Nouvel arrivant dans le cercle des pays producteurs des hydrocarbures en Afrique, le Sénégal. C’est une première pour le pays qui débute sa production de pétrole. L’entreprise australienne Woodside Energy a débuté l’extraction de pétrole du champ de Sangomar, à environ 100 km au sud de Dakar. Objectif : une production de 100.000 barils par jour. Le champ de pétrole entré en exploitation contient également du gaz. Lancé en 2020, l’aboutissement de ce projet a nécessité un investissement d’environ cinq milliards de dollars US.
Le produit brut extrait correspond aux standards des marchés européens et asiatiques. Il est destiné aussi bien au marché national qu’à l’exportation. La commercialisation du pétrole sénégalais va générer plusieurs milliards de dollars US sur une période de 30 ans. Des recettes très attendues par le nouveau gouvernement pour la mise en œuvre de son programme.
Nouvelle destination des investisseurs ?
Le début de l’exploitation du pétrole sénégalais marque une étape importante dans le paysage de l’investissement du pays. Il pourrait devenir le nouveau centre d’intérêt des investisseurs. D’abord prévue en 2021, l’exploitation du gisement découvert en 2014 a pris du retard suite au changement de stratégie.
Elle a été ralentie à nouveau par les difficultés de la junior australienne FAR, dont les parts ont finalement été rachetées par Woodside. La première phase de développement du champ pétrolier est toujours en cours. De nouveaux forages exploratoires sont prévus. Ils devraient coûter entre 4,9 et 5,2 milliards de dollars US. L’exploitation des ressources pétrolières est donc l’opportunité que les investisseurs africains devraient saisir pour booster le développement économique du Sénégal. Une exploitation qui permettra à terme de réduire les coûts de l’énergie.
Le début de la production de pétrole pour le Sénégal est une très bonne nouvelle. C’est la concrétisation d’un projet qui a démarré il y a de longues années et cela devrait permettre d’alléger la facture énergétique du pays, qui posait beaucoup de problèmes budgétaires,
a réagi Charles Thiemele, directeur Afrique de la société de trading BNG.
La première extraction de Sangomar précède l’entrée en production du projet de Grand tortue/Ahmeyim (GTA), à la frontière avec la Mauritanie, développé par le Britannique BP avec l’américain Kosmos Energy, la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH) et Petrosen. Cette exploitation devrait produire environ 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an. Le début de la production est prévu pour le troisième trimestre de l’année. La production de pétrole et de gaz au Sénégal sera destinée à l’exportation et à la consommation locale. Même si sa production est loin d’atteindre celle des géants africains comme le Nigeria, les revenus générés constitueront la base d’une transformation accélérée de l’économie nationale.
Le début de l’extraction du champ de Sangomar marque le commencement d’une nouvelle ère, non seulement pour l’industrie et l’économie de notre pays, mais surtout pour notre peuple,
affirme le Directeur général de Petrosen Exploration et Production, Thierno Ly, dans le communiqué de Woodside.
Des perspectives économiques positives
La question des hydrocarbures est au cœur des politiques de développement du nouveau gouvernement. L’audit du secteur minier, gazier et pétrolier est l’une des premières mesures annoncées par le nouveau président, investi en avril dernier. Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a réaffirmé dimanche 9 juin, la volonté de l’Etat de revoir les contrats relatifs aux hydrocarbures.
C’est nous qui vous avions promis qu’on allait renégocier les contrats et nous allons le faire. Nous avons même déjà commencé,
a-t-il déclaré.
Cette mesure s’inscrit dans les objectifs du gouvernement de promouvoir la croissance économique et de lutter contre la pauvreté et les inégalités de revenus et d’accès aux services sociaux de base (santé, éducation, énergie…).
Ces objectifs sont résumés dans le Plan Sénégal émergent (PSE) à travers le troisième Plan d’actions prioritaires des projets, programmes et réformes de l’Etat du Sénégal pour les cinq prochaines années (PAP 3 2024-2028). L’exploitation du pétrole et du gaz représente donc une réelle opportunité pour la création des richesses dans le pays.