La Banque mondiale a constaté que l’Afrique comptait certains des travailleurs agricoles les moins productifs au monde, mesurés par la quantité de valeur économique que chaque petit exploitant ajoute au PIB global.
Selon ce constat de la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne génère à peine 1 526 dollars par personne dans l’agriculture, alors que la moyenne mondiale est de 4 035 dollars et que les États-Unis arrivent en tête avec 100 062 dollars par personne. La Tanzanie a une performance qui se situent bien en dessous de la moyenne avec seulement 868 dollars de richesse générée par personne.
Un « changement de paradigme » est impératif dans la manière dont les décideurs africains considèrent l’agriculture. Accueillant le sommet « Nourrir l’Afrique : souveraineté alimentaire et résilience » (Dakar 2) qui s’est tenu fin janvier au Sénégal, le président Macky Sall a sonné l’alerte et invité les leaders africains au sursaut :
Nous, les hommes politiques, sommes souvent assis dans nos capitales, loin des champs (…) Nous devons allouer une plus grande part de notre budget à l’agriculture afin de moderniser le secteur et d’en faire une entreprise rentable au même titre que le commerce ou l’industrie.
La technologie a été présentée comme essentielle pour accroître les rendements agricoles dans toute l’Afrique. Notamment dans l’élevage et les semences. Dans le contexte de l’énorme pression exercée sur la sécurité alimentaire de l’Afrique par la hausse de l’inflation et la guerre en Ukraine, un constat clair s’est dégagé de ce sommet de Dakar sur l’agriculture : bien que 60 % des terres arables non cultivées du monde se trouvent en Afrique, les petits exploitants n’auraient pas besoin d’abattre des forêts s’ils étaient en mesure d’augmenter la productivité de leurs exploitations existantes.
Autre leçon du sommet de Dakar, le financement qui constitue également un obstacle majeur au développement du secteur agricole africain. Les petits exploitants agricoles sont souvent incapables d’acheter les intrants agricoles et d’augmenter les rendements de production en raison du manque de financement disponible sur le marché.
On retient aussi du sommet de Dakar que les banques nationales considèrent l’agriculture comme une activité risquée et accordent rarement des prêts aux petits exploitants sans demander de garantie en retour, ce que les agriculteurs pauvres ne peuvent fournir. Selon Danladi Verheijen, cofondateur et CEO de Verod Capital management, une société de capital-investissement ouest-africaine, les parties prenantes doivent présenter le secteur de l’agriculture comme une véritable entreprise pour attirer les capitaux privés.
Nous devons penser à l’agriculture en matière d’agro-industrie,
a-t-il exhorté.