En 2023, le Cameroun a enregistré une baisse des investissements directs étrangers (IDE). Ce pays de l’Afrique centrale n’a capté que 799 millions de dollars, soit 490 milliards de francs CFA. C’est ce qui ressort du dernier rapport sur les investissements dans le monde, publié en juin dernier par la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) et relayé par le Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam), dans sa note économique du mois de juin 2024. L’année dernière, le volume des IDE du Cameroun était en baisse de 15,87% comparé à celui de l’année précédente, d’après le CNUCED.
A l’échelle de la Cémac, le Cameroun clôture le top 3 des destinations des IDE en 2023, loin derrière le Gabon et le Tchad. En effet, alors que le volume des investissements directs étrangers recule au Cameroun en 2023 en glissement annuel, l’enveloppe augmente de 46 millions de dollars au Gabon, et de près de 300 millions de dollars au Tchad,
analyse le Gecam.
C’est la deuxième année consécutive que le pays de l’Afrique centrale voit dégringoler l’enveloppe des investissements directs étrangers. Déjà en 2022, le pays n’en avait capté que 889 millions de dollars (532,2 milliards de francs CFA). Cette année là aussi, les IDE affichaient une baisse de 7,7% soit 74,3 millions USD en valeur absolue (44,8 milliards de francs CFA).
Cependant, cette contre-performance de 2022 était éclipsée par le fait que les 889 millions de dollars représentaient la troisième enveloppe la plus importante sur les cinq dernières années, après les records de 2019 (992,7 millions USD, soit 598 milliards de F CFA) et de 2021 (957,8 millions USD, soit 577 milliards de F CFA), et la plus grande baisse enregistrée en 2020 (471,4 millions USD, soit 284 milliards de francs CFA).
En 2022, la Cemac captait 3,6 milliards USD contre 4,1 milliards USD en 2021
Elle était également relativisée par le fait que l’ensemble des six pays de la sous-région (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, République centrafricaine et Tchad) connaissaient toutes des fortunes diverses, enregistrant une baisse globalement estimée à 498,036 millions USD (300 milliards de francs CFA). En 2022 en effet, le tableau des IDE à l’échelle de la sous-région affichait 3,6 milliards de dollars, soit 2 156 milliards de francs CFA contre 4,1 milliards USD (2 455 milliards de francs CFA) en 2021.
La CNUCED justifiait la baisse enregistrée en 2022 par le contexte mondial, marqué alors par la guerre russo-ukrainienne, mais aussi par le poids écrasant de la dette sur les États du monde. Sauf que les autres pays ont réussi à s’accommoder à cette conjoncture internationale. En témoigne le relèvement du volume des IDE des deux pays voisins que sont le Gabon et le Tchad.
La Chine, premier investisseur du Cameroun, a mobilisé (3 milliards de dollars US) 1850 milliards Fcfa en 14 ans
Le tableau d’honneur du premier pays mobilisateur des IDE en faveur du Cameroun revient à la Chine, ainsi que le soulignait il y a trois ans un document de la présidence camerounaise, citant la Cnuced :
Entre 2000 et 2014, le Cameroun a capté (4,565 milliards de dollars US) 2750 milliards de francs CFA d’investissements directs étrangers dont (3 milliards de dollars US) 1850 milliards de francs CFA provenant de la Chine. Ce qui représentait environ 67% des IDE entrant au Cameroun (… ) Les autres IDE provenaient des pays tels que la France, les États-Unis, le Nigeria.
Le ralentissement persistant dans la dynamique des investissements directs étrangers est un mauvais signal pour le Cameroun, « poumon économique » de la sous-région. D’autant que le pays s’est fixé le cap de 2035 pour atteindre le statut de pays émergent, ce alors même que sa croissance stagne.
Bien plus, au-delà de la justification avancée par la CNUCED, le Groupement des entreprises du Cameroun a longtemps décrié le climat des affaires peu favorable aux investissements dans ce pays. Parmi les pesanteurs et goulots d’étranglement relevés, on peut énumérer le difficile accès au foncier, le poids de la fiscalité et, par-dessus tout, la corruption sans cesse galopante.