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Réforme COBAC : quelles stratégies pour les 80% de banques au Cameroun face au nouveau capital ?

Le secteur bancaire camerounais se trouve à un carrefour critique. Dans le cadre du relèvement des exigences de capital minimum imposé par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC), seules quatre banques du pays respectent déjà les nouveaux seuils fixés, laissant quinze autres institutions sous pression pour se conformer avant juin 2026. 

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Ce changement, qui s’inscrit dans une réforme régionale majeure visant à renforcer la résilience et la stabilité du système financier en zone CEMAC, a été acté lors d’une session extraordinaire à Libreville.

 Qu’est-ce qui change concrètement ?

À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, le capital social minimum exigé pour les banques opérant dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) passe de 10 à 25 milliards FCFA. Pour les établissements financiers, ce plancher est porté de 1 à 4 milliards FCFA. 

Ce relèvement drastique, jamais opéré depuis plus de 15 ans, répond à une double volonté :
Renforcer la capacité d’absorption des pertes des banques face aux chocs économiques ;
  améliorer leur capacité de financement de l’économie réelle dans un environnement marqué par l’inflation, les risques mondiaux et la fragilité de certains secteurs. 

Une conformité encore lointaine pour la majorité des banques

Sur les 19 banques commercialement actives au Cameroun, seulement quatre ont déjà atteint le nouveau seuil de capital exigé par la COBAC.  Cela signifie que une écrasante majorité des établissements  près de 80 % du secteur bancaire national  doivent mobiliser d’importantes ressources financières pour se conformer à la nouvelle norme.
Les banques concernées ont désormais jusqu’au 30 juin 2026 pour soumettre des plans détaillés de recapitalisation à la COBAC. Ces stratégies pourront passer par différents leviers :

  • apports additionnels des actionnaires ;
  • ouverture du capital à de nouveaux investisseurs ;
  • incorporation des réserves ou des bénéfices non distribués ;
  • ou encore des fusions-acquisitions pour atteindre collectivement le seuil requis.

 Pourquoi cette exigence est-elle un choc pour le Cameroun ?

La situation révèle plusieurs enjeux structurels du système bancaire camerounais :
Une capitalisation historique faible
L’ancien seuil, très bas (10 milliards FCFA), n’avait pas été révisé depuis des années, malgré l’évolution profonde des économies locales et des risques financiers. La plupart des banques ont donc bâti leurs modèles sur une assise de capital relativement modeste.

 Un monde financier en mutation

Dans un contexte où les économies régionales cherchent à attirer des financements internationaux et à répondre aux standards prudentiels, cette réforme aligne la CEMAC sur une norme plus ambitieuse que même certaines zones régionales voisines, comme l’UEMOA (20 milliards FCFA depuis 2024).

Risques de consolidation forcée

Les banques qui ne parviendront pas à mobiliser le capital requis risquent d’être rachetées, fusionnées ou marginalisées, suscitant une recomposition profonde du paysage bancaire camerounais. Ce mouvement pourrait se traduire par une concentration du secteur autour de grandes institutions bien capitalisées, mais aussi par une réduction de la diversité bancaire pour les PME et les particuliers si les acteurs locaux plus petits disparaissent.

 Une transition sous tension

Si cette réforme est pensée pour renforcer la fiabilité du système financier régional, elle présente un double défi pour les banques camerounaises :
 atteindre une cible de capital élevée en un délai relativement court ;
 sans fragiliser leur capacité à financer l’économie locale, notamment les PME et les ménages.

Cette dynamique pourrait bien être un accélérateur de fusion et de consolidation, mais aussi une preuve de stress pour les banques qui dépendaient jusque-là d’une base de capital fragile.

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