A côté des entreprises publiques chinoises, qui conduisent d’innombrables chantiers de construction des infrastructures sur le continent africain depuis quelques années, les entreprises privées de l’Empire du Milieu semblent plutôt très peu visibles.
Pourtant, selon le cabinet américain McKinsey, 90% des entreprises chinoises opérant en Afrique sont des sociétés privées souvent très actives dans la production manufacturière, la vente au détail et la logistique.
Cependant, selon l’International Trade Center (ITC), agence de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l’ONU, auteur d’un rapport publié en novembre 2018,
Seulement la moitié des entreprises chinoises installées sur le continent africain font appel à des fournisseurs locaux, ce qui représente une opportunité non exploitée pour les PME locales.
A l’origine de cette vie quasi solitaire des entreprises de l’Empire du Milieu en Afrique, analyse l’ITC, se trouve « l’absence d’informations précises et à jour sur la compétitivité et la capacité des entreprises locales », ce qui constitue « un défi majeur pour les investisseurs étrangers souhaitant s’engager avec des partenaires commerciaux locaux ».
Pourtant, dans bien de secteurs d’activités et pays africains, des PME locales présentent des avantages pouvant leur permettre de capter une bonne partie des investissements privés chinois. Il en est ainsi de la Gambie, où, souligne le rapport de l’ITC, les entreprises du secteur des TIC, bien qu’étant « de petite taille, réussissent à respecter les délais et les quantités à livrer, à des coûts compétitifs ». De même que les producteurs de thé noir, de cuir, de la noix de coco, des fleurs, de la bière et des produits végétaux peuvent jouer une partition décisive dans la croissance des exportations du Kenya vers la Chine, selon les experts.
Au Maroc, où les entreprises du secteur des produits métalliques, électroniques et électriques sont très douées pour respecter les exigences de livraison, sont bien intégrées dans les réseaux de transport et sont connectées à des associations sectorielles, les opérateurs privés chinois tiennent des opportunités de partenariats stratégiques très bénéfiques, selon l’ITC.
Au Ghana, apprend-on, ces opportunités sont plutôt intéressantes dans le secteur du textile et du vêtement, où la production locale a un accès facile aux marchés des USA et de l’Union européenne, notamment grâce aux accords préférentiels que sont l’Agoa et les APE (Accords de partenariats économiques).
Les politiques soutiennent le développement du secteur textile au Ghana et il est prouvé que les micros, petites et moyennes entreprises de ce secteur sont compétitives pour respecter les exigences de coûts et de temps,
souligne l’International Trade Center. De l’avis de plusieurs experts, les entrepreneurs africains ont intérêt à intégrer les partenariats avec les Chinois sur le continent, ce d’autant plus que l’ITC révèle que « la hausse des coûts de la main-d’œuvre sur la Chine côtière » incite de plus en plus « les entreprises chinoises actives dans des industries à forte intensité de main-d’œuvre telles que le textile, le cuir et l’industrie légère, à délocaliser leur production. Cette tendance pourrait renforcer la croissance de la production et des services en Afrique », continent qui tient ainsi une excellente opportunité de tirer grand profit de l’augmentation vertigineuse des investissements privés chinois en Afrique, dont le pourcentage dans le volume global des investissements de l’Empire du Milieu sur le continent noir est « passé de 9,6% en 2010, à près de 50% au premier semestre 2018 », selon les statistiques de l’OMC.