A cause de l’accélération de la croissance démographique, notamment en Afrique, la demande de ce produit croit rapidement, au point où le marché de l’huile de palme dans le monde a atteint 92,84 milliards USD en 2021, contre seulement 65,73 milliards USD en 2015, selon Zion Market Research, une firme spécialisée dans la rédaction des rapports dans l’industrie. Berceau de l’huile de palme, produit agricole dont près de 90% de la production mondiale est de nos jours assurée par la Malaisie et l’Indonésie, selon la FAO, l’Afrique risque de voir passer sous son nez toutes les opportunités qu’offre le développement de cette culture.
Ceci, en dépit de ses avantages comparatifs (disponibilité des terres et de la main d’œuvre, climat propice, etc.) en matière de culture du palmier à huile, lesquels avantages font de ce continent la dernière frontière de l’huile de palme dans le monde. En effet, en Afrique, territoire qui a pourtant vu naître le palmier à huile, et où les terres sont plus faciles d’accès qu’en Asie du Sud-Est (selon Zion Market Research), le terreau de la production de l’huile de palme, l’immense majorité des palmeraies industrielles sont tenues par des étrangers. C’est le cas du couple franco-belge Bolloré-Fabri (Socfin) au Cameroun ; du Singapourien Olam au Gabon ; du Canadien Feronia, de l’Américain Blattner Elwyn et du Franco-belge Socfin en RD Congo ; ou encore du Saoudien Savola Group en Egypte, pays d’Afrique du Nord qui est aussi le premier importateur africain de l’huile de palme.
Autour de ces mastodontes étrangers, émergent des unités agro-industrielles à capitaux publics et très peu compétitives, qui défendent timidement les couleurs des nationaux, aux côtés de petits exploitants privés. De surcroît, cette dernière catégorie de producteurs, qui détient entre 70 et 90% des palmeraies en Afrique, selon une analyse de la plateforme en ligne Spott, se muent généralement en fournisseurs de noix de palme aux usines des multinationales. Jusqu’ici, une caste d’investisseurs africains solide tarde à voir le jour dans le secteur du palmier à huile, pourtant riche en opportunités.
En effet, fort de ce qu’en 2030, trois millions d’hectares de terres africaines pourraient être dédiées à la culture de l’huile de palme (deux fois plus qu’aujourd’hui), selon Standard Chartered Bank, des investissements massifs d’opérateurs africains dans cette filière diminuerait la forte dépendance du continent aux importations (seule la Côte d’Ivoire affiche une production satisfaisant la demande locale, selon les experts), ce qui permettrait à l’économie locale de capter une partie des capitaux jusqu’ici dédiés aux importations de l’or rouge.
Ce scénario, au-delà de la création des millions d’emplois, induira l’augmentation de la production africaine, qui représente seulement 5% de la production mondiale, d’après le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) ; toute chose qui offrira à l’huile de palme africaine l’opportunité d’aller à la conquête des marchés chinois et indiens, les deux plus gros consommateurs de ce produit dans le monde.