Les revenus du divertissement et des médias ont augmenté en Afrique du Sud, au Nigeria et au Kenya depuis 2021, selon un rapport du cabinet de conseil PwC, cité par le magazine New African, publication du 23 mars dernier signée Charlie Mitchel. Meta, le propriétaire de Facebook, a déclaré à PwC que son projet de « métavers » de réalité virtuelle pourrait contribuer à hauteur de 40 milliards de Dollars aux économies de l’Afrique subsaharienne d’ici 2032. Selon Disrupt Africa, les startups africaines du divertissement ont enregistré leur meilleure année de financement en 2020, en levant 13,9 millions de Dollars, principalement auprès de sociétés de capital-risque.
Mordor Intelligence, spécialisé dans l’intelligence économique et le conseil a fait une étude du marché africain du divertissement et des télécommunications intitulée Le marché africain du divertissement et des télécommunications en Afrique-croissance, tendance, impact du Covid-19 et prévisions (2023-2028). On y apprend que le marché africain du divertissement et des télécommunications connaîtra une croissance de 11,2 % au cours des 5 prochaines années.
Alors que la plupart des marchés africains devraient connaître une croissance des revenus de la vidéo en ligne, souligne l’étude, la croissance de la consommation numérique de la région est parmi les plus élevées au monde. Une importante population de jeunes, une connectivité mobile qui s’améliore rapidement et un flot de nouvelles plateformes de streaming sur le marché stimuleront cette croissance.
En conséquence, la part du numérique dans les revenus de la vidéo augmentera, entraînant la croissance du marché du divertissement en Afrique. 264 Cru, Sony Music, Iflix, MTN Nigeria Communications PLC, Safaricom sont les principales sociétés y opérant.
En outre, la pénétration des smartphones ainsi que le faible tarif des données, les investissements dans le contenu numérique original et régional, sont quelques-uns des facteurs favorables à l’accès numérique et à la fourniture de contenu, respectivement, pour stimuler la consommation en ligne dans l’industrie des médias et du divertissement.
Par exemple, plus de 290 millions de personnes en Afrique du Nord utilisent des téléphones portables. Le marché de la téléphonie mobile dans la région génère 90 milliards de dollars par an,
relève l’étude de Mordor Intelligence. Autre élément ressortant de l’étude, l ‘Afrique est la seule région du monde où la population de jeunes est en augmentation.
D’ici 2050, les jeunes africains, c’est-à-dire ceux âgés de 0 à 24 ans, augmenteront de près de 50 %. L’Afrique comptera le plus grand nombre de jeunes. La jeunesse africaine est essentielle pour l’avenir du continent en ce qui concerne la consommation des services de divertissement et de télécommunication dans son ensemble. Les smartphones deviennent les appareils les plus pratiques pour accéder à divers types de divertissement, car le nombre de personnes possédant un smartphone augmente à un rythme rapide.
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Le rapport de PwC affirme que 79,7 % des revenus du divertissement et des médias en Afrique du Sud d’ici 2026 proviendront de la publicité des annonceurs sur internet, les consommateurs passant de plus en plus de temps en ligne. « Au cours des cinq à dix prochaines années, la concurrence se jouera probablement entre Google et Facebook, d’une part, et Netflix ou Amazon Prime, d’autre part, plutôt qu’entre Netflix et le diffuseur public local », prédit une experte, citée par le magazine New African.
New African cite d’autres secteurs du divertissement bien placés pour connaître une croissance rapide, « le streaming musical et vidéo, dont la croissance des revenus d’ici 2026, devrait dépasser celle des abonnements à la télévision traditionnelle sur les marchés les plus importants d’Afrique ». Au Kenya, par exemple, les recettes du streaming devraient s’élever à 8,8 millions de dollars en 2026, tandis que les recettes des abonnements télévisés atteindront 420 millions Dollars, selon PwC. De même, la diffusion de musique en continu est l’élément qui connaît la croissance la plus rapide sur le marché nigérian de la musique.
Les créateurs africains de contenus sur les réseaux sociaux se sont démultipliés sur Instagram, Facebook, TikTok. Les YouTubers, les sportifs, les musiciens, les acteurs, les jeux mobiles, les arts visuels, l’animation drainent des millions d’abonnés et de Followers. Selon New African, les géants de la technologie savent que le prochain milliard d’utilisateurs viendra d’Afrique, ils investissent massivement dans l’infrastructure internet du continent.
La 5G
L’arrivée de la 5G va augmenter la vitesse d’internet et réduire les coûts. Selon l’organisation de l’industrie des réseaux mobiles GSMA, seuls 28 % des Africains subsahariens étaient connectés à l’Internet à la fin de 2020.
L’amélioration de la pénétration de l’Internet, la possession de smartphones, les paiements en ligne et les outils de monétisation ont permis aux créateurs africains d’accéder au marché mondial en ligne. Pendant la pandémie du Covid-19, des plateformes telles qu’Instagram et YouTube ont mis à la disposition des créateurs africains des outils de monétisation, tels que les paiements mobiles et les publicités.
Déjà en juillet 2015, Marie Simone Ngane appréhendait bien les atouts du marché émergent du divertissement et des médias en Afrique :
Depuis 2014, 1 Africain sur 3 fait partie de la classe moyenne. Les performances économiques du continent ont permis de faire éclore un nombre important de jeunes cadres, d’entrepreneurs et un retour important d’anciens expatriés. Cette classe moyenne qui réussi à subvenir à la plupart de ses besoins primaires a besoin de divertissements pour s’épanouir. Sur la partie anglophone du continent, l’offre en matière de divertissement est variée. Nollywood et Ghallywood ont conquis le continent. Les fashion weeks se multiplient, les galeries d’art mettent en avant des artistes contemporains. L’Afrique anglophone a un pas d’avance concernant le divertissement,
analysait-elle dans Inspire Afrika Magazine, juillet 2015.
Et l’Afrique francophone ?
Il y a une niche de consommation à exploiter, mais avant de pouvoir prétendre à une place sur la scène internationale, notait la chroniqueuse, l’industrie du divertissement en Afrique francophone doit construire des bases que ce soit pour la qualité du produit ou pour sa distribution.
La mutation est donc profonde dans l’industrie du divertissement et des médias en Afrique. La chaîne de valeur de l’ensemble des acteurs est bouleversée. Les audiences grimpent en flèche. Cette tendance est durable selon quasiment toutes les prévisions. L’industrie du divertissement et des médias est sur une voie ascendante.