L’urbanisation rapide et l’augmentation des revenus en Afrique créent une opportunité significative pour les abattoirs modernes. Actuellement, la viande importée représente 40% de la consommation dans certains pays, selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), dans son ouvrage Statistiques sur la consommation de viande et les déficits de production.
Au Cameroun, le potentiel est considérable en raison de la demande locale croissante et des déficits de production. Dans ce pays d’Afrique centrale, la consommation de viande augmente de 6% par an. Même potentiel au Nigeria. La population en pleine expansion représente un marché clé pour l’industrie de la viande. La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso utilisent leurs abattoirs modernes pour répondre non seulement à la demande intérieure, mais aussi pour pénétrer les marchés d’exportation. La Côte d’Ivoire vise le marché européen avec des produits de haute qualité.
Ainsi, la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (Bidc) a approuvé l’allocation de 94 millions $ (56,5 milliards de FCFA) en soutien à un projet dans le secteur de l’élevage en Côte d’Ivoire. L’annonce a été faite le 11 juillet 2024 au cours de la 88e réunion du Conseil d’administration de la Bidc. En effet, Les abattoirs modernes en Afrique se distinguent par des services améliorés en matière d’hygiène, de traçabilité et de transformation des produits carnés. Ces infrastructures permettent de centraliser la production, d’améliorer la qualité et de répondre aux exigences des marchés internationaux.
Au Cameroun, les abattoirs modernisés de Douala et Yaoundé offrent des services de transformation et de conditionnement de viande. Ce qui permet de maximiser la valeur des produits. En Côte d’Ivoire, ceux-ci sont équipés de technologies de pointe pour garantir la traçabilité, essentielle pour les exportations vers l’Europe. Au Burkina Faso, la transformation locale des produits ajoute de la valeur et crée des emplois dans les zones rurales. Au Niger et au Tchad, les nouveaux projets d’abattoirs visent également à améliorer la qualité des produits et à assurer une traçabilité optimale pour répondre aux besoins locaux et potentiellement aux marchés d’exportation.
Par ailleurs, malgré son fort potentiel agricole et halieutique, la zone Cemac continue de crouler sous le poids d’importantes importations de produits de consommation courante et de première nécessité. Selon les statistiques de la FAO et de l’International trad statistics 2018, les pays de la région ont importé plus de 402 millions de dollars US (237 milliards de FCFA) de viande.
L’implémentation progressive
Bien que le nombre d’abattoirs modernes en Afrique reste limité par rapport à la demande croissante, des initiatives récentes montrent une tendance à la hausse. En Tanzanie, un abattoir moderne récemment inauguré peut traiter 12 000 bovins et 18 000 chèvres, un modèle potentiellement réplicable ailleurs. Au Cameroun, les abattoirs à Douala et Yaoundé traitent des milliers de têtes de bétail chaque année. Cependant, des investissements supplémentaires sont nécessaires pour répondre à la demande croissante.
Au Nigeria, plusieurs projets d’abattoirs modernes sont en cours pour augmenter la capacité de production et réduire la dépendance aux importations. En Côte d’Ivoire, les abattoirs modernes augmentent considérablement le volume de viande transformée, tant pour le marché local que pour l’exportation. Au Niger et au Tchad, les projets en développement visent à améliorer les capacités de production, avec des investissements qui pourraient transformer ces secteurs et répondre aux besoins croissants en viande.
Le modèle d’investissement : partenariats public-privé et financements innovants
Les abattoirs modernes en Afrique bénéficient de plus en plus de partenariats public-privé (PPP) et de financements innovants. Au Cameroun, des projets tels que la modernisation des abattoirs de Douala et Yaoundé ont été soutenus par des collaborations entre l’État et des investisseurs étrangers. Ces PPP permettent non seulement de partager les risques financiers mais aussi d’optimiser la gestion des infrastructures.
Au Nigeria, avec une demande de viande estimée à 470 000 tonnes en 2024, les investisseurs sont encouragés à développer des abattoirs modernes pour combler un déficit de production de 90 000 tonnes. Cette initiative est cruciale pour moderniser un secteur encore largement dominé par des pratiques traditionnelles, et pour ouvrir des perspectives d’exportation vers des marchés internationaux. En Côte d’Ivoire, les PPP soutiennent la construction d’abattoirs conformes aux normes internationales, tandis qu’au Burkina Faso, des financements mixtes impliquant des organisations internationales, des investisseurs privés et l’État visent à moderniser les infrastructures et à rendre les produits compétitifs à l’échelle régionale.
Au Niger et au Tchad, des initiatives récentes montrent un intérêt croissant pour le développement d’abattoirs modernes. Au Niger, un projet en cours à Niamey prévoit une capacité de transformation accrue, tandis qu’au Tchad, des investissements sont envisagés pour améliorer les infrastructures existantes et augmenter la capacité de production.
Grâce aux partenariats public-privé et aux financements innovants, des pays comme le Cameroun, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, ainsi que le Niger et le Tchad, opèrent une transformation majeure dans le secteur de la viande. Toutefois, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour étendre ces infrastructures à l’échelle du continent et garantir une production suffisante pour satisfaire les besoins des consommateurs africains et conquérir les marchés extérieurs.