Depuis le début de l’année 2024, la monnaie fédérale nigériane, le naira a perdu plus de 40% de sa valeur. Cet effondrement survient dans un contexte d’inflation généralisée, qui a affaibli l’économie du pays le plus peuplé du continent africain.
D’ores et déjà, les autorités nigérianes ont trouvé l’un des possibles responsables de cette situation financière pour le moins inconfortable, qui fait plonger le pays. Il s’agit de Binance, la première plateforme mondiale de cryptomonnaies, utilisée par plus de dix millions de personnes au pays du président Bola Tinubu.
La plateforme est soupçonnée d’avoir largement contribué à cette chute de la monnaie moyennant une manipulation du taux de change du naira, alors que la devise s’effondre et que l’inflation gagne du terrain.
Binance sommée de payer 10 milliards de dollars, ses dirigeants convoqués
C’est dans le but d’y voir plus clair que le Comité de la Chambre des représentants du Nigéria a adressé une convocation aux plus hauts responsables de Binance afin qu’ils viennent répondre physiquement des faits qui leur sont reprochés. A savoir; le financement du terrorisme, le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale. C’est le 04 mars dernier qu’expirait l’ultimatum en vue de la comparution du PDG de Binance, Richard Teng et ses principaux collaborateurs.
Invest-Time n’est pas en mesure de dire si cette comparution a été effective. Toutefois, de sources médiatiques nigérianes, les plus hauts responsables de Binance ont annoncé leur volonté de coopérer avec les autorités du pays d’Afrique de l’Ouest pour apporter toutes les clarifications nécessaires.
Les soupçons des autorités du Nigéria sont fondés en partie sur le fait que Binance ne paie pas d’impôts. Et, qui plus est, la plateforme n’a pas, dans le pays, une représentation auprès de laquelle des plaintes et requêtes des utilisateurs ou de l’administration financière nigériane peuvent être adressées en temps de besoin.
En plus, les quelque 26 milliards de dollars ayant transité par Binance en 2023, sans aucune possibilité de contrôle préalable, seraient d’origine douteuse, « en provenance de sources et d’utilisateurs que nous ne pouvons pas identifier de manière adéquate », selon le gouverneur de la banque centrale du Nigéria.
Olayemi Cardoso a tenu cette déclaration au lendemain de la mise aux arrêts, le 26 février par le département de la Sécurité d’Etat nigérian, de deux dirigeants de Binance dépêchés au Nigéria. Leurs passeports avaient également été confisqués, a-t-on appris.
Selon d’autres sources, le gouvernement du Nigéria exigerait de la plateforme le paiement d’une somme de 10 milliards de dollars en guise de dommages et intérêts. Certains médias internationaux ont affirmé que l’accès à l’application et au site de la plateforme OTC, utilisée par les clients de Binance, était rendu impossible depuis la semaine dernière.
Peut-être est-ce la conséquence de l’ordre donné aux sociétés de télécommunications du Nigeria par la Commission nigériane des communications, de bloquer l’accès aux sites web des crypto-bourses étrangères, dont Coinbase et Kraken.
Défendre les finances et protéger les investisseurs du Nigéria
Les autorités nigérianes s’estiment dans leur bon droit et n’excluent pas l’option de la fermeture de la major du secteur des cryptomonnaies. Comme l’a déclaré le conseiller et porte-parole du président Bola Tinubu, cité par RFI :
Si nous ne fermons pas Binance, Binance va détruire l’économie de ce pays. La constitution de la République Fédérale du Nigeria nous a donné le pouvoir de protéger les Nigérians contre les crimes financiers, en particulier ceux commis par des sociétés étrangères. Les allégations de financement du terrorisme, de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale, entre autres, portées contre Binance sont suffisamment accablantes,
a, pour sa part, déclaré le président du Comité, Ginger Onwusibe, cité par d’autres sites d’informations spécialisés. Et d’ajouter :
Nous devons également protéger et défendre les finances du pays, en particulier maintenant que le pays est en train de plonger dans la récession.
Il est également de notre devoir de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger les investisseurs nigérians des entreprises prédatrices, et aucune distraction ou manipulation ne peut nous arrêter,
a ajouté Ginger Onwusibe. Pour lui, enfin,
l’ère de l’exploitation est révolue et tous les coupables doivent être tenus responsables.