Impossible de circuler dans la ville de Yaoundé, capitale du Cameroun, ce 11 décembre 2023 sans rencontrer les embouteillages dans les stations-services. Voitures, camions, motos font une longue file d’attente dans les stations-service et ralentissent la circulation. Pour cause, une pénurie de carburant.
Depuis cinq jours, ils vont de points d’approvisionnement en points d’approvisionnement à la recherche du liquide. Il est 12h, la chaleur ne dissuade pas Armand Georges de quitter son rang dans une station située au Rond-point Nlongkak. Comme lui, beaucoup d’autres personnes attendent d’être servies depuis 5h du matin.
C’est vraiment compliqué. J’étais censé aller chercher quelqu’un à Douala à 11h. Mon véhicule est garé à l’entrée de la ville, en panne sèche. Je suis venu à la station depuis 5h pour chercher du carburant. Il est midi, je suis encore là,
s’indigne Armand George, automobiliste. Dans cette autre station située au lieu-dit « Bata Nlongkak », l’absence des pompistes à leur poste de travail témoigne de la pénurie observée depuis quelques jours. La couche de poussière visible sur les pompes indique que personne n’y a mis les pieds depuis quelques temps.
Depuis que le carburant est rare, cette station a cessé de fonctionner. Les pompistes ne viennent plus. Nous sommes aussi pénalisés puisqu’on a des difficultés pour avoir du pétrole,
explique un commerçant installé à proximité du point d’approvisionnement. Les secteurs essentiels et vitaux comme la santé n’échappent pas aux difficultés liées à la pénurie des hydrocarbures. Une formation sanitaire au quartier Etoa-Meki, dans le centre de la capitale Yaoundé ne tourne plus à plein régime. Entre salles d’attente presque vides et personnel sanitaire arpentant les couloirs, une source qui requiert l’anonymat présente l’impact négatif sur le travail du personnel au sein de l’hôpital.
On ne peut pas opérer dans ces conditions. Ou alors il faut utiliser un bistouri électrique on ne peut pas utiliser un bistouri artisanal. Que se passerait-il si on blesse une veine ?
s’interroge la source. Pour l’heure, l’institution hospitalière alimente son générateur avec des réserves.
La situation pourrait être rétablie dès mardi 12 décembre
Dans un communiqué signé ce 11 décembre 2023, le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba donne les raisons de cette pénurie.
Cette perturbation a pour principale cause le retard dans l’arrivée de trois navires transportant ledit produit, dû aux conditions météo-océanologiques défavorables qui ont interrompu les chargements ship-to-ship desdits navires pendant quatre jours au port hub de Lomé,
peut-on lire. Selon le même documentent, la situation pourrait être rétablie dès mardi 12 décembre car, l’un des trois navires est déjà à quai à Douala avec une contenance de 13.000 m3 de Super. D’autres dispositions ont par ailleurs été prises. C’est le cas du chargement depuis hier dimanche, de 81 camions citernes de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp) pour renforcer les transferts.
En outre, des wagons seront chargés pour renforcer les stocks sur l’ensemble du pays. Alors que les fêtes de fin d’année approchent, le ministre a tenu à rassurer l’opinion publique de la disponibilité de cette précieuse denrée tout au long de cette période. N’empêche que les observateurs interrogent l’efficacité de la gestion des stocks. Un observateur s’agace :
C’est à se poser la question de savoir comment les grandes villes d’un pays peuvent aussi rapidement connaître une pénurie de carburant ? Et les stocks de sécurité alors, ça n’a jamais été envisagé pour le cas échéant ? Il me semble que gouverner c’est prévoir et prévoir c’est anticiper.
On s’étonne de ce qui apparaît comme un déficit de planification stratégique. La pénurie du carburant, indispensable pour le transport et l’économie en général, déteint sur la productivité générale.
Gaïtano Tsague et Leonel Douniya (Stagiaires)