Une vision budgétaire rigoureuse pour 2026. Le gouvernement gabonais marque une étape décisive dans la gestion des finances publiques.
Budget d’investissement : Pour 2026, les enveloppes allouées se montent à environ 3 204 milliards de FCFA pour les projets de développement, et à 177 milliards FCFA pour les équipements.
Écart entre besoins et plafonds : Un déficit d’environ 725,65 milliards FCFA est identifié, soulignant le besoin d’améliorer la maturité des projets soumis.
Priorisation : Seuls les projets déjà engagés et mûrs seront poursuivis ou lancés. La finalité est de maximiser le rendement des ressources allouées.
Cadre juridique et transparence : La loi de finances 2026 devra respecter les principes de modernité, de transparence, de justice sociale, et d’efficacité économique.
Planification, prospective, et gouvernance publique
L’un des aspects marquants du communiqué est la forte insistance sur la prospective et la planification à moyen/long terme.
Le Conseil entend structurer les investissements et les dépenses dans le cadre d’une vision stratégique nationale, en lien avec les objectifs de développement durable.
Une attention particulière a été portée à la gouvernance administrative : instauration ou renforcement des conseils de discipline, devoir de réserve, neutralité des agents publics, fin des maintiens en activité des agents ayant atteint l’âge limite, dans le but de libérer des postes budgétaires.
Les règles d’engagement et d’exécution budgétaire sont renforcées, notamment via des modifications législatives pour encadrer plus strictement les engagements financiers de l’État.
Mines, industrie, transformation locale : grande poussée
Le secteur minier et industriel se trouvent au centre des nouvelles orientations.
Exportation du manganèse brut : Dès le 1er janvier 2029, l’exportation du manganèse brut sera interdite. Tous les opérateurs concernés (recherche, exploitation, commercialisation) devront passer par la transformation locale. Une période transitoire de plusieurs années (2025-2028) est prévue pour permettre la mise en conformité.
Société Nationale des Agrégats : Création d’une entreprise publique dédiée à l’exploration, l’exploitation, la transformation et la commercialisation des agrégats, avec pour mission prioritaire d’approvisionner les projets publics.
SOGELIM : Adoption des statuts de la Société de gestion de la logistique et des infrastructures minières (SOGELIM), afin d’assurer davantage de maîtrise publique sur les infrastructures minières et la chaîne logistique de ce secteur.
Autonomie économique : Une mesure importante — l’arrêt prochain de l’importation de certaines matières premières, comme le clinker (composant essentiel du ciment), pour relancer la production locale. Cela renforce l’ambition d’une industrialisation davantage tournée vers l’intérieur.
Conséquences et défis
Ces décisions ouvrent plusieurs enjeux à venir :
Financiers : Le pays devra mobiliser des ressources suffisantes (recettes fiscales, partenariats privés/publics, financements extérieurs) pour financer les infrastructures de transformation locale, la modernisation industrielle, et pour combler les déficits entre besoins et plafonds budgétaires.
Techniques et industriels : Les entreprises doivent être prêtes à investir, à moderniser ou construire des unités de transformation, répondre aux normes, s’adapter aux exigences environnementales et de chaîne logistique.
Ressources humaines : La mise en place de la gouvernance promet de libérer des postes, mais aussi de renouveler les compétences. Il faudra assurer la formation, la technicité, et la capacité de gestion des nouveaux équipements / processus.
Transparence & responsabilité : L’imposition d’une rigueur dans les dépenses publiques, la discipline dans la fonction publique, l’obligation de neutralité, etc., nécessitent des mécanismes de contrôle solides et la mise en place d’instances de suivi crédibles.
Le communiqué du 08 septembre 2025 marque un tournant clair, le Gabon met en œuvre une stratégie qui lie discipline budgétaire, planification prospective, et industrialisation locale. En interdisant l’exportation du manganèse brut, en relançant la production locale de matières premières essentielles, en restructurant les logistiques minières, et en imposant une rigueur financière et administrative, le gouvernement ambitionne de bâtir une économie plus souveraine, plus durable, mieux ancrée dans les réalités nationales.