Six mois de production à son compteur et la raffinerie de pétrole du groupe Dangote met à mal les raffineurs européens. En effet, selon les données de la société d’analyse Kpler, les exportations de gasoil du Nigérian ont atteint 100 000 barils par jour en mai 2024, soit près du double des livraisons réalisées en avril de la même année.
La raffinerie a « modifié les équilibres en Afrique de l’Ouest ». La quasi-totalité de ces hydrocarbures sont exportées vers les pays de l’Afrique de l’Ouest. Cette performance réalisée par le raffineur africain a perturbé l’activité des raffineurs européens dans la région. Notons que les exportations de gasoil de l’Union européenne (UE) et du Royaume-Uni vers l’Afrique de l’Ouest sont descendues à 29 000 barils par jour, soit leur plus bas niveau en quatre ans.
L’impact de Dangote dans ce secteur d’activité sera plus important lorsque la raffinerie qui a coûté 20 milliards de dollars US produira et exportera également de l’essence. Présentée comme la plus grande raffinerie du continent africain avec une capacité de production de 650 000 barils par jour, l’unité de production nigériane a été conçue pour traiter 100% du brut du pays. Selon la société, sa flexibilité lui permet également de traiter les produits venant de certains pays africain, d’Arabie Saoudite et même des Etats-Unis.
Adoptée en 2021, la loi pétrolière nigériane impose une teneur en soufre de 50 parties par million (ppm), conformément aux normes sous régionales de la CEDEAO adoptées en 2020. Toutefois, le régulateur a autorisé la vente locale de gasoil à plus de 200 ppm depuis le début de l’année. Ce, jusqu’en juin, afin de donner aux raffineries locales et aux importateurs plus de temps pour se conformer à la nouvelle norme.
Notons que Dangote raffine ses premières gouttes d’hydrocarbures alors que les pays européens, dont les principales plaques tournantes sont la Belgique et les Pays-Bas, renforcent les règles relatives aux exportations des produits à haute teneur en soufre. Par conséquent, les cargaisons de la raffinerie de Dangote ont trouvé leur place dans le marché local. Cette pratique a le mérite d’encourager la coopération Sud-Sud.
Vers la domestication du secteur énergétique africain
La raffinerie dont le promoteur est l’homme d’affaires nigérian Aliko Dangote est une véritable révolution pour le secteur énergétique africain. L’usine vise à répondre aux besoins croissants en carburant de qualité sur le continent mais aussi à l’export, conformément aux standards internationaux, notamment les normes européennes pour le jet A1. Cette infrastructure arrive à point nommé puisque les matières premières africaines sont exportées vers les marchés occidentaux à l’état brut.
Les premières cargaisons de produits raffinés dans les installations de Dangote vers Amsterdam (Pays-Bas) annoncent les couleurs d’une nouvelle ère dans le processus d’industrialisation de l’Afrique. Il est important de noter que BP, une compagnie britannique de recherche, d’extraction, de raffinage et de vente de pétrole a initié le transport de son premier chargement de carburant pour jets depuis la raffinerie de Dangote vers Rotterdam le 27 mai dernier.
Une première livraison qui marque un tournant dans l’approvisionnement énergétique européen. Ce premier envoi vers l’Europe, réalisé par le navire Doric Breeze, comprenait 45 000 tonnes métriques de kérosène, selon les données de S&P Global Commodities at Sea. Cet événement est un cas qui illustre l’expansion rapide des opérations de la raffinerie et son influence croissante sur les flux commerciaux. Une bonne nouvelle pour l’industrie africaine qui tente de se frayer un chemin sur le marché international.