La Côte d’Ivoire est le 1er pays exportateur africain de caoutchouc naturel. La production d’hévéa se concentre dans la partie sud du pays (sud, sud-est, sud-ouest). Elle s’étend de plus en plus dans les zones centre et est au détriment du café et du cacao. Les localités les plus productrices sont Bonoua, Anguédédou, Sikensi, Dabou, San-Pedro, Grand Bereby, Soubré, Gagnoa et Bettié.
D’un point de vue économique, le caoutchouc naturel est devenu le deuxième produit agricole d’exportation du pays après le cacao. En 2018, le chiffre d’affaires de cette filière a atteint 820 millions de dollars US (495 milliards de F CFA) dont 165 millions de dollars US (100 milliards de F CFA) alloués aux producteurs. Durant cette même période, les revenus distribués aux paysans ont augmenté, passant de 66 millions de dollars américains (40 milliards de F CFA) à 165 millions de dollars américains (100 milliards de F CFA), a annoncé Koffi Konan Albert, le secrétaire exécutif adjoint de l’Association des professionnels du caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire (Apromac). La filière soutient la subsistance de 900 000 personnes et génère 300 000 emplois directs.
500 000 tonnes transformées localement par an
Dans le but de transformer l’intégralité de la production de caoutchouc naturel ivoirien d’ici fin 2024, le gouvernement a inauguré la plus grande usine de transformation du caoutchouc d’Afrique, le 26 octobre 2023, une usine de traitement d’une capacité de 60 000 tonnes de caoutchouc par an, l’usine Loeth, construite par la Société africaine de plantation d’hévéa (SAPH) à Soubré, dans l’ouest du pays.
Selon les autorités ivoiriennes, cette nouvelle manufacture, d’une valeur de 33 millions de dollars US (20 milliards de francs CFA) va générer plus de 600 emplois directs et indirects, dont 320 emplois existants, avec plus de 20% d’emplois pour des femmes. Offrant des opportunités d’affaires pour les entreprises de la localité de Soubré. Le secteur de la transformation reste un enjeu majeur pour la Côte d’Ivoire. Actuellement, seulement 30 à 40 % de la production nationale est transformée localement, avec une capacité industrielle installée d’environ 500 000 tonnes par an.
Le reste est exporté sous forme de latex ou de caoutchouc brut, selon les données collectées par les experts d’Afrika Foward. Ils sont principalement exportés vers l’Asie, notamment la Chine et la Malaisie, où ils sont transformés. Le pays dispose de plusieurs usines de transformation, principalement situées dans les régions de Grand-Bassam, San Pedro et Abidjan. Ces usines produisent divers produits dérivés du caoutchouc naturel, notamment des pneus, des semelles de chaussures, des gants industriels, et des pièces pour l’industrie automobile.
Valorisation du bois d’hévéa
La Côte d’Ivoire entend trouver un débouché en produits finis de haute valeur, pour le bois issu des arbres à caoutchouc abattus dans les plantations d’hévéa, lorsque ces derniers ne produisent plus suffisamment de latex. La transformation du bois exotique d’hévéa en bois d’œuvre et en bois d’énergie devrait permettre à la Côte d’Ivoire de produire environ 700 000 m3 (mètre cubes) de sciages avivés/an au prix de 102 dollars US à 507 dollars US (65 000 à 300 000 FCFA), le mètre cube.
La culture d’hévéa en Côte d’Ivoire est la principale rémunération venant de la commercialisation du caoutchouc. Et aujourd’hui, vu qu’on sait très bien que les cours montent et baissent, il faut retrouver des revenus complémentaires pour le producteur. Et effectivement, aujourd’hui, nous parlons du bois d’hévéa et le bois d’hévéa devrait dans l’avenir faire l’objet de revenus supplémentaires pour le producteur,
affirme Emmanuel Yacé, président de l’Association des professionnels du caoutchouc en Côte d’Ivoire, cité par Africa 24.
Transformer 100% de sa production de caoutchouc naturel d’ici 2025
L’objectif de la Côte d’Ivoire est de transformer 100% de sa production de caoutchouc naturel d’ici 2025, contre environ 80 % en 2021. Pour ce faire, le pays a besoin de nouvelles unités de 1ère transformation pour atteindre l’objectif de transformation de 100% d’ici 2025, et d’unités de 2nde transformation qui est un segment quasiment inexploité à ce jour. C’est l’ambition de la Fédération des organisations professionnelles agricoles de producteurs de la filière hévéa de Côte d’Ivoire (FPH-CI) d’accroitre la surface plantée d’hévéa de 100 000 hectares d’ici 2027.
Le caoutchouc naturel est un matériau exceptionnellement solide, flexible et extrêmement étanche. Il est utilisé dans la fabrication des pneus, des semelles de chaussures, des gants en caoutchouc (gants jetables et réutilisables). Il est également utilisé dans la fabrication des préservatifs, les ballons ainsi que les produits industriels (fabrication de courroies, de joints d’étanchéité, de tuyaux, et de tapis industriels etc.), le matériel médical (cathéters, les tubes respiratoires et d’autres dispositifs médicaux ainsi que les matelas et oreillers en latex). Ces produits illustrent l’importance du caoutchouc naturel dans de nombreux secteurs industriels et domestiques.
Des facilités fiscales aux investisseurs
Les autorités ont mis en place des facilités fiscales pour les investisseurs. C’est-à-dire des exonérations sur les équipements importés et des crédits d’impôts. Plusieurs unités de transformation sont annoncées dans les zones de production. L’ordonnance N° 2019-826 du 09 octobre 2019 accorde des mesures fiscales incitatives spécifiques, c’est-à-dire des avantages additionnels à ceux prévus par le code des investissements, aux transformateurs de l’hévéa (la durée de l’ordonnance est de 3 ans).
Dans une démarche participative, l’ensemble de la chaîne de valeur de la filière, avec à sa tête l’Association des professionnels du caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire (Apromac), le Conseil hévéa palmier à huile (Chph) a procédé à la promotion de l’industrie du caoutchouc en Côte d’Ivoire depuis quelques années. L’activité de transformation de l’hévéa est éligible au code des investissements ; ce qui accorde à ces opérateurs des exonérations fiscales et douanières.