Le PDG du groupe Saham serait en passe d’acquérir 57% des parts de Société Générale Maroc, détenues par le groupe bancaire français, dont on annonce le départ du marché marocain. La nouvelle circule depuis quelques jours sans qu’aucun démenti officiel ou précision ne vienne la contredire. Le groupe bancaire français, qui ne confirme, ni infirme ces informations, serait en négociation bien avancées avec la holding Saham de l’ancien ministre de l’Industrie, pour la cession de sa participation majoritaire de 57% dans Société Générale Maroc, tel que le précisent nos confrères de l’hebdomadaire économique marocain Challenge. Moulay Hafid Elalamy (MHE), PDG du groupe marocain
viserait également certaines filiales d’Afrique subsaharienne du groupe bancaire français,
écrit le journal Challenge, ajoutant qu’il “serait également entré en négociation pour reprendre en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Bénin et au Togo”, selon une source généralement bien informée du microcosme bancaire en Afrique subsaharienne.
Une méga opération de Saham en cours
C’est plutôt une méga opération que le groupe marocain envisagerait de réaliser qui devrait lui permettre de mettre la main sur ces quatre banques dans quatre pays ouest-africains. Un coup de maître. C’est le moins qu’on puisse dire pour qualifier cette opération en vue car, à travers elle, Saham veut profiter du désengagement de la banque française de l’Afrique subsaharienne pour se développer rapidement à l’international. L’opération n’est toutefois pas encore bouclée,
explique la même source. Si cette opération en Afrique de l’Ouest se confirme, elle permettrait à Saham Holding de prendre le contrôle d’un réseau bancaire représentant près de 160 agences dont 90 en Côte d’Ivoire, 52 au Sénégal, 16 au Bénin et 2 au Togo. Avec sa tête de file, la filiale ivoirienne, qui commence à habituer les observateurs aux records de bénéfices après impôts. En témoigne la fin de l’exercice 2023 qui a été marquée par un bénéfice de 156 millions de dollars US (97,230 milliards de FCFA) contre 119,379 millions de dollars US (74,612 milliards de FCFA) en 2022, selon nos confrères du journal Challenge.
Active dans 17 pays africains, Société Générale a entamé depuis plusieurs mois la réduction de sa voilure. Le groupe bancaire français avait annoncé en juin 2023, la conclusion d’accords pour la cession de ses parts dans ses filiales au Congo Brazzaville (93,5%) et en Guinée équatoriale (57,2%) à Vista Bank; ainsi qu’en Mauritanie (95,5%) et au Tchad (67,8%) à Coris Bank, des groupes panafricains. Les deux groupes
reprendraient la totalité des activités opérées par Société générale au Congo, en Guinée équatoriale, en Mauritanie et au Tchad, ainsi que l’intégralité des portefeuilles clients et l’ensemble des collaborateurs au sein de ces entités,
développait un communiqué de la banque. Société Générale est implantée en Afrique depuis plus de 100 ans. Ce, avec une présence marquée au Maroc depuis ses débuts, ainsi qu’en Côte d’Ivoire et au Cameroun depuis une cinquantaine d’années. L’entreprise qui s’etait pourtant engagée dans un processus de développement de son réseau sur le continent africain semble vouloir subitement jetter l’éponge. Qu’est ce qui pourrait bien expliquer cela ?
Qu’est ce qui explique le retrait progressif de Société Générale ?
Il y a de cela quelques années, l’entreprise présentait une vision très optimiste des marchés africains.
Je prévois dix années de belle croissance en Afrique pour la Société Générale,
déclarait Frédéric Oudéa, l’ancien dirigeant du groupe, lors d’un entretien avec La Tribune Afrique en juillet 2019, estimant que la banque aurait
des ambitions de croissance fortes en Afrique au cours de la prochaine décennie.
Une croissance observée après la crise mondiale liée à la pandémie de Covid-19 qui a mis la pression sur les banques. Aujourd’hui, Société Générale se dit confiante par exemple dans la capacité de Vista Bank et Coris Bank à poursuivre le développement stratégique de ces entités du Congo Brazzaville, en Guinée Équatoriale, en Mauritanie et au Tchad dont elle avait annoncé le détachement il y a près d’un an. Pour rappel, les deux groupes bancaires Vista Bank et Coris Bank appartiennent respectivement aux hommes d’affaires burkinabè Simon Tiemtoré et Idrissa Nassa.
Concentration sur des marchés de tout premier plan
L’Afrique est une zone géographique à potentiel de croissance où le Groupe a bâti une présence historique et entend concentrer ses ressources sur les marchés où il peut se positionner parmi les banques de tout premier plan, en synergie avec les autres métiers du Groupe et avec une taille critique permettant une contribution satisfaisante et durable à la création de valeur,
a expliqué l’entreprise dans un communiqué. Ces réorientations stratégiques arrivent après un changement de leadership au sommet de la hiérarchie du groupe tricolore, dirigé depuis mai 2023 par Slawomir Krupa remplaçant de Frédéric Oudéa qui a trôné sur le groupe français pendant quinze années. Le nouveau dirigeant viserait une fixation vers des marchés occidentaux. L’homme d’affaires franco-polonais a déjà annoncé la suppression d’environ 950 postes au siège de Société générale. Réduction d’effectifs, baisse des coûts, cessions… Le nouveau patron de la banque s’est lancé dans des travaux d’Hercule pour restaurer la confiance des investisseurs.
En 2022, le produit net bancaire du pôle banque de détail et services financiers internationaux de Société Générale a atteint près de 2 milliards USD (soit près de 1204 milliards de FCFA) contre 1, 6 milliard USD ( soit plus de 984 milliards de FCFA) l’année précédente, des données relayées par le journal La Tribune Afrique.