Aggreko, une société britannique qui produit 30% de l’électricité distribuée par la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) dans le Grand Libreville, réclame plus de 25 millions USD (15 milliards de FCFA) à cette dernière. L’information est révélée dans une correspondance du top management d’Aggreko en date du 12 août 2024. Dans laquelle l’entreprise menace de procéder « à l’arrêt complet de sa centrale électrique le 21 août 2024 » au cas où la SEEG ne règle pas l’intégralité de la dette.
Selon Aggreko, qui est en contrat avec la SEEG depuis 20 ans, cette mise en garde vient après plusieurs relances infructueuses auprès du concessionnaire du secteur de l’eau et de l’électricité au Gabon. En effet, révèle la société britannique dans son courrier,
à la suite de notre correspondance du 26 juillet 2024 à laquelle la SEEG nous a répondu le 5 août 2024 sans nous proposer ni un paiement immédiat, ni un échéancier de paiement, Aggreko a réduit, le mercredi 7 août 2024, la puissance de la centrale de 25 MW en se fondant sur l’article 7.12 du Contrat.
En conséquence, ces derniers jours, le réseau électrique de Grand Libreville a été perturbé par des coupures d’électricité récurrentes.
Présentement la coupure n’a pas encore été effective. Mais depuis déjà quelques jours on a des coupures d’électricité par secteur. Cela dure 30mm, 1 heure, parfois plus. Ce qui n’existait pas auparavant,
affirme une habitante de Libreville.
Ce que réfute la SEEG. Qui, dans un communiqué en date du 19 août 2024, attribue ces coupures à « des indisponibilités de 2 turbines à la centrale hydroélectrique de Tchimbélé ». Mais aussi à « la baisse de la retenue d’eau des barrages de Kinguélé-Tchimbélé, qui arrivent en cette période de saison sèche à des valeurs très critiques, limitant de plus en plus l’exploitation des groupes à leur pleine capacité », indique la société gabonaise dans un communiqué.
Pour rappel, la mise en arrêt annoncée par Aggreko intervient dans un contexte où la SEEG est secouée par un scandale de détournements de ses recettes par ses partenaires. En effet, selon le concessionnaire public de l’énergie et de l’eau au Gabon, un réseau parallèle de vente des billets prépayés d’électricité sur toute l’étendue du territoire national avait été installé par ces partenaires. Un réseau parallèle de ventes non comptabilisées par la SEEG, qui serait à l’origine d’énormes pertes financières à la SEEG plongée dans des difficultés financières.
2 milliards USD pour la réalisation des projets d’énergie électrique entre 2024-2026
Sur la période 2024-2026, le Gabon compte investir près de 2 milliards USD (1134,5 milliards FCFA) pour la réalisation des projets d’énergie électrique dans le pays, à raison de 640 millions USD (378,1 milliards de FCFA) chaque année, indique le média gabonais Le Nouveau Gabon, qui cite le Plan national de développement pour la transition (PNDT). Ces financements serviront notamment à accroître l’accès aux services de l’électricité et à la mise en place d’un marché national de l’électricité connecté aux marchés sous-régionaux.
Dans le détail, 342 millions USD (202 milliards FCFA) vont être consacrés au développement des projets d’aménagement hydroélectrique de l’Impératrice Eugénie (120 MW), tandis que 72 millions USD (42,5 milliards FCFA) devront être investis pour l’aménagement hydroélectrique de FE2 (56 MW), 50,85 millions USD (30 milliards FCFA) pour la construction de la centrale thermique gaz de Mayumba (50 MW), 664, 49 millions USD (392 milliards FCFA) pour le projet de construction de la Centrale thermique de Ngoulemendjim, 318, 68 USD (188 milliards FCFA) pour la Centrale thermique à Gaz d’Owendo. Pour l’essentiel, les financements nécessaires à la réalisation de ces projets ont déjà été mobilisés, indique Le Nouveau Gabon.
423, 78 millions USD (250 milliards FCFA) restent à mobiliser
À côté de ces projets, il y en a dont les financements restent encore à mobiliser. Notamment, le projet de construction des lignes électriques entre Mayumba et Tchibanga qui va nécessiter un investissement de 50 millions USD (30 milliards FCFA), la construction d’une ligne électrique 225 kV entre Fougamou et Ntoum 2 et d’un poste 225/30 kV à Bifoun pour 144,08 millions USD (85 milliards FCFA), la construction d’une ligne d’interconnexion électrique 110 kV entre Cogo (Guinée Équatoriale) et Ntoum pour un montant de 42,37 millions USD (25 milliards FCFA. Ces financements restants devront être mobilisés notamment auprès des bailleurs de fonds.
Pour tous ces projets et bien d’autres, ce sont au total 1 499, 34 millions USD (884,5 milliards FCFA) qui ont déjà été mobilisés et 423, 78 millions USD (250 milliards FCFA) restent à mobiliser selon le PNDT. La réalisation de ces projets permettra de réduire le déficit énergétique dans un contexte où la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) peine à satisfaire la demande locale. D’après le Plan sectoriel électricité horizon 2046, le Gabon veut atteindre une puissance installée en énergie hydroélectrique de 2 000 MW.