La Côte d’Ivoire fait face à une crise énergétique sans précédent depuis le début d’avril 2024 : des coupures d’électricité frappent la population et les entreprises sur le territoire ivoirien. Jadis épargnés par de telles perturbations, les Ivoiriens sont désormais confrontés à des interruptions quotidiennes de courant.
L’offre d’électricité disponible en Côte d’Ivoire enregistre une réduction de 22%, selon la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI). Ce groupe de pression des entreprises du pays alerte sur des coupures d’électricité, attendues pour le reste de l’année du fait de pannes imprévues chez les principaux producteurs d’électricité indépendants du pays. La note de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire datée du 10 mai dernier précise à cet effet que la centrale à gaz Azito de 713 mégawatts (MW) de Globeleq et la centrale à gaz de la Compagnie ivoirienne de production d’électricité (Ciprel) de 556 MW d’Eranove, ont causé une perte combinée de 400 MW. On apprend que les pannes d’avril font suite à une panne similaire à Azito en janvier, qui a entraîné une perte de production de 253 MW.
Le déficit de puissance grimpe à 800 MW
L’impact combiné de ces incidents correspond à une perte totale cumulée de 653 MW sur l’ensemble du parc de production, ce qui représente 22 % de la puissance totale disponible. Une augmentation simultanée de la demande d’électricité a fait grimper le déficit de puissance à 800 MW,
souligne la CGECI. Pour que la production d’électricité revienne à la normale, la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire craint que pour cela plusieurs mois soient nécessaires. L’électricité devrait être rationnée et les coupures fréquentes jusqu’à la fin de l’année. La Compagnie ivoirienne de l’électricité (CIE) a élaboré un plan de rationnement visant à garantir aux industries un nombre moyen d’heures d’électricité par jour. Le distributeur d’électricité, pour atténuer les conséquences, va publier un calendrier des coupures au début de chaque semaine.
Nos usines fonctionnent sur un long cycle de 24 heures, nous sommes donc directement touchés et la situation ne s’améliorera pas de sitôt. Le broyage continuera à diminuer jusqu’à ce que la situation soit réglée,
a déclaré, à Reuters, le directeur d’une entreprise de broyage qui a demandé à rester anonyme. Les membres de l’association des exportateurs de cacao de Côte d’Ivoire, GEPEX, ont déclaré qu’ils étaient préoccupés par l’impact sur le broyage du cacao. Le broyage du cacao en Côte d’Ivoire a baissé de 19,8 % en avril par rapport à l’année précédente.
Difficultés pour les entreprises
Selon les chiffres du ministère de l’Energie, la Côte d’Ivoire dispose d’une capacité de production installée de plus de 2 548 MW. La centrale à gaz Azito et la centrale à gaz de la Compagnie ivoirienne de production d’électricité, ces deux fournisseurs privés d’électricité, représentent ensemble 75 % de la production électrique du pays. Leurs difficultés ont mécaniquement des répercussions sur la population et les entreprises ivoiriennes. Une situation qui rappelle l’année 2021, où la Compagnie ivoirienne d’électricité était contrainte de rationner l’énergie.
Selon des données de la Banque Mondiale, aujourd’hui en Côte d’Ivoire, l’énergie est produite à 70 % et distribuée à 100 % par des opérateurs privés. Le réseau devrait couvrir 99 % de la population d’ici 2035 et 42 % de l’énergie produite sera renouvelable. Alors qu’en 2013, seuls 34 % de la population avait accès à l’électricité, la crise post-électorale ayant provoqué une chute de 40.