Le Nigeria a infligé une amende de 220 millions de dollars au groupe américain Meta, maison mère de Facebook et WhatsApp, pour des violations « multiples et répétées » de la protection des données et des droits des consommateurs, selon les autorités. Cette décision a été prise après une enquête de plus de trois ans sur les pratiques du géant dans le pays. Dans un communiqué publié ce 19 juillet, la Commission fédérale de la concurrence et de la protection des consommateurs (Federal Competition and Consumer Protection Commission, FCCPC) accuse Meta d’avoir violé sur Facebook et WhatsApp les lois du Nigeria garantissant la protection des données personnelles.
Selon le communiqué signé du directeur général de la FCCPC, Adamu Abdullahi, l’enquête, menée entre mai 2021 et décembre 2023 par la FCCPC conjointement avec la Commission chargée de la protection des données au Nigeria, a démontré que Meta avait des « pratiques invasives » dans le pays en matière de protection des données et des consommateurs. Les conclusions de l’enquête retiennent cinq faits contre Meta : le refus aux Nigérians de choisir par eux-mêmes le partage de données, le transfert et le partage hors du pays de données personnelles d’utilisateurs nigérians en violation de la loi, l’abus de position dominante ou encore des discriminations et des disparités de traitement.
Outre la lourde amende, Meta doit
respecter la loi en vigueur et cesser d’exploiter les consommateurs nigérians et ses abus de marché ainsi que s’abstenir à l’avenir de toute conduite ou pratique similaire ne répondant pas aux critères applicables dans le pays,
précise Adamu Abdullahi, directeur général de la FCCPC.
Énième accusation pour non-protection des données personnelles
Une accusation qui n’est pas bien reçue par le géant américain.
Nous contestons cette décision de même que l’amende, et nous faisons appel,
a indiqué un porte-parole de WhatsApp dans un mail à l’AFP, précise Rfi. À titre de rappel, le géant américain fait face depuis plusieurs mois à la multiplication des poursuites de ce genre. Sur le continent, l’Afrique du Sud a été la première à mener des démarches. Début juillet, c’est l’Union européenne qui épinglait Meta pour violation des règles sur l’utilisation des données personnelles.
164,3 millions de nigérians connectés à Internet
En mars 2024, le Nigeria comptait environ 164,3 millions d’abonnement à l’internet, selon le site de la Commission nationale des communications (NCC). Les plateformes de Meta – WhatsApp, Facebook et Instagram – figurent parmi les plus populaires dans le pays. Bosun Tijani, le ministre chargé des Communications et de l’Economie numérique, a estimé en décembre à plus de 51 millions le nombre d’utilisateurs de WhatsApp au Nigeria. L’on s’en souvient encore, ce 18 avril 2024, Méta annonçait la nouvelle version de son IA pour 7 pays d’Afrique subsaharienne dans le but de « démocratiser » la technologie.
Les pays concernés sont le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Ghana, l’Ouganda, la Zambie, le Zimbabwe et le Malawi. D’après les annonces, il s’agit d’un assistant disponible dans les messages privés des réseaux sociaux comme Whatsapp, Instagram, Facebook et Messenger. Meta relance ainsi la concurrence dans le secteur de l’IA en Afrique dominé par Microsoft (qui t a intégré ChatGPT d’OpenAI dans son moteur de recherche Bing) ou Google (qui a intégré l’IA dans des produits tels que Docs, Gmail et Google Search).
37 pays africains disposent d’une loi nationale sur la protection des données
En Afrique, la protection des données personnelles est devenue une préoccupation croissante en raison de la digitalisation que connaît le continent au fil des années. Certains pays africains pionniers se sont intéressés, dès le début des années 2000, aux enjeux de la protection des données personnelles. En réponse à ces enjeux, plusieurs pays africains ont commencé à mettre en place des lois et des réglementations visant à encadrer la collecte, le traitement et la conservation des données personnelles. À ce jour, sur 54 pays africains, 37 disposent d’une loi nationale sur la protection des données. Il s’agit de : l’Afrique du Sud, Algérie, Angola, Bénin, Botswana, Burkina-Faso, Cap-vert, Comores, République démocratique du Congo, République du Congo, Côte d’Ivoire, Egypte; Eswatini, Gabon, Ghana, Guinée, Guinée équatoriale, Kenya, Lesotho, Madagascar, Mali, Maroc, Maurice, Mauritanie, Niger, Nigéria, Ouganda, Rwanda, Sao-Tomé-et-Principe, Sénégal, Seychelles, Tanzanie, Tchad, Togo, Tunisie, Zambie, Zimbabwé.