Les ports en Afrique poursuivent leur mue. Illustration : la mise à niveau progressive des infrastructures, le saut qualitatif dans la gouvernance par la mise en place de concessions portuaires et l’afflux des leaders mondiaux de la manutention portuaire.
Principaux ports en Afrique
Une photographie rapide montre en effet une floraison de plateformes portuaires de différentes envergures et capacités. Les ports de Casablanca, Alger, Tunis, Alexandrie, Dakar, Abidjan, Djibouti, le Cap, Douala, Tema, le plus grand port du Ghana (85% du commerce international du pays) et important centre logistique d’Afrique de l’Ouest, le port en eau profonde de Ngqura près de Port Elizabeth en Afrique du Sud…
Aussi, ces dernières années, (signe de vitalité ?) émergent sur le continent des projets plus ou moins avancés, tels que les ports de Tanger Med, West Nador, Dakhla Atlantique tous au Maroc ; au Nigeria, Badagry Deep Sea Port annoncé comme le plus grand port en eau profonde d’Afrique ; Au Kenya, le port en eau profonde de Lamu porte d’entrée privilégiée pour l’Ethiopie, le Soudan du Sud et la Somalie ; en Tanzanie, le port de Bagamoyo (20 millions de conteneurs par an) attendu pour être le plus grand port d’Afrique de l’Est.
En tout, plus d’une cinquantaine de milliards de dollars d’investissements pour que l’Afrique s’équipe de terminaux portuaires y compris des ports de transbordement, indique la Revue Espace géographique et société marocaine no 15, article intitulé Réalités et perspectives du transport maritime conteneurisé et des installations portuaires en Afrique. La course effrénée à l’infrastructure portuaire en Afrique gagne donc en vitesse. A qui profite ces investissements massifs ? Les Africains en tirent-ils suffisamment avantage ?
La mainmise des opérateurs internationaux sur le transport maritime conteneurisé et les installations portuaires en Afrique tarde à s’assouplir. Ceci se traduit par un contrôle sur les ports africains par le système des concessions, un contrôle aussi sur les sociétés de manutention et enfin une mainmise sur les trafics conteneurisés des grandes plateformes portuaires africaines. Différents pays et sociétés européennes dominent quasiment sans partage ce marché en Afrique, même si on voit la Chine et autres pays asiatiques supplanter progressivement l’Europe.
La plupart des leaders mondiaux du transport maritime conteneurisé se bousculent sur les côtes africaines ; européens (Maersk, CMA-CGM, MSC…), mais aussi asiatiques de plus en plus, les japonais Mitsui et NYK ou le singapourien Pacific International Lines (PIL), les chinois Cosco et China Shipping, le taïwanais Evergreen Line,
confirme la Revue Espace géographique et société marocaine no15.
En 2005, on comptait l’équivalent de 116 millions de conteneurs transportés dans le monde, dont près d’un million manipulé dans les ports africains, ce qui représentait près de 1%. En 2014, selon les statistiques publiées par CTS (Container Trade Statistics) et reprises par Dynamar dans sa newsletter, le volume mondial conteneurisé atteint 140,4 millions EVP (Equivalent Vingt Pieds, unité de mesure des terminaux et navires), sur lesquels les ports africains n’avaient manipulé que 6,9 millions EVP, ce qui représentait 4,9 %.
Or, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, reprises par la Revue Espace géographique et société marocaine no15, le continent africain pourrait traiter 176 millions d’EVP en 2040.
A propos de marginalisation dans le transport maritime mondial, les taux de croissance à partir du début du 21è siècle et les prévisions illustrent d’où vient l’Afrique, mais en même temps son dynamisme et son potentiel de croissance. Une explosion du nombre de conteneurs traités par les interfaces portuaires du continent favorisera son intégration au processus de mondialisation par le développement du transport maritime, entre autres le transport conteneurisé.
Depuis toujours et encore plus à l’heure de la mondialisation actuelle, la maitrise des maillons du transport maritime est source inestimable de richesse et de développement socio-économique aussi bien des Etats que des entreprises. De ce fait, le niveau de développement du secteur du transport maritime est un indicateur majeur des performances des économies des Etats et des entreprises,
prévient un expert.