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Noix de macadamia : l’urgence de subventionner la production africaine pour booster l’industrie alimentaire et cosmétique

Leader mondial devant l'Australie (45% de la production mondiale) et le Kenya, l'Afrique du Sud prévoit, cette année, une production qui oscille entre 90 000 et 95 000 tonnes, loin devant les 40 000 tonnes attendues par son concurrent kenyan, qui, chaque année, exporte 500 tonnes de ces « noix de luxe » transformées. Mais la production des deux pays africains n’est pas autant subventionnée par l’Etat que celle d’autres pays, en l’occurrence l’Australie. Or, la taille mondiale du marché de ce fruit sec, actuellement de 1,61 milliard de dollars US, devrait doubler pour s'établir à 2,69 milliards USD en 2029.

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La noix de macadamia ou « roi des noix » est un oléagineux d’Australie riche en acides aminés, ayant un indice glycémique faible mais très gras en revanche (70 à 80% d’huile). Elle doit son nom au docteur australien d’origine écossaise, John Macadam, à qui les deux botanistes qui découvrirent ce mets favori des aborigènes, voulurent rendre hommage. Elle fait partie de la grande famille des fruits secs oléagineux aux vertus sanitaires indéniables, car riche en protéines, glucides, acide plamitoléique (facilitant les échanges entre les muscles et les différents tissus adipeux qui stockent les graisses), en vitamines A, B1, B2, E, en acides aminées et en acides gras instaurés (oméga 3) essentiels à la prévention de certaines maladies.

Excellent antioxydant naturel, riche en fer, elle est également une source non négligeable de calcium et de magnésium et aide à éliminer le cholestérol et les radicaux libres. D’où son utilisation dans l’industrie de la pâtisserie et de la cosmétique. Dans le domaine de la cosmétique, l’huile de macadamia est utilisée pour réparer la peau et les cheveux, mais aussi pour le massage. On lui reconnait donc des qualités nutritionnelles et réparatrices. Le fruit se récolte en janvier ou en juillet selon le lieu de sa culture. Les coques sont très dures et épaisses au moment de la collecte à la main par les fermiers. Après leur séchage, elles sont décortiquées ou cassées à l’aide d’une machine en vue de l’extraction de la noix ronde, blanche et lisse.

8,5 millions USD (5,1 milliards F. CFA) pour relancer la filière kenyane et tanzanienne

Les noix de macadamia occupent une place de choix dans l’économie kenyane au même titre que le thé et le café. Le pays de l’Afrique de l’Est est le 3ème producteur mondial après l’Afrique du Sud et l’Australie. C’est pour cette raison qu’en 2015, le gouvernement kenyan avait signé un arrêté portant interdiction des exportations de noix non décortiquées. En 2023, huit ans après, la mesure d’interdiction a été levée pour favoriser la relance de cette filière pourvoyeuse de revenus. Une levée qui fait suite à la reprise observée après des années de difficulté aussi bien au Kenya qu’en Tanzanie voisine, dues à la pandémie de la Covid-19 et à la hausse de l’inflation mondiale.

La reprise s’est traduite par un nouveau regain d’intérêt clairement affiché par Pamoja, leader de la production de noix de macadamia en Afrique de l’Est. L’entité fondée et dirigée par le Suisse Guillaume Maillard contrôle le marché kenyan et tanzanien à travers ses filiales TenSenses Africa et Macjaro. Dans ces deux pays, elle ambitionne d’obtenir 6 200 ha de terres « gérées selon les critères de durabilité exigeants (bio et Fair Trade) ». Pour ce faire, Pamoja a procédé récemment à une levée de fonds d’un montant de 8,5 millions de dollars soit 5,1 milliards de francs CFA auprès de Mirova, une société de gestion française, filiale de Natixis Investment Managers dédiée à l’investissement durable.

La somme a été levée dans le cadre du Land Degradation Neutrality Fund (LDN), une société en commandite spéciale (SCSp) de droit luxembourgeois fermée à la souscription et promue conjointement par Mirova (qui en assure la gestion) et la Convention des Nations-Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD). La levée va permettre à Pamoja d’accélérer la production durable de noix de macadamia au Kenya et en Tanzanie voisine, mais surtout d’intensifier ses activités de transformation dans les usines de Nairobi.

Ce partenariat avec Mirova va nous permettre d’accentuer nos efforts pour promouvoir une exploitation à la fois durable et rentable de terres arables et à former les producteurs aux meilleures pratiques. Nous allons aussi pouvoir renforcer notre outil industriel géré selon nos standards suisses qui permet à nos noix transformées au Kenya de rivaliser avec toutes les autres origines,

explique Guillaume Maillard, le fondateur de Pamova. La filiale kenyane de Pamoja exporte chaque année vers les Etats-Unis ou l’Europe 500 tonnes de noix de macadamia achetées auprès des quelque 5 000 fermiers qui animent ce secteur d’activité. Ceux-ci pratiquent une culture biologique. Pamoja, qui collabore déjà avec près 6 000 petits producteurs via sa filiale TenSenses, va aider ces producteurs à améliorer les pratiques agricoles ainsi que l’accès aux certifications ancestrales. D’ici à 2031, ce sont quelque 13 000 petits producteurs qui devront bénéficier du soutien de la société.

En Tanzanie, Pamoja a l’ambition de planter, via sa filiale Macjaro, plus de 700 hectares de nouvelles fermes de café et de noix de macadamia dans les prochaines années. Dans ce pays également, elle souhaite étendre son programme de soutien aux petits producteurs pour établir une chaine de valeur durable. Selon Guillaume Maillard, la filiale tanzanienne « développe des fermes de noix de macadamia, exploitées dans le respect des écosystèmes agroforestiers ».

Le Kenya est très différent parce que ce sont 200 000 petits fermiers qui ont des noix de macadamia sur leurs terres, mais avec des productions très petites et en polyculture, comme on le fait souvent au Kenya (…) Sur le même lopin de terre, ils font des noix de macadamia, mais ils peuvent faire aussi du maïs, des tomates, des mangues ; différentes choses. Sur nos 5 000 fermiers, ils ont en moyenne 26 arbres chacun. Sachant qu’en culture commerciale, sur un hectare, on a plus de 300 arbres,

explique Guillaume Maillard, directeur général de Pamoja.

Une croissance mondiale prévue à 2,6 milliards USD en 2029

L’Afrique du sud, l’Australie, le Kenya, la Chine et les îles américaines d’Hawaï conservent la palme d’or des plus grands producteurs mondiaux de noix de macadamia. Comme le confirme, dans ses analyses, Kees Blokland, de l’agence de négoce Global Trading and Agency :

Quand on regarde le marché mondial de la noix de macadamia, il y a quatre sources principales. Le Kenya, qui devrait avoir une production de 40 000 tonnes cette année (2023), derrière la Chine, l’Australie et enfin l’Afrique du Sud, qui est de loin le plus grand producteur et devrait produire cette année entre 90 000 et 95 000 tonnes. Le Kenya, dans tout ça, détient une part du marché équivalente à, disons, 15 à 20%.

L’Australie détient 45% de la production mondiale de cet oléagineux cultivé également en Nouvelle-Zélande et au Costa Rica, mais en faible proportion. L’International Nut Dried Fruit Council a publié la production de ces quatre grands exportateurs en 2021. L’Australie a réalisé une bonne moisson (58 500 t), tout comme le Kenya (38 500 t) et la Chine (32 000 t), du fait des conditions climatiques favorables. Il n’en est pas de même, cependant, pour la production sud-africaine, dont la production a plutôt baissé. Selon l’Australian Macadamia Society, celle-ci a été affectée par les mauvaises conditions pendant la floraison et au début du développement des noix. Sans compter les insectes et autres maladies.

Selon le cabinet indien Mordor Intelligence, la taille mondiale du marché de ce fruit sec, actuellement de 1,61 milliard de dollars, devrait doubler pour s’établir à 2,69 milliards USD en 2029 (2,48 milliards USD en 2028), soit une croissance de 10,88%. Cette embellie est due à la demande croissante en aliments protéinés d’origine végétale, explique le cabinet d’expertise. La seconde raison tient à la croissance de l’application de ce fruit aux segments industriels notamment l’industrie alimentaire, cosmétique et des soins personnels, explique encore Mordor.

La demande croissante de produits de base et la pénurie de l’offre sur le marché mondial entraînent des divergences entre la situation de l’offre et de la demande de produits de base, ce qui rend indispensables les investissements dans l’industrie et les contributions des organisations gouvernementales. Cela peut également servir de catalyseur de croissance pour le développement du marché,

écrit Mordor Intelligence. Tirée par l’Australie, qui exporte 75% de sa production (ses fruits sont les plus recherchés au monde, selon Mordor), l’Asie Pacifique détient le palmarès du marché ayant la croissance la plus rapide et devrait conserver cette tendance, tandis que les Etats-Unis ont le plus grand marché. L’embellie australienne s’explique par les gros investissements effectués pour améliorer sa productivité et le doublement de ses exportations de fruits à coque, mais surtout par les subventions octroyées par l’Etat pour soutenir la recherche et le développement de pointe.

A titre d’illustration, les producteurs australiens investissent chaque année 2 millions de dollars à ces fins. Ces recherches ont permis d’opérer une surveillance accrue du microclimat favorable à la bonne croissance des fruits et de produire des données fiables sur la filière, entre autres avancées technologiques. Pendant ce temps, ces moyens manquent cruellement aux pays de la vallée du Rift (Kenya et Tanzanie), réputés être les principaux bassins de production après l’Afrique du Sud.

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