Près de trois quarts des transactions mondiales via Mobile Money sont effectuées sur le continent africain. En 2024, ce sont plus de 81 milliards d’opérations qui y ont été enregistrées, représentant un volume financier colossal de 1 100 milliards de dollars. Une croissance spectaculaire de 22% en volume et 15% en valeur par rapport à l’année précédente.
Une adoption poussée par les réalités africaines
Ce succès fulgurant s’explique d’abord par le développement d’un vaste réseau d’agents Mobile Money, qui assurent une présence locale forte, et un lien de confiance direct avec les usagers. En 2024, 28 millions d’agents étaient enregistrés à travers le monde, dont 77 % en Afrique subsaharienne. Parmi eux, 10 millions sont actifs chaque mois, preuve d’un service devenu incontournable dans la vie quotidienne. Autre levier fondamental dans de nombreuses régions du continent, les services bancaires classiques restent peu accessibles, notamment en milieu rural. C’est dans ce vide que le Mobile Money a trouvé un terreau fertile, en proposant une alternative simple, rapide et accessible via téléphone mobile, outil déjà massivement adopté sur le continent. « Le Mobile Money est un moteur de transformation. Il apporte des solutions concrètes aux populations et accélère l’inclusion financière », souligne Ashley Olson Onyango responsable inclusion financière et AgriTech à la GSMA.
Des géants du secteur comme M-Pesa au Kenya, MTN MoMo ou encore Orange Money ont su inspirer confiance aux utilisateurs, parfois bien plus que les banques traditionnelles. À cela s’ajoutent des politiques publiques favorables, comme au Kenya, Ghana, Ouganda ou Tanzanie, où les régulateurs ont accompagné l’essor du Mobile Money, sans freiner l’innovation.
Une impulsion économique majeure
Derrière cette dynamique technologique, c’est l’économie africaine tout entière qui en tire bénéfice. D’après le dernier rapport de la GSMA, le Mobile Money aurait contribué à hauteur de 190 milliards de dollars au PIB régional en 2023, soit jusqu’à 5% du PIB dans certains pays comme le Bénin ou la Côte d’Ivoire.
Mais l’impact dépasse les frontières africaines. Les services de Mobile Money à l’échelle mondiale ont permis de traiter près de 1 700 milliards de dollars en 2024, avec des usages de plus en plus variés : paiements marchands ; règlement de factures ; envois de fonds transfrontaliers, ou encore distribution de salaires. Globalement, il a injecté 720 milliards de dollars supplémentaires dans les économies des pays utilisateurs. Le Mobile Money n’est pas seulement un outil financier : il est désormais perçu comme un moteur de développement durable. Il contribue aujourd’hui à 15 des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) fixés par les Nations Unies, un chiffre en constante progression. Selon Ashley Olson Onyango, responsable inclusion financière et AgriTech à la GSMA, améliorer l’interopérabilité permettrait « de fluidifier les actifs numériques et d’aligner les objectifs des gouvernements vers une économie sans cash ».
En facilitant l’accès aux services financiers, en réduisant la pauvreté et en dynamisant l’économie numérique, le Mobile Money s’impose comme un pilier central de l’avenir africain. Loin d’être un simple phénomène technologique, il redéfinit les règles de la finance, de l’inclusion et de l’innovation.