Pour retrouver son élan de croissance, l’Afrique subsaharienne est confrontée à un défi particulier, surmonter le ralentissement prolongé de la croissance des investissements dans cette partie du continent. La croissance de l’investissement en Afrique subsaharienne est tombée de 6,8 % en 2010-2013 à 1,6 % en 2021, avec un ralentissement plus marqué en Afrique de l’Est qu’en Afrique de l’Ouest, indique le rapport du bureau de l’économiste en chef de la région Afrique à la Banque mondiale, dans le numéro Africa’s Pulse d’avril 2023, volume 27. La croissance des investissements devrait ainsi rester modeste et inférieure au taux de croissance moyen des investissements au cours des deux dernières décennies.
Le rapport présenté comme une analyse des enjeux façonnant l’avenir économique de l’Afrique explique que la forte décélération de la croissance des investissements a été généralisée dans toutes les sous-régions, dans les pays, qu’ils soient riches ou pauvres en ressources, et parmi tous les types d’investisseurs, qu’ils soient publics, privés ou étrangers. Les pays de la région riches en pétrole ont ainsi connu la baisse de l’investissement la plus importante et la plus persistante, contrairement aux pays pauvres en ressources, qui affichent une baisse de l’investissement plus modérée.
Les taux de croissance des investissements publics, privés ou étrangers sont restés inférieurs à leurs moyennes à long terme pendant la plupart des années de la dernière décennie, apprend-on. Alors que l’investissement privé national a connu une légère baisse au fil du temps, l’investissement direct étranger s’est contracté au cours de la période 2016-2021.
En revanche, les envois de fonds ont bien résisté aux différents chocs survenus au cours de la dernière décennie, y compris celui de la pandémie,
précise le rapport du bureau de l’économiste en chef.
Ce ralentissement de la croissance des investissements en Afrique subsaharienne n’est évidemment pas sans conséquences fâcheuses. Il freine la croissance à long terme de la production et du revenu par habitant, ainsi que les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable.
Des solutions existent. Il s’agit, préconise le rapport, des réformes structurelles qui devraient stimuler l’investissement privé et améliorer la compétitivité à long terme des entreprises africaines. Des réformes du marché visant à réduire les obstacles structurels et réglementaires à la participation du secteur privé aux marchés des biens et des services sont essentielles.
Les politiques en matière de commerce et d’investissement étranger sont aussi nécessaires pour améliorer la participation aux marchés internationaux et l’accès aux intrants intermédiaires. Ces réformes devraient être accompagnées d’un renforcement des institutions chargées de faire respecter les lois sur la concurrence, notamment par l’établissement d’agences indépendantes pour exercer la tutelle de la concurrence et des systèmes de passation de marchés publics solides.
Le rapport du bureau de l’économiste en chef de la région Afrique à la Banque mondiale recommande aussi des progrès dans les trois «I» de la région – infrastructure, institutions et incitations -, « essentiels pour stimuler l’entrée de capitaux étrangers », note-t-il. L’expansion et la modernisation du système de transport (y compris les routes, les aéroports et les ports), l’amélioration de l’accès à un approvisionnement en électricité fiable et abordable et l’utilisation plus efficace de l’infrastructure existante sont essentielles pour stimuler l’intégration économique dans la région.
L’amélioration des institutions passe par le renforcement des agences de promotion des investissements et des exportations et par la modernisation des procédures de contrôle des douanes et des frontières. Le maintien de taux de change réels compétitifs, la mise en œuvre de cadres réglementaires qui favorisent la transparence, la concurrence et l’innovation, et la conception de politiques commerciales qui réduisent les préjugés anti-exportation peuvent fournir les bonnes incitations aux investisseurs étrangers.