Si le Kenya avait déjà envoyé en 2018 dans l’espace un nanosatellite dénommé « 1KUNS-PF », cette fois, la locomotive de l’Afrique de l’Est vient de mettre sur orbite, au matin du 11 avril 2023, son premier satellite opérationnel.
Conçu et mis au point par une équipe de chercheurs kényans, « Taifa-1 » qui signifie « Nation-1 » en swahili vient d’être lancé dans l’espace depuis les États-Unis, sur la base californienne de Vandenberg. L’engin a été placé sur orbite par la fusée Falcon 9 de SpaceX – l’entreprise américaine d’Elon Musk.
D’après les autorités kenyanes, le premier motif de cette aventure est d’ordre environnemental. En effet, après quelques saisons des pluies préoccupantes, des températures moyennes en hausse et, in fine, une sécheresse d’une intensité inédite depuis quarante ans, le satellite aura pour mission, selon le communiqué officiel, de fournir « des données (…) précises et régulières », utiles notamment dans les « domaines de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, de la gestion des ressources naturelles et des catastrophes et de la surveillance de l’environnement ».
Grâce aux images satellitaires, un système d’alerte peut notamment prévoir les catastrophes provoquées par la sécheresse et accélérer ainsi l’intervention des programmes d’urgence. Bref, « Taifa-1 » permettra d’avoir des données utiles dans les domaines de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, de la gestion des ressources naturelles et des catastrophes ainsi que de la surveillance de l’environnement.
Le journaliste Olivier Sanguy explique l’enjeu de cette aventure spatiale :
C’est une histoire de souveraineté de données. On est dans un monde de données. Ce satellite va envoyer des données sur le territoire du Kenya et le Kenya va les exploiter. C’est un petit satellite assez simple. Il fait 30 centimètres de longueur sur 10 centimètres de large, mais il a une caméra que l’on appelle multi-spectrale. On montre des images et les couleurs, en gros, donne l’état de végétation, l’état de l’humidité des sols. Cela permet de prendre des décisions régaliennes, c’est-à-dire où est-ce qu’on doit développer l’agriculture, où est-ce qu’il faut mettre plus d’eau, moins d’engrais
, analyse-t-il sur france info.
En outre, il s’agit d’une
étape importante pour le programme spatial du Kenya et devrait contribuer de manière significative à stimuler la croissance du développement des satellites, de l’analyse et du traitement des données et des capacités de développement d’applications de l’économie spatiale naissante du Kenya,
se félicitent le ministère de la Défense et l’agence spatiale kényane.
Par ce lancement historique, le Kenya entre ainsi dans le club très fermé des pays africains ayant des satellites en orbite. Ce pays, à en croire le Figaro, suit de près le lancement de « PearlAfricaSat1 » en Ouganda en novembre 2022. Jusqu’à présent, au moins 15 pays africains, dont l’Égypte, l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Nigeria et le Ghana, ont lancé des satellites dans l’espace.
Il y a également 125 nouveaux satellites en cours de développement d’ici à 2025 par 23 pays africains. Il est prévu, toujours d’après le Figaro, que le marché spatial africain pèse plus de 10 milliards de dollars en 2024. Et, comme l’Égypte a été le premier pays du continent à envoyer un satellite dans l’espace en 1998, l’Union africaine (UA) a récemment installé l’Agence spatiale africaine (AfSA) au pays des Pharaons dans le but de mieux encadrer et encourager les collaborations entre États africains dans cette conquête africaine de l’espace.