Après avoir essayé toutes les thérapies pour sauver ce qui peut l’être de Madagascar Airlines, au bord du gouffre, l’actuel directeur général de la compagnie aérienne nationale malgache, le Français Thierry de Bailleul, suggère un plan de départs volontaires des salariés. Cette mesure a été annoncée fin mars dernier par le dirigeant français face à ce qu’il appelle un « sureffectif évident ». En effet, en 2021, année de son redressement judiciaire, Air Madagascar avait fusionné avec Tsaradia, sa filiale domestique, pour donner naissance à Madagascar Airlines.
Mais, malgré cette bonne volonté de redressement affichée, la compagnie a continué à battre de l’aile, et ses finances ne sont pas sorties de la zone rouge. C’est alors qu’une autre thérapie avait été implémentée dès novembre 2023, mois où le nouveau plan de relance a été annoncé. Il s’agit notamment de la suspension jusqu’à nouvel avis de vols long-courriers, jugés trop coûteux et budgétivores, au profit de l’exploitation domestique. Or dans ces conditions, estime l’actuel directeur général, à la tête de la compagnie depuis décembre 2022, la suppression des postes de salaires s’avérait incontournable. D’où le plan de départs volontaires annoncé à la fin du mois de mars.
800 salariés pour exploiter deux avions en service
Car, quelque 800 personnes émargent dans le budget de la compagnie, alors que, paradoxalement, celle-ci n’exploite que deux avions en service. Une masse salariale irrationnelle comparée à la flotte disponible, juge Thierry de Bailleul.
Faire tourner une compagnie aérienne avec si peu d’avions et une activité restreinte temporairement aux [vols] domestiques, ça n’est pas raisonnable de le faire avec 800 salariés. Il suffit de regarder les compagnies équivalentes. La compagnie Tsaradia qui existait dans le temps avait par exemple moitié moins d’effectifs.
En novembre 2023, la direction générale de Madagascar Airlines avait annoncé un plan de relance baptisé « Phoenix 2030 », dont l’objectif est d’assainir les finances de la compagnie et d’équilibrer son budget d’ici 2025. Pour sa part, la Banque mondiale, qui est l’un des principaux partenaires de l’île de l’océan Indien, s’est engagée à financer ledit plan de restructuration à hauteur de 57 millions d’euros sur une durée de cinq ans. Seulement, ce train de mesures, tout comme la gestion globale de l’actuel directeur général, bute sur certaines résistances internes, nous apprend notre confrère RFI. Comme celle affichée ouvertement par Rinah Rakotomanga, l’ex-présidente du conseil d’administration, qui continue de siéger au sein de cette instance en sa qualité d’administratrice, bien qu’elle ait démissionné de sa présidence depuis novembre 2023.