Après avoir culminé à 180 000 tonnes en 2023, les importations du Cameroun en huile de palme vont osciller autour de 225 000 tonnes, pour le compte des six prochains mois de l’année 2024. Un volume d’importations jamais atteint par le pays qui, malgré le profond déficit structurel du secteur, s’est toujours limité entre 100 000 et 70 000 tonnes d’importations d’huile de palme.
L’augmentation de ce déficit structurel, de plus de 160 000 tonnes, précise-t-on, est la conséquence d’un accroissement exponentiel des investissements dans la transformation depuis plus de 10 ans, alors que la production de la matière première stagne pratiquement. Comme le rappelle souvent Emmanuel NKoulou Ada, le président du Comité de régulation de la filière des oléagineux,
Le déficit structurel dont nous parlons souvent est un déficit nominal, qui est différent du déficit réel. Ce déficit nominal est calculé sur la base de 50% des capacités des entreprises de transformation. Sur la base des capacités réelles des transformateurs, le déficit est effectivement beaucoup plus important.
Oscillant entre 350 000 et 400 000 tonnes chaque année, la production nationale de l’huile de palme peine à satisfaire la demande locale. Les capacités de production des industries de 2e transformation tournant autour de 500 tonnes par jour. Ce d’autant plus que, ces derniers jours, la production a drastiquement chuté. « La production locale a sérieusement baissé, ces derniers jours », reconnait Jacquis Kemleu, le Secrétaire général de l’Asroc. Avant d’ajouter que
vous ne pouvez pas faire face à une demande de plus d’un million de tonnes avec une production qui effleure les 400 000 à 500 000 tonnes et importer 200 000 tonnes en pensant que c’est beaucoup.
Pour l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (ASROC), ces importations s’avèrent nécessaires pour maintenir inchangés les prix sur le marché national. L’on précise que le prix de 25 500 Fcfa pour le bidon de 20 litres en vigueur depuis décembre 2023 et de 1 500 Fcfa le litre est « maintenu », ceci malgré les cours élevés à l’international. À la clôture de la séance du 9 juillet dernier des cours des matières premières, la tonne d’huile de palme s’est négociée à 869 dollars, soit une variation de +1,24 % par jour, et de +3,14 % par mois.
Un plan de relance peu convaincu du gouvernement
En réponse au déficit structurel criard de la production locale en huile de palme, le gouvernement annonce un plan de relance d’environ 36 millions de dollars US (21,7 milliards de FCFA) pour appuyer le développement de la production d’huile de palme sur la période 2024-2026. Il est question, précise-t-on, avec ce financement de subventionner trois agro-industries de première transformation (CDC, Socapalm, Pamol), en équipements.
L’objectif étant d’assurer la mise à niveau de ces dernières, voire de remplacer leurs unités de transformation afin d’accroître les rendements. Sauf que ce financement pourrait ne pas produire l’effet escompté, au regard de la situation socio-politique actuelle de la zone d’implantation de certaines de ces agro-industries. Une situation qui est en partie responsable de la baisse de production actuelle de ces agro-industries. Et jusque-là, l’instabilité socio-politique responsable de cette situation perdure.
Également, l’on annonce un appui à l’acquisition d’équipements modernes de transformation (35 pressoirs modernes) au profit des coopératives, la régénération/réhabilitation de 5 000 hectares de plantations villageoises et celles des agro-industries, ainsi que la construction de nouvelles unités d’extraction d’huile.
Mais, le gouvernement semble faire la sourde-oreille face à la proposition des industries de ce secteur de bénéficier des facilités d’accès à la terre pour planter elles-mêmes le palmier à huile et booster la production locale en huile de palme. Un plaidoyer est engagé dans ce sens par les membres de l’ASROC. L’on précise que de telles facilités ont été bénéfiques à des pays comme le Gabon, actuellement exportateur d’huile de palme, mais qui, il y a quelques années, était encore importateur d’huile de palme.
L’autre motif d’espoir pour la filière pourrait également être l’interprofession Inter Palm-Cam, créée en décembre 2023, et qui voudrait jouer un rôle crucial dans l’augmentation la production d’huile de palme, tant en quantité qu’en qualité, afin de répondre aux besoins des industries de transformation.