La firme britannique d’audit et de conseil s’est retirée de la Côte d’Ivoire ; du Cameroun ; du Gabon ; de la République Démocratique du Congo ; du Congo ; de Madagascar ; de la Guinée ; du Sénégal ; de la Guinée équatoriale et du Tchad. Cette décision a été rendue publique, le 31 mars 2025. Les bureaux PwC de dix pays d’Afrique francophone ne font plus partie du réseau mondial PricewaterhouseCoopers (PwC). Derrière cette rupture, des tensions internes et des divergences stratégiques majeures. Selon Africa Intelligence, des désaccords profonds ont émergé entre PwC International Limited (PwCIL) et les bureaux africains francophones sur les conditions d’exploitation de la marque et la gouvernance du réseau. Des critiques récurrentes sur la conformité aux standards internationaux, la gestion des ressources humaines et la transparence financière ont fragilisé la relation.
L’un des points de friction majeurs concernait la gestion de Mme Nadine Tinen, ex-responsable des activités PwC en Afrique francophone. Son leadership contesté aurait accentué les dissensions entre associés et entamé la confiance du siège mondial.
Un impact considérable sur le marché du conseil et de l’audit
Le retrait de PwC d’Afrique francophone constitue un tournant pour le secteur du conseil et de l’audit dans la région. Cette décision pourrait profiter aux autres géants du secteur Deloitte, EY et KPMG qui pourraient renforcer leur présence sur ce marché stratégique. De leur côté, les cabinets locaux auront une opportunité unique de se positionner comme des alternatives crédibles, en proposant des services mieux adaptés aux réalités africaines. Toutefois, l’absence d’une marque aussi prestigieuse que PwC pourrait inquiéter certains investisseurs et grandes entreprises, attachés à la garantie de standards internationaux.
Un marché africain en pleine mutation
L’Afrique subsaharienne francophone représente un marché en forte expansion pour le conseil et l’audit. En 2020, Deloitte estimait la valeur de ce secteur entre 300 et 400 millions d’euros (environ 262 milliards de FCFA). Les secteurs les plus demandeurs incluent les services financiers, la santé, l’énergie et l’environnement, tandis que la transformation numérique et l’innovation jouent un rôle croissant. Cependant, le retrait de PwC soulève des interrogations : le modèle de partenariat local adopté par la firme était-il réellement viable sur le long terme ? Certains observateurs y voient un recentrage stratégique sur des marchés plus rentables et mieux maîtrisés, comme l’Afrique anglophone et le Maghreb.
La firme maintient ses activités en Afrique anglophone, où elle conserve sept bureaux sous son enseigne. Son pôle de Casablanca, au sein de la place financière CFC, reste un point d’ancrage stratégique pour le continent. Cette réorganisation marque néanmoins une rupture significative dans la stratégie africaine de PwC, qui semblait pourtant renforcer sa présence ces dernières années. En 2024, la firme avait encore investi 200 millions de dollars pour étoffer ses activités en Afrique francophone, notamment en ouvrant un pôle de conseil stratégique au Cameroun.
La sortie de PwC de l’Afrique francophone marque un profond bouleversement dans le secteur du conseil et de l’audit. Entre tensions internes et réajustement stratégique, ce retrait pourrait redistribuer les cartes au profit des cabinets concurrents et des acteurs locaux. Reste à savoir si cette réorganisation profitera au marché ou si elle fragilisera l’attractivité de la région pour les grandes entreprises internationales.