Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé le 3 juillet 2024, la première revue de l’accord au titre de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD) et les sixièmes revues des accords au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) et du Mécanisme élargi de crédit (MEDC). Ces mécanismes permettent au FMI d’accompagner les pays qui se heurtent aux problèmes de financement de la balance des paiements en raison de faiblesses structurelles. L’achèvement des revues effectuées le 03 juillet dernier, ouvre la voie à un décaissement immédiat de 72,7 millions de dollars (44,18 milliards de FCFA) au titre de la FEC et du MEDC et de 45,4 millions de dollars (27,59 milliards de FCFA) au titre de la FRD, selon le l’institution de Bretton Woods.
A titre de rappel, les accords au titre de la FEC et du MEDC en faveur du Cameroun ont au départ été approuvés par le Conseil d’administration de l’institution financière pour un montant total de 483 millions de Droits de tirage spéciaux, DTS (689,5 millions de dollars (419 milliards de FCFA), soit 175 % de la quote-part) en juillet 2021. A cette époque, l’inflation est restée inférieure à 3,0 %, malgré la hausse des prix des denrées alimentaires. Le déficit budgétaire a été contenu a 3,6% du PIB en 2020, un niveau inférieur à celui de la Loi de finances rectificative (LFR).Une prolongation de 12 mois de ces accords a été approuvée en décembre 2023 afin de donner plus de temps aux autorités pour mettre en œuvre les politiques et réformes.
L’accès aux ressources a été augmenté de 110,4 millions de DTS (145,4 millions de dollars (88,36 milliards de FCFA), soit 40 % de la quote-part). Puis, en janvier 2024, l’accord de 18 mois au titre de la FRD a été approuvé par le Conseil d’administration du FMI pour un montant de 138 millions de DTS (181,7 millions de dollars (110 milliards de FCFA), soit 50 % de la quote-part).
« Le programme en faveur du Cameroun appuyé par la FEC et le MEDC continue à fournir un point d’ancrage solide pour le programme économique des autorités, notamment les mesures visant à assurer une reprise après la pandémie de COVID-19, à rétablir la viabilité budgétaire et extérieure du pays et à amorcer une croissance inclusive tirée par le secteur privé. La FRD appuie les efforts déployés par le Cameroun pour s’adapter au changement climatique et atténuer ses effets, renforcer la participation croissante des partenaires au développement et autres parties prenantes au développement résilient au changement climatique et aider à mobiliser des financements supplémentaires en faveur de l’action climatique », indique un article de l’institution de Bretton Woods.
L’inflation devrait reculer à 5,5% en fin 2024 au Cameroun
Selon le Directeur général adjoint du FMI et Président du conseil d’administration par intérim, Kenji Okamura, la reprise économique consécutive à la pandémie de la COVID-19 s’est poursuivie au Cameroun, malgré un environnement intérieur et extérieur difficile. La croissance économique globale s’est établie à 3,3 % en 2023 selon les estimations de l’institution. Une croissance qui devrait se redresser pour atteindre 3,9 % en 2024. L’inflation s’est modérée pour retomber à 5,9 % à la fin de 2023. Elle devrait continuer à reculer pour atteindre 5,5 % d’ici la fin de l’année 2024.
Dans le pays, les autorités continuent de mettre en œuvre le programme de réformes économiques du Cameroun. À l’avenir, elles devraient accélérer les réformes en matière de gestion des finances publiques, de la promotion de la transformation structurelle et du renforcement des mesures d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets. « Même si les risques de dégradation continuent à prédominer, les perspectives à moyen terme du pays sont favorables. Bien que les résultats dans le cadre du programme soutenu par le FMI aient été mitigés, les accords au titre de la FEC et du MEDC appuient les efforts déployés par les autorités pour préserver la stabilité macroéconomique et mettre en œuvre des réformes prioritaires afin de favoriser une croissance inclusive. Par ailleurs, les autorités sont engagées à mettre en œuvre des mesures correctives pour améliorer la performance du programme et pour accélérer les réformes », a affirmé le directeur général adjoint du FMI, Kenji Okamura à l’issu du Conseil.
Des mesures spéciales pour le pays
Le Conseil d’administration du FMI a approuvé la dérogation au non-respect de deux critères de réalisation concernant le plancher du solde budgétaire primaire non pétrolier à fin décembre 2023 et le plafond zéro continu pour l’accumulation de nouveaux arriérés de paiements extérieurs au motif que le non-respect était mineur et temporaire.
Par ailleurs, le Conseil d’administration a approuvé une dérogation à l’applicabilité de quatre critères de réalisation à fin juin 2024, pour lesquels les données ne sont pas encore disponibles et dont rien n’indique qu’ils n’ont pas été respectés. « Pour préserver la stabilité macroéconomique, il est important de conserver une trajectoire budgétaire en phase avec les objectifs du programme. Cela suppose d’accroître les recettes non pétrolières intérieures et de renforcer la gestion des finances publiques.
Il est indispensable de limiter les dépenses par procédures exceptionnelles pour parvenir à la discipline et à l’intégrité budgétaires », précise Kenji Okamura. Ce dernier a apprécié la volonté des autorités camerounaises d’accélérer la recapitalisation des banques conformément aux règlements de la Cobac et au dispositif d’adéquation des fonds propres de Bâle. « Dans l’optique d’améliorer le climat des affaires et de stimuler une croissance inclusive tirée par le secteur privé, il est essentiel de mettre en œuvre les réformes liées à la gouvernance, de s’attaquer aux risques liés à la corruption et de consolider le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme », précise Okamura.
Les mécanismes FRD, FEC et MEDC
La facilité pour la résilience et la durabilité (FRD) offre un financement abordable et à long terme, permettant à des pays engagés dans des réformes de réduire les risques pour la stabilité future de leur balance des paiements. Notamment, ceux liés au changement climatique et aux pandémies. La Facilité élargie de crédit (FEC) quant à elle, apporte une aide financière à moyen terme aux pays à faible revenu qui connaissent des difficultés prolongées de balance des paiements. La FEC est l’un des mécanismes du Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (Fonds fiduciaire RPC). Le Mécanisme élargi de crédit (Medc) pour sa part, aide les pays dans la mise en œuvre des réformes structurelles à moyen terme. Le Medc prévoit un accompagnement prolongé du FMI à l’appui d’un programme et une période de remboursement plus longue.