En quête d’un nouveau souffle, l’Etat gabonais entend enfin diversifier son économie. Pour ce faire, les autorités de la Transition sont prêtes à engager les ressources du pays pour obtenir des prêts auprès des banques privées. Cette mesure fait suite aux restrictions imposées par les créanciers officiels (à l’instar de la Banque mondiale) et les marchés régionaux et internationaux. Objectif, disposer des marges de manœuvres nécessaires au financement des projets prioritaires, notamment ceux contenus dans le Programme présidentiel d’urgence de la transition (Pput).
Le budget global d’investissement de ces projets est arrêté à 841,17 millions USD (497,8 milliards de FCFA). Plus de 582 millions USD (344,8 milliards de FCFA) devrait provenir des ressources propres du Gabon et près de 200 millions USD (117.6 milliards de FCFA) sont attendus de financements extérieurs. Le Pput greffé au Plan national de développement pour la transition (Pndt) contient un certain nombre de projets essentiellement infrastructurels.
On peut citer la réhabilitation et l’aménagement des voiries du Grand Libreville et celles des capitales provinciales, ainsi que des chefs-lieux des départements. Sont aussi prévus la rénovation des bâtiments des subdivisions et directions provinciales, la construction de logements, l’aménagement de bassins-versants, l’entretien des dépendances, l’assainissement de 500 km de réseau bitumé, ainsi que la réhabilitation des grands ouvrages tels que les ponts. Plus de la moitié du budget d’investissement de ce programme devrait d’ailleurs à terme, y être engagé, permettant ainsi l’amélioration des infrastructures routières, de transport, de l’énergie, des télécommunications et l’accessibilité des services de base à la population.
Kougouleu-Medouneu-Frontière Guinée-Equatoriale, principal projet infrastructurel
D’un linéaire de 168 km, le projet phare du Pput est l’axe Kougouleu-Medouneu-Frontière Guinée-Equatoriale. La première phase d’études s’étend sur 11 mois. La Cemac finance l’infrastructure à un peu plus de 1,68 millions USD (1 milliard de FCFA). La deuxième phase des travaux d’aménagement en béton bitumineux s’effectuera sur une période de 36 mois. Au total, cette route devrait coûter 340,6 millions USD (201,6 milliards de FCFA). Selon les termes de référence, la réalisation de ce projet routier permettra de stimuler le commerce, favoriser les échanges entre le Gabon et la Guinée équatoriale, réduire le temps de trajet et améliorer la fluidité des échanges commerciaux, élargissant ainsi le marché des biens et services.
A côté de cette infrastructure routière, la construction du linéaire Makokou-Mekambo-Ekata est également l’un projet d’envergure contenu dans le Pput. Prévu pour durer quatre ans, ce projet d’un linéaire de 260 Km devrait améliorer la fluidité du trafic dans l’hinterland et développer le potentiel touristique de la région (notamment les provinces de l’Ogooué-Ivindo et Woleu-Ntem). Le coût du projet est estimé à 428,51 millions USD (253 milliards de FCFA).
Ces deux projets sont cruciaux pour le développement du pays. L’actuel président entend les mener à terme. Ce dernier devrait toutefois se heurter à la situation difficile actuelle des finances publiques. L’on se souvient que début 2024, la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (Bdeac) et l’État gabonais ont prolongé les périodes de souscription sur leurs émissions obligataires respectives, faute d’avoir mobilisé la totalité de l’enveloppe sollicitée. Pourtant ils sont des émetteurs de référence dans la région.
Le Plan national de développement pour la transition (Pndt) fixe le cap de la stratégie de développement du Gabon sur les trois prochaines années (2024-2026). Ce plan national vise à assurer la diversification de l’économie gabonaise, traditionnellement centrée sur l’exploitation pétrolière. En développant d’autres secteurs tels que l’agriculture, le tourisme, l’industrie et les services, le Gabon veut garantir une croissance économique durable et inclusive.
Le Pndt s’articule autour de quatre piliers essentiels : le développement des infrastructures stratégiques, la diversification économique, la promotion d’un nouveau pacte social pour un développement inclusif et le renforcement de la durabilité environnementale. Le Pput qui arrive en prévision du Pndt augure une transformation réelle de l’environnement économique gabonais.