Le célèbre animateur, Claudy Siar a résumé la situation en une seule phrase sur son compte X :
Lorsque vous êtes mal traités dans une maison, il faut la quitter.
Allusion à l’annonce faite dimanche 28 janvier 2024 par le Mali, le Burkina Faso et le Niger de se retirer de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Ces Etats ont annoncé leurs départs accusant le bloc de sanctions “inhumaines” pour renverser les coups d’État dans leurs pays.
L’influence de puissances étrangères qui est, devenue une menace pour les États membres de la Cedeao et les populations dont elle est censée assurer le bonheur,
explique le départ de ces trois pays. Dans leur communiqué, ils ajoutent que le bloc s’est
éloigné des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme
après près de 50 ans de sa création.
Tensions politiques en Afrique de l’Ouest
Le communiqué des trois Etats dissidents parle d’un retrait avec effet immédiat ce qui pose un problème juridique, selon le journaliste Serge Daniel, interrogé sur TV5 Monde :
Aujourd’hui, malgré l’annonce de ces trois pays, le Mali, le Niger et le Burkina Faso font toujours partie de la CEDEAO parce qu’il y a tout un processus (…) Il faut un an pour partir.
La Cedeao s’est déclarée prête, dimanche 28 janvier, dans un communiqué à trouver « une solution négociée » après l’annonce de retrait de l’organisation du Mali, du Burkina Faso et du Niger. La Cedeao dit attendre encore «la notification formelle et directe » de cette décision. Indiquant que ces trois pays sont « des membres importants de la Communauté » qui « reste engagée à trouver une solution négociée à l’impasse politique » créée par l’annonce de leur retrait dimanche dans un communiqué commun.
Depuis le dernier coup d’État au Niger, les tensions politiques en Afrique de l’Ouest ont été aggravées par une série d’événements qui ont d’ailleurs vu les trois pays former une alliance de sécurité après avoir rompu leurs liens militaires avec la France et d’autres pays européens. Ces derniers se sont tournés vers la Russie pour obtenir un soutien.
Une région sans frontières
Considérée comme l’autorité politique et régionale de l’Afrique de l’Ouest, la Cedeao promeut “l’intégration économique” dans les États membres. Une région sans frontières où les populations ont accès aux abondantes ressources et sont en mesure de les exploiter, grâce à la création d’opportunités dans un environnement durable. Une région intégrée où la population jouit de la libre circulation, a accès à des systèmes d’éducation et de santé efficaces, peut se livrer à des activités économiques et commerciales et vit dans la dignité, dans un environnement de paix et de sécurité. Une région gouvernée selon les principes de la démocratie, de l’État de droit et de la bonne gouvernance.
Traité de Lagos le 28 mai 1975
La Cedeao a été créée par les chefs d’État et de gouvernement de quinze pays d’Afrique de l’Ouest, lors de la signature le 28 mai 1975 à Lagos, au Nigeria, du Traité de la Cedeao. Le Traité de Lagos a été signé par les chefs d’État et de gouvernement du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, du Liberia, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Nigeria, de la Sierra Leone, du Sénégal et du Togo, avec pour mission déclarée de promouvoir l’intégration économique dans la région.
Le Président sénégalais était représenté à cette occasion par le ministre des Affaires étrangères. Le Cabo Verde a rejoint l’union en 1977. Le seul membre arabophone, la Mauritanie, s’en est retiré en décembre 2000. Elle a récemment signé un nouvel accord de membre associé en août 2017. L’espace Cedeao, qui couvre une superficie de 5,2 millions de km2 regroupe jusqu’ici les États membres suivants : le Bénin, le Burkina Faso, le Cabo Verde, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, le Niger, le Nigeria, la Sierra Leone, le Sénégal et le Togo.
Union économique
Considérée comme l’un des piliers de la Communauté économique africaine, la Cedeao a été créée dans le but de promouvoir l’idéal d’autosuffisance collective de ses États membres. En tant qu’union économique, elle vise également à créer un grand bloc commercial unique par le biais de la coopération économique. Les activités économiques intégrées, telles qu’envisagées dans la région, dont le PIB cumulé s’élève à 734,8 milliards de dollars, tournent autour de l’industrie, du transport, des télécommunications, de l’énergie, de l’agriculture, des ressources naturelles, du commerce, des questions monétaires et financières, ainsi que des questions sociales et culturelles, entre autres.
Les 300 millions de citoyens de la Communauté doivent s’approprier la réalisation de la vision qui consiste à passer d’une Cedeao des Etats à une « Cedeao des Peuples : Paix et prospérité pour tous » à l’horizon 2050. Le siège est basé à Abuja, au Nigeria.