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CEMAC : réserves en devises, réglementation et industrialisation au cœur de la Finance Week 2025

La Finance Week s’impose progressivement comme une plateforme annuelle incontournable de dialogue économique en Afrique centrale. La troisième édition, tenue le 17 juin 2025 à Yaoundé, a réuni près de 400 participants venus échanger sur un enjeu central : la réglementation des changes et son impact sur le développement économique de la zone CEMAC.

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Finance Week 2025

Réunissant des acteurs du secteur public, privé, universitaire et communautaire, cette édition, organisée au Star Land Hôtel de Yaoundé, a porté sur un thème au cœur de l’actualité économique sous-régionale : « Nouvelle réglementation de changes et développement économique en zone CEMAC ». Plus qu’un simple forum, l’événement s’est imposé comme un espace de réflexion collective et de propositions concrètes, à l’heure où la question des devises devient cruciale pour les économies d’Afrique centrale.

Depuis sa création en 2023, la Finance Week s’impose comme une plateforme régionale de dialogue, d’analyse et de perspectives, qui accompagne la transformation de notre industrie financière, renforce les synergies des acteurs et propose des solutions concrètes aux défis économiques de notre espace commun,

indique Emile Fidjeck, PDG du journal Eco Matin et promoteur de l’événement.

La réglementation des changes dans la zone CEMAC, réformée en 2018 et mise en application à partir de mars 2019, demeure un sujet de débat technique majeur. Bien qu’elle vise une meilleure gestion des flux de capitaux et des réserves en devises, cette réforme peine à convaincre l’ensemble des acteurs économiques de son efficacité. Son importance est telle qu’elle a été au cœur des discussions du dernier sommet des chefs d’État de la CEMAC, tenu en décembre 2024 à l’initiative du président camerounais Paul Biya.

Au cours de cette rencontre, les six États membres ont reconnu l’urgence d’adopter des mesures face à l’érosion continue des réserves de devises, nourrissant ainsi la crainte d’une éventuelle dévaluation du franc CFA. Six ans après sa mise en œuvre, la réforme enregistre des avancées notables dans le secteur bancaire, mais sa mise en application reste encore incomplète, notamment auprès des entreprises, des opérateurs du secteur minier et des particuliers. Entre exigences réglementaires complexes et réalités économiques locales contraignantes, les résistances persistent.

Les opérateurs économiques se plaignent certes, mais en réalité, c’est une question d’appropriation. Beaucoup ne maîtrisent pas encore la réglementation des changes. Les dossiers sont rejetés du fait de leur incomplétude. Il y a des importateurs qui n’apurent pas les dossiers d’importations,

explique Yvon Sana Bangui, gouverneur de la BEAC.

Au cours des différents panels, les experts ont souligné que cette réglementation n’est pas qu’un simple mécanisme administratif. Elle est étroitement liée à la disponibilité des devises étrangères, et donc à la capacité d’importation des pays de la sous-région. Or, dans un espace comme la CEMAC, où la dépendance aux importations reste structurelle, cette question prend un relief particulier. Les données disponibles révèlent que les réserves de devises actuelles ne couvrent que 4,6 mois d’importations, un seuil jugé critique.

Risques croissants de fraudes transfrontalières

À travers cette édition, les organisateurs ont souhaité poser un diagnostic lucide, pluraliste et pragmatique de la situation. L’événement a aussi été l’occasion d’un rappel fort du gouvernement face aux risques croissants de fraudes transfrontalières. Alors que la fuite illicite des capitaux reste un frein majeur à la stabilité économique, les autorités appellent à une mobilisation collective de tous les acteurs de l’écosystème financier, afin de renforcer les contrôles et construire un système plus transparent et plus résilient.

Notre objectif commun est de faire du partenariat de rapatriement de devises un outil de confiance, de stabilité et de prospérité partagée,

souligne Gilbert Didier Édoa, représentant du ministre des Finances.

La troisième édition de la Finance Week s’est également démarquée par plusieurs innovations majeures, traduisant la volonté de faire de l’événement un véritable carrefour d’idées et d’initiatives concrètes. Un des temps forts a été la signature d’un contrat tripartite entre la Campost, la fintech Findme et la CCA Bank, symbolisant la montée en puissance des synergies entre acteurs publics et privés, au service de la bancarisation et de la traçabilité financière.

Autre moment marquant : la remise de distinctions à plusieurs entreprises performantes, notamment Prometal Groupe, doublement primé pour son ancrage local dans la transformation industrielle, sa réactivité face à la demande nationale et sa contribution à la création d’emplois. Des distinctions qui illustrent le rôle moteur du secteur privé dans le développement économique régional.

Cela nous encourage davantage à faire progresser l’industrie. La zone CEMAC, et le Cameroun en particulier, devraient être fortement industrialisés dans les années à venir. Nous y croyons. Nous avons une population de 60 millions d’habitants qui a besoin de produits fabriqués localement. Le groupe Prometal met l’accent sur quelque chose de très important : la transformation de la matière première locale. Nous ne pouvons pas continuer à exporter notre matière première pour ensuite la réimporter en produit fini. Cela n’a pas de sens,

confie Hayssam El Jammal, PDG de Prometal Groupe.

Dans un contexte où la stabilité monétaire est intimement liée à la solidité des politiques financières nationales, cette édition rappelle que les réformes ne peuvent réussir sans dialogue, sans pédagogie, ni sans adaptation aux réalités économiques locales. Portée par le journal EcoMatin, la Finance Week s’installe progressivement comme un événement de référence pour les décideurs économiques d’Afrique centrale.

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