Le ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, Jonathan Ignoumba a proposé une révision urgente des textes relatifs aux zones de pêche. Au regard des défis rencontrés par le secteur, le Conseil des ministres tenu mardi 25 juin, a donné son aval pour cette démarche afin de garantir la viabilité et la productivité du secteur. En effet, Jonathan Ignoumba a souligné la nécessité d’une révision urgente de la législation sur les zones de pêche afin de répondre aux nombreux défis actuels.
Parmi ces défis figurent la diminution des débarquements et des navires, la baisse du nombre de pirogues, la faillite d’une entreprise de pêche, le risque de fermeture d’une autre, et l’augmentation des coûts du carburant. La révision de ces textes vise à concevoir des réglementations qui permettront la reprise économique des entreprises du secteur et apporteront un soutien aux pêcheurs locaux, qui ont récemment dénoncé des abus de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN). Cette démarche inclut également la préservation des écosystèmes marins et la promotion d’une pêche responsable, essentielle pour la durabilité à long terme des ressources halieutiques.
Si ces changements portent leurs fruits, ils devraient contribuer à l’allégement du panier de la ménagère, conformément à la volonté du président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema. En optimisant l’exploitation des ressources halieutiques, le gouvernement espère stabiliser et réduire les coûts des produits de la pêche, rendant ainsi les produits halieutiques plus accessibles à la population.
Trois nouveaux chalutiers pour la Société industrielle et frigorifique du Gabon (Sifrigab)
Le ministre des Transports, de la Marine marchande et de la Mer, Dieudonné Loïc Ndinga Moudouma Moudouma a réceptionné en début de mois de mai 2024, au New Owendo international Port de Libreville, trois navires turcs battant pavillon gabonais. Il s’agit notamment de trois chalutiers qui vont rentrer dans le patrimoine de Sifrigab pour optimiser les ressources en matière de pêche en respectant la réglementation en vigueur en République gabonaise.
Convoyés par un patrouilleur de la marine nationale togolaise afin d’assurer leur protection dans le golfe de Guinée, une zone prisée par les pirates car fréquentée par des centaines de bateaux quotidiennement, les chalutiers turcs sont immatriculés par le Gabon.
Le président de la République chef de l’État, Brice Clotaire Oligui NGuéma s’est engagé à faire baisser drastiquement les charges du panier de la ménagère. Augmenter donc notre flotte de pêche va certainement pouvoir nous faire appliquer de meilleurs coûts pour nos produits halieutiques. Cette nouvelle acquisition est aussi nécessaire dans le sens où, dans notre région du golfe de Guinée, 40% des protéines que nous consommons viennent du Gabon,
a indiqué, à l’occasion, le ministre des Transports, de la Marine marchande et de la Mer.
1,4 milliard de FCFA d’investissement dans le secteur de la pêche
Plus encore, après l’acquisition de ces trois chalutiers, l’Etat gabonais a racheté entièrement les actifs de l’entreprise en épongeant une dette de 652 000 USD (400 millions de FCFA) auprès des anciens repreneurs ; une information qui ressort d’un entretien accordé au quotidien L’Union, par le ministre de l’Agriculture et de la Pêche, Jonathan Ignoumba. En outre, l’Etat a confié la gestion de la Sifrigab à l’entreprise IB-FISH Gabon, filiale du Groupe burkinabé Ebomaf, indique le site d’information gabonais Direct Infos Gabon.
A noter que dans le Plan national de développement de la Transition (PNDT), 1,3 million de USD (790 millions de francs) vont être mobilisés en 2024, pour la relance de l’usine. Une enveloppe supplémentaire de 1,06 million USD (657 millions de francs) va être débloquée pour la relance de l’industrialisation de la filière thonière. Soit un investissement global de 2,3 millions USD environ (1,4 milliard de FCFA). Ces 2 projets prioritaires, qui seront pilotés par la direction générale de Pêche, seront financés sur les ressources de l’Etat. Il s’agit d’un véritable réaménagement pour la survie du secteur pêche dans ce pays.
Sécurisation de la pêche à travers le système NEMO
Le gouvernement gabonais a lancé en 2021 la plateforme « Nemo » pour le suivi des embarcations de pêche artisanale maritime. Selon le gouvernement, la balise satellitaire « Nemo » permet de savoir à tout moment où se situe chaque embarcation et où se situe chaque pécheur. L’initiative rentre dans le cadre du renforcement de la surveillance des activités liées à la pêche.
Dans le cadre de ce programme, des navires pratiquant la pêche artisanale ont été équipés de balises satellites. En équipant les flottes de pêche artisanale du système NEMO pour mieux les contrôler tout en leur donnant plus d’autonomie, le gouvernement gabonais a franchi une étape majeure dans la surveillance de ses zones protégées tout en renforçant la sécurité de ses pêcheurs. Le projet repose sur des balises satellites solides, résistantes à l’eau de mer, autonomes et faciles à utiliser, qui ont été distribuées à l’ensemble des bateaux de pêche traditionnelle du pays.
Bien que l’industrie gabonaise de la pêche ait connu d’importantes améliorations, son potentiel reste largement inexploité. Tandis que la pêche traditionnelle représente les deux tiers de la prise totale de poissons dans le pays, les eaux au large de la côte gabonaise abritent une grande variété de poissons. On estime qu’elles pourraient permettre de pêcher chaque année 15 000 tonnes de thons et 12 000 tonnes de sardines. La flotte de pêche gabonaise était auparavant basée à Libreville, mais de nouveaux ports de pêche attirent aujourd’hui différentes flottes industrielles.
Des projets gouvernementaux de construction d’une conserverie, d’usines de production de farine de poissons et d’installations de stockage réfrigérées sont en cours, et la prise totale de poissons dans le pays atteint 47 470 tonnes, dont 80 % en provenance de l’océan Atlantique. Conformément aux traités internationaux et à la législation gabonaise, le pays dispose d’une zone économique exclusive qui s’étend jusqu’à 320 kilomètres au large de ses côtes et dans laquelle aucune entreprise de pêche étrangère ne peut pêcher sans l’accord du gouvernement. Le Gabon interdit ainsi aux chalutiers étrangers (principalement français et espagnols) et aux patrouilleurs de pêcher illégalement le thon dans ses eaux.
La FAO estime que le secteur de la pêche et de l’aquaculture peut grandement contribuer à créer des emplois au Gabon, notamment pour les jeunes, et à relever le défi de la sécurité alimentaire et de la nutrition. Selon les dernières données de la FAO, 423 exploitants pratiquent l’aquaculture et la pisciculture au Gabon, mais seuls 22,7% d’entre eux ont moins de 35 ans. Le Gabon s’appuie sur des technologies satellites de pointe pour se positionner comme un chef de file dans le domaine de la gestion durable des activités de pêche traditionnelle. Le pays compte porter la production halieutique nationale à 50 000 tonnes d’ici 2025.