Le port de Douala-Bonabéri est l’une des plateformes portuaires les plus importantes de l’Afrique centrale, au regard du rôle capital qu’il joue dans l’économie camerounaise et dans celle des pays sans façade maritime à l’instar de la Centrafrique et du Tchad, pour ne citer que ces pays de l’hinterland. Il brasse à lui seul près de 85% du commerce extérieur du Cameroun, avec un volume de marchandises estimé à environ 13 millions de tonnes. Un volume qui devrait être porté à 23 millions de tonnes en 2030, au regard des enjeux de la croissance démographique.
Mais l’exploitation et le rendement optimaux de ce port d’estuaire font face à des contraintes naturelles liées à son chenal d’accès, aussi peu profond que les plans d’eau.
Ils demeurent donc tributaires des activités de dragage effectuées en permanence en vue d’atteindre les profondeurs nécessaires à la navigation de navires. De gros montants sont mobilisés à cette fin. Entre 1997 et 2018, le PAD déclare que le dragage a englouti quelque 141,85 milliards de francs CFA. Ces cinq dernières années, environ 17,16 milliards ont été dépensés chaque année rien que pour cette activité.
Toutefois, grâce à la gestion en régie, instituée depuis deux ans, ce montant va être réduit à 6,7 milliards par an. Le Port autonome de Douala (PAD), l’organisme parapublic en charge de l’exploitation de cette plateforme, devrait dès lors réaliser un gain annuel de 10 milliards de F CFA sur ce volet financier.
Les autorités camerounaises ont pris la pleine mesure de ce handicap naturel ainsi que des challenges et des défis à relever pour un rendement plus optimal de la place portuaire de Douala. L’une des solutions durables préconisées par le gouvernement, dans la perspective de l’extension de cette infrastructure, c’est la construction d’un nouveau site portuaire à 35 kilomètres du site actuel. Cela devrait permettre d’élargir l’espace portuaire, et partant, de désengorger les quais. Le directeur général du PAD l’a confirmé tout récemment lors d’une interview accordée à Forbes, sans toutefois apporter plus de précisions sur ce projet d’envergure.
Extension du Terminal à conteneurs
Mais, en attendant la concrétisation de cette ambition, on privilégie les petites solutions. Conjoncturelles celles-là. Comme l’exploitation des espaces repris par le PAD, après les déguerpissements négociés ou les expulsions de populations, opérées ces dernières années par les pouvoirs publics. Par exemple sur le site d’Essengue, où 1500 personnes ont dû faire leurs valises, précédées par une première vague de 51 ménages expulsés en janvier 2018, des travaux d’assainissement et de logistique sont envisagés.
Il s’agit notamment d’améliorer la voirie interne par la construction d’un axe routier pour assurer une plus grande fluidité du trafic portuaire. Il y a également la construction de nouvelles aires de stockage et de magasins dans la perspective d’une extension du Terminal à Conteneurs ; la création d’un nouveau parc à véhicules sécurisé ; l’aménagement des zones d’attente de camions ; la création d’une nouvelle zone urbano portuaire et d’une zone tampon entre le port et la ville.
D’autres activités portuaires devraient se développer à Mambanda, ALPICAM et alentours. Soit une superficie de 97 hectares à viabiliser, après qu’un avis du ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf), signé le 28 mars 2022, ait contraint quelque 150 000 personnes à libérer ces quartiers déclarés domaines portuaires, et donc d’utilité publique.
Ces expulsions font suite à la vaste campagne lancée depuis 2016 par le PAD en vue de sécuriser son espace. Le but recherché par le gouvernement camerounais étant de faire du port de Douala un port de référence en Afrique centrale. D’où les remerciements exprimés récemment par le directeur général de cette entreprise à l’endroit des clients et des investisseurs « qui continuent de nous faire confiance en opérant au port de Douala ».
Le chiffre d’affaires a doublé
Ces dix dernières années, le Port de Douala a opéré une profonde mue grâce à l’acquisition de nouveaux équipements pour substituer les infrastructures dégradées. Toutes choses qui lui ont permis d’améliorer sa compétitivité, sa performance et son attractivité. Le remorquage et le dragage ont été optimisés. La construction de nouvelles voies d’accès et de desserte, ainsi que de nouveaux quais et magasins d’entreposage, a permis une plus grande fluidité du passage portuaire et donc des opérations de commerce extérieur. Le temps et le coût du passage des marchandises en ont largement été impactés.
Aujourd’hui, nous sommes l’une des entreprises les plus performantes du Cameroun, avec un chiffre d’affaires qui est passé de 35 à 80 milliards de FCFA. C’est dans ce contexte de développement accéléré que nous continuons à investir et à porter les ambitions du PAD,
se réjouit le Directeur général du PAD, Cyrus Ngo’o, interviewé récemment par le magazine Forbes.
L’objectif du gouvernement camerounais est de faire du port de Douala, dont le système sécuritaire est expérimenté ça et là, sur le continent, l’un des ports les plus compétitifs en Afrique. Pour cela, des opportunités existent pour les investissements, et ceux-ci ne sont pas de trop :
Tout ce qui est investi dans un port est rentable. Nous invitons donc tous ceux qui ont des capitaux à investir au port de Douala à nous rejoindre. Nos procédures de contractualisation sont simplifiées et notre garantie de trafic très important. Nous avons également un foncier important, qui peut être fructifié par les investisseurs actifs dans l’immobilier ou le tourisme,
rassure le directeur général. Le port de Douala-Bonabéri couvre actuellement une superficie d’un peu plus de 1000 hectares.