Le Cameroun est donc pionnier en Afrique dans la recherche appliquée en matière de qualité du cacao. Ce qui se faisait seulement en Amérique latine est désormais une réalité au Cameroun. Et, le Centre de recherche appliquée, ONCC/COOKO GMBH, situé à Ntui, dans le département du Mbam et Kim, région du Centre, un fleuron de l’innovation dans le traitement post-récolte du cacao camerounais, en est une parfaite illustration.
« La société COOKO utilise le GPS pour localiser et enregistrer les plantations des cacaoculteurs, ce qui est un élément important pour que le cacao de ces plantations soit exporté », a expliqué Ferdi Van Heerden, CEO du Centre de recherche. Ce système de géolocalisation précis répond directement aux nouvelles exigences de traçabilité imposées par les marchés internationaux.
Une approche innovante
Le modèle développé par COOKO va bien au-delà de la simple cartographie. Ce Centre a mis en place un circuit court, mais particulièrement efficace, explique-t-on : les producteurs vendent leur cacao fraîchement récolté directement à COOKO, qui en assure le pesage immédiat. Le paiement, calculé selon les cours du marché international et les barèmes établis par l’Office National du Cacao et du Café (ONCC), est instantanément versé sur le compte mobile du producteur, via les plateformes MoMo ou Orange Money.
Cette approche révolutionnaire élimine de nombreux intermédiaires traditionnels et génère une valeur ajoutée substantielle pour les cacaoculteurs. COOKO pousse l’innovation plus loin en prenant également en charge le transport du cacao, et en fournissant des fûts adaptés pour garantir une qualité optimale du produit. « Pendant plusieurs années, nous avons observé les challenges relatifs à la durabilité du cacao dans les pays producteurs en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana. Nous avons constaté que l’avenir du cacao repose sur l’innovation qui peut être faite autour de ce produit », précise Ferdi Van Heerden.
La visite de ce laboratoire d’excellence par le ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, dans le cadre de la campagne cacaoyère 2024-2025, aura donc permis d’apprécier un processus intégré, allant du cacaoyer à la tablette de chocolat, en passant par des techniques de fermentation optimisées. Une chaîne de valeur complète qui garantit un produit final d’exception. « Jour après jour, nous voyons que l’émergence est présente dans le secteur du cacao au Cameroun. Nous avons vu un Centre zéro défaut avec un cacao d’excellence. Et, ça montre ce que le Cameroun sait faire », s’est-il réjoui au terme de sa visite.
Dupliquer ce modèle dans d’autres bassins de production
Pour le membre du gouvernement, le véritable défi consiste désormais à dupliquer ce modèle d’excellence dans l’ensemble des bassins de production du Cameroun. « Nous avons besoin d’avoir une production camerounaise toute homogène, nous devons avoir un standard de qualité au Cameroun de manière à ce que lorsqu’un industriel ou un chocolatier achète notre cacao, qu’il puisse être identifié comme un cacao terroir Cameroun », a-t-il martelé. Cette vision stratégique pourrait, à terme, repositionner fondamentalement le cacao camerounais sur l’échiquier mondial. « Notre pays peut être un terroir unique, si on a la possibilité d’étendre ce type d’expérience. Et à ce moment-là, le débat sur les prix du cacao deviendra un débat subsidiaire, parce que la qualité à elle seule va faire la différence », a précisé Luc Magloire Mbarga Atangana.
Dans un contexte mondial marqué par des exigences accrues en matière de durabilité, de traçabilité et de responsabilité sociale, le modèle développé par l’ONCC et COOKO GMBH pourrait bien constituer la pierre angulaire d’un renouveau durable de la cacaoculture camerounaise, conciliant innovation technologique, équité économique et excellence qualitative.
