Sur le continent africain, « le taux de couverture des exportations des produits agricoles par leurs importations était de 102% en 1995, et est tombé à 77% en 2015 ». A en croire ces statistiques publiées par la chercheuse Fatima Ezzahra sur la plateforme de l’OCP Policy Center, un Think Tank basé à Rabat au Maroc, en l’espace de 20 ans, les pays africains, jadis excédentaires en matière de production agricole, sont devenus des importateurs nets de produits agricoles.
A titre d’exemple, fait remarquer Grow Africa, une plateforme regroupant 200 entreprises et gouvernements œuvrant pour l’attraction des investissements dans le secteur de l’agriculture en Afrique, les pays de la Cedeao importent du riz pour 4 milliards de dollars US par an.
Face à cette réalité, mais surtout mu par le double souci de pouvoir nourrir leurs concitoyens et participer de manière plus honorable aux échanges mondiaux, les gouvernements africains ont, sous la bannière de l’Union africaine (UA), adopté la déclaration de Maputo en 2003, à travers laquelle les Etats se sont engagés, sur une période de 5 ans, à affecter plus de 10% des dépenses publiques au secteur de l’agriculture.
Mais, a révélé la FAO en 2017, rendu à l’année 2014, seuls quatre pays africains ont pu dépasser ce niveau de dépenses agricoles (Malawi, Mozambique, Niger et Zimbabwe).
Pis, apprend-on de la même source, 14 pays africains affichaient encore des taux de 5% de ressources publiques affectées à l’agriculture, faisant de ce secteur le parent pauvre de l’investissement public. Ceci en dépit « des opportunités à saisir » dans ce secteur sur le continent noir, notamment « en termes d’intensification de la production et de structuration des filières agricoles », soutient la chercheuse Fatima Ezzahra.
Face à ce quasi abandon de l’agriculture par nombre de pouvoirs publics africains, le secteur privé ne fait pas mieux.
La proportion des prêts accordés par les banques commerciales aux agriculteurs en termes de crédits totaux en Afrique, varie entre 0,06% en Guinée-Bissau et 9,2% en Ouganda et en Tanzanie,
fait observer l’OCP Policy Center.
En matière d’attraction des IDE, en dépit d’une croissance moyenne de 2,8% au cours de la période 2001-2011, indique la même source, le secteur agricole africain n’a capté que 260 millions de dollars US, ce qui représente 22% de l’enveloppe globale de ces investissements, contre 29% en Amérique et 43% en Asie. Pourtant, a souligné William Asiko de Grow Africa lors d’un Forum organisé à Kigali, au Rwanda,
il est essentiel de tirer parti des investissements dans l’agriculture, y compris du secteur privé, pour aider des millions de personnes à lutter contre la faim et la pauvreté en Afrique, à produire suffisamment de nourriture et à créer suffisamment d’emplois pour la population croissante du continent.