike Adenuga
Au 3e rang, se hisse Mike Adenuga (6,7 milliards de dollars US). C’est un magnat des télécommunications, du pétrole, du gaz et de l’immobilier, qui a fondé la société de téléphonie mobile Globacom, qui compte pas moins de 55 millions d’abonnés à fin 2022. Elle a réalisé un chiffre d’affaires de 1,2 milliard de dollars US l’an dernier.
Femi Otedola
En 4e position, l’on retrouve Femi Otedola, qui possède une fortune estimée à 2,5 milliards de dollars. Cet ancien général d’armée de 61 ans a fait fortune dans le pétrole, le gaz, l’énergie et transport maritime.
Theophilus Danjuma
Juste derrière à la 5e place, Theophilus Danjuma (2,2 milliards de dollars US). Ancien ministre de la Défense du Nigeria, ce patriarche de 84 ans a également fait fortune dans le pétrole, le gaz, l’agriculture et l’immobilier. Il tient, notamment, le conglomérat nigérian NAL COMET et le groupe pétrolier de l’Atlantique Sud.
Tony Elumelu
Le 6e sur la liste n’est autre que Tony Elumelu (2 milliards de dollars US), qui opère dans les secteurs de la banque, du pétrole, du gaz et de l’hôtellerie. C’est le patron de Union Bank for Africa (UBA), présente aujourd’hui dans 20 pays africains.
Folorunsho Alakija
La première femme dans ce panorama arrive à la 7e place. Il s’agit de Folorunsho Alakija (1,8 milliard de dollars US). Elle est active dans les secteurs de la mode, du pétrole, du gaz et de l’immobilier. Cette femme d’affaires a fondé Flourish Africa, un mouvement d’autonomisation pour les femmes afin de les aider à s’épanouir et à exploiter leur plein potentiel.
Oba Otudeko
La 8e place est occupée par Oba Otudeko, un homme d’affaires de 79 ans qui a fondé Honeywell Group, présent dans l’agroalimentaire, la construction et l’énergie. Sa fortune est évaluée à 1,7 milliard de dollars US. Il détient également des investissements dans les secteurs de la banque et des assurances.
Christopher Kolade
Avec une fortune estimée à 1,6 milliard de dollars par Forbes, Christopher Kolade occupe la 9e place de ce classement. Ancien diplomate et universitaire, il opère dans les secteurs de la fabrication industrielle et de l’ingénierie.
Orji Uzor Kalu
Last but not least, Orji Uzor Kalu (1,5 milliard de dollars), est un magnant des medias, du transport maritime, du pétrole et du gaz, il est à la tête de la Holding Slok Group.
Camercap-Cap signale que la liste des champions nationaux au Nigeria est beaucoup plus longue.
Mais le message reste le même : le Nigeria dispose désormais d’une « équipe nationale » d’acteurs économiques capables d’assurer son décollage industriel. Et les secteurs d’activité sont autant variés : les hydrocarbures, l’agroalimentaire, la banque, les télécommunications, l’immobilier, l’industrie du ciment et la fabrication etc. Il est intéressant de noter que les riches du Nigeria ont des intérêts dans plusieurs secteurs, ce qui témoigne de leur diversification. Cette diversification peut être vue comme une stratégie visant à réduire les risques liés à la dépendance d’un seul secteur et à augmenter leur profit. Par ailleurs, il est à noter qu’on retrouve également des femmes dans cette liste, dont Folorunsho Alakija. Cela souligne également l’ascension des femmes entrepreneures au Nigeria et leur contribution croissante à l’économie du pays. Naturellement, leur nombre va en grandissant au fur et à mesure que le seuil de la fortune s’étire,
note le think tank. L’histoire économique raconte que c’est sous la présidence de Olusegun Obasanjo, entre 1999 et 2007, que la République fédérale du Nigeria, à travers son gouvernement, a mis en place des politiques publiques pour promouvoir des champions nationaux.
Ce soutien multiforme a permis l’éclosion d’une classe d’hommes et femmes d’affaires, aujourd’hui parmi les leaders africains au classement Forbes, et des plus grandes entreprises selon le magazine Jeune Afrique.
Le résultat le plus visible de ces actions se traduit dans les faits que le Nigeria est, soit devenu auto-suffisant et/ou excédentaire dans certains secteurs (ciment, riz, sel, pièces détachées auto, etc.), soit en voie de l’être (pétrole raffiné, farine, etc.).