La journée mondiale de l’alimentation a lieu ce 16 octobre sous le thème : « L’eau c’est la vie, l’eau nous nourrit. Ne laisser personne de côté » qui souligne la relation intrinsèque entre l’eau, les systèmes agro-alimentaires et la vie elle-même. Qu’est-ce qui a motivé le choix d’une telle thématique ?
Je voudrais d’abord rappeler que la Journée mondiale de l’alimentation est célébrée chaque année dans le monde entier sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cette date a été retenue car c’est celle de la fondation de la FAO en 1945.
La Journée mondiale de l’alimentation (JMA) a été créée par les pays membres de la FAO lors de la vingtième conférence générale de l’Organisation en novembre 1979 dans le but de sensibiliser le public et les dirigeants sur les questions de la pauvreté et la faim. Depuis 1981, la Journée mondiale de l’alimentation a adopté chaque année un thème différent afin de mettre l’accent sur les différents domaines d’action prioritaires et de donner une orientation commune.
Le choix de la thématique de 2023 est motivé par le fait que l’eau est essentielle à la vie sur la terre. Elle recouvre la majorité de la surface terrestre, constitue 50 pour cent de notre corps, produit notre nourriture et contribue à nos moyens d’existence. Actuellement, 70% de l’utilisation de l’eau dans le monde sont la principale cause de perte de biodiversité terrestre, ce qui exerce une pression sur les chaînes de valeur alimentaires.
En outre, depuis 2015, les Nations Unies ont adopté les objectifs de développement durable (ODD) comme plan de paix et de prospérité dans le monde. Au cœur de ce plan, ont été définis 17 ODD composés de 169 cibles portant sur la santé, l’éducation, l’inégalité, la croissance économique, l’eau et le climat. L’eau apparaît directement, ou indirectement, au centre de tous les objectifs de développement durable, assurant d’ailleurs une connexion entre eux.
Ainsi, l’eau est le centre gravitaire des systèmes agroalimentaires ; peut – et doit – être un élément central de la solution climatique mondiale. L’eau accélère considérablement l’action climatique et la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) avec sa grande et positive contribution dans des systèmes agroalimentaires sains, efficaces, inclusifs, résilients et durables.
Il faudra aussi comprendre que la thématique de cette année met au-devant de la scène les 2,4 milliards de personnes qui vivent dans des pays soumis à un stress hydrique et dont beaucoup sont de petits exploitants agricoles, des femmes, des peuples autochtones, des migrants et des réfugiés qui ont déjà du mal à subvenir à leurs besoins journaliers.
Il est clair qu’il existe une relation intrinsèque entre la qualité de l’eau, l’agro-alimentaire et la vie elle-même. Qu’est ce qui est fait par la FAO pour protéger les précieuses ressources en eau en Afrique afin de lutter contre l’insécurité alimentaire ?
Pour vivre, tout être humain a impérativement besoin de nourriture et d’eau. L’eau joue un rôle capital dans tous les aspects des systèmes alimentaires, à la fois dans la production, la transformation, la préparation, la consommation et, dans une certaine mesure, la distribution.
L’accès à des volumes d’eau de quantité et de qualité appropriées est fondamental pour garantir l’existence de systèmes alimentaires sûrs et la stabilité de la société. La qualité de l’eau est un élément clé des systèmes alimentaires durables.
Et voilà pourquoi la FAO mène plusieurs programmes, projets et initiatives en Afrique pour protéger les précieuses ressources en eau afin de lutter contre l’insécurité alimentaire.
Notre organisation fournit divers soutiens pour répondre aux besoins réels des pays africains, notamment en fournissant des solutions techniques pour la collecte des eaux de pluie, le stockage et la recharge des aquifères, les ressources en eau agricoles non conventionnelles, les systèmes d’irrigation et les passes à poissons.
La FAO travaille également avec les pays du continent pour compiler des données sur les besoins et le potentiel d’irrigation afin d’éclairer la prise de décision en matière de planification, d’investissement et de financement. De plus, la FAO s’appuie sur des plateformes telles que la plateforme d’accès libre WaPOR pour les données de télédétection sur les niveaux de production des ressources en eau (qui a atteint une couverture mondiale) et le cadre mondial sur la pénurie d’eau agricole pour fournir des données et des informations aux pays.
En outre, pour trier les informations et consolider les opinions, la FAO mène des évaluations régulières pour comprendre l’impact des inondations sur l’agriculture et les zones rurales dans des pays comme le Cameroun, le Burkina Faso, le Niger, le Malawi, l’Ethiopie, la République Centrafricaine, le Tchad, etc.
De plus, afin d’aider les pays à accélérer la mise en œuvre de l’Agenda 2030, la FAO fournit activement une assistance financière et technique pour promouvoir la formulation de « Feuilles de route nationales pour les ressources en eau » afin d’assurer leur gestion durable, mais aussi renforce la coordination intersectorielle sur la gestion durable des ressources en eau et appuie les organismes de bassins comme la CBLT, l’ABN, l’OMVS, l’OMVG, etc, dans la gouvernance des ressources transfrontalières.
Toujours en restant dans le même sillage, la FAO met en œuvre «l’initiative 1 million de citernes pour le Sahel » qui promeut et facilite la mise en place de dispositifs de collecte et de stockage d’eau pluviale pour les communautés vulnérables. Cetteinitiative a permis à des millions de personnes au Sahel d’accéder facilement à l’eau potable, de disposer d’un surplus pour renforcer leur production agricole familiale, d’améliorer leur sécurité alimentaire et nutritionnelle et de renforcer leur résilience.
Il faut également comprendre que la FAO est championne dans la protection des ressources en eau afin de lutter contre l’insécurité alimentaire. Pour preuve, le 04 octobre 2023, lors de la cérémonie d’ouverture du Dialogue de Rome sur l’eau 2023, le Docteur Qu Dongyu, Directeur Général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, a réaffirmé la nécessité d’adhérer aux principes de et de mettre en œuvre la politique des 4R («Réduire», «Réutiliser», «Recycler» et «Remplacer») pour surmonter efficacement les graves problèmes de pollution de l’eau, les défis liés aux ressources et prévenir et répondre de manière proactive aux problèmes liés à l’eau.
Avec une augmentation prévue de 50% de la demande des denrées alimentaires, d’aliments pour animaux et de biocarburants d’ici 2050, l’épuisement des eaux souterraines, s’il n’est pas freiné, menace de compromettre la sécurité alimentaire. Qu’est ce qui est prévu dans l’agenda de la FAO pour qu’un tel chaos ne se produise pas ?
Pour qu’un tel chaos ne se produise pas, la FAO encourage la mise en place de pratiques permettant de renforcer l’efficacité de l’irrigation et d’augmenter la productivité de l’eau, l’adoption d’infrastructures d’irrigation résilientes face aux changements climatiques, la mise en place de pratiques adéquates en matière de gestion des sols (notamment leur fertilité) et de l’eau dans les exploitations, et l’utilisation de variétés de cultures à haut rendement et tolérantes à la sécheresse, de stratégies d’utilisation polyvalente et productive de l’eau dans les zones rurales (telles que les installations d’abreuvement du bétail, les réservoirs et les canaux d’irrigation) et la réhabilitation des bassins versants afin de rendre la production alimentaire plus durable.
Dans certains pays comme le Cameroun et le Tchad, le rendement de l’agriculture pluviale pourrait être multiplié par deux voire trois fois avec l’adoption d’une gestion résiliente des ressources en eau, la conservation des sols et de l’eau, la sélection de variétés tolérantes à la sécheresse et l’irrigation d’appoint.
Par exemple, la FAO mène présentement des activités sur la valorisation de l’eau à travers des systèmes d’irrigation goûte à goûte et des systèmes intégrés entre la pisciculture et le maraîchage dans les régions de l’Extrême Nord et du Nord du Cameroun dans le cadre de ses projets de sécurité alimentaire.
Aussi, la FAO a d’une part amplement renforcé les capacités des producteurs de ces deux régions du Cameroun sur les techniques de production favorisant l’utilisation rationnelle de l’eau et d’autre part conduit l’élaboration du Schéma Directeur sur la valorisation intégrée des ressources en eaux centrée sur l’irrigation et d’autres usages en République du Cameroun. Ce schéma prévoit en priorité, la mise en œuvre de programmes novateurs d’utilisation durable de l’eau dans des secteurs clé, selon les principes de la Gestion Intégrée des Ressources en Eaux (GIRE).
La FAO investit aussi dans la récupération des eaux de pluie, les mesures de conservation des sols et de l’eau, l’agriculture de conservation et l’agroforesterie. Ces actions sont très bénéfiques pour les petites exploitations pratiquant l’agriculture pluviale.
Pour éviter le chaos aussi, l’agenda de la FAO accorde une place de choix à la lutte contre la pollution de l’eau, la protection des écosystèmes, la promotion des pratiques moins polluantes et des solutions techniques les plus en pointe en matière de traitement, de gestion et de réutilisation des eaux usées. La FAO appuie aussi les techniques liées aux méthodes de récolte, aux installations de stockage et de refroidissement, ainsi que la transformation des produits périssables.
A date, quelles sont les actions concrètes – exemple à l’appui, entreprises par la FAO pour lutter contre l’épuisement et la pollution des eaux souterraines en Afrique ?
La qualité et la disponibilité des ressources en eau sont directement liées aux sols, lesquels fournissent plusieurs services écosystémiques, tels que l’infiltration, le stockage et la rétention de l’eau, la régulation des inondations et l’auto-épuration de l’eau. Compte tenu de ces fortes interconnexions et synergies entre l’eau et les sols, la FAO adopte des approches globales et intégrées pour mieux lutter contre l’épuisement et la pollution des eaux souterraines en Afrique tant aux niveaux national, régional et continental qu’à l’échelle des bassins.
Aujourd’hui quelque 600 millions de personnes qui dépendent, du moins en partie, des systèmes alimentaires aquatiques pour vivre subissent les effets de la pollution, de la dégradation des écosystèmes, de pratiques non durables et du changement climatique.
Pour faire face à cette situation, la FAO privilégie la production davantage d’aliments et autres produits agricoles essentiels avec moins d’eau, tout en veillant à une distribution égalitaire de l’eau, à la sauvegarde des systèmes alimentaires aquatiques, et à ne laisser personne de côté.
La FAO promeut des pratiques agricoles qui utilisent moins d’engrais et de pesticides. Cela permet d’éviter la contamination de l’eau par des nitrates et des phosphates, ce qui peut avoir des effets néfastes sur la santé humaine et animale. De plus, les pratiques d’irrigation pouvant entraîner une salinisation des sols et une diminution de la qualité de l’eau sont bannies par notre organisation. La qualité de l’eau est un élément clé des systèmes alimentaires durables promus par la FAO.
Dans le Nord du Cameroun, nous appliquons et vulgarisons des outils, techniques, technologies et innovations qui ont augmenté les rendements agricoles, amélioré la sécurité alimentaire, favorisé la recharge locale des nappes phréatiques, augmenté le nombre d’arbres et leur productivité, ralenti l’exode et tant d’autres impacts qui ont été souvent ignorés dans les évaluations.
Les exemples font foison au Tchad, en Zambie, en Angola, en Éthiopie, au Burkina Faso, au Mali et au Niger où la FAO a initié de bonnes pratiques de gestion durable des terres, le développement participatif des techniques et technologies adaptées ainsi que le renforcement des capacités techniques, matérielles et pédagogiques de milliers de producteurs vulgarisateurs endogènes en vue de la diffusion à plus large échelle de ces techniques et technologies de conservation des eaux et des sols et de restauration des ressources naturelles. L’analyse des impacts de ces investissements a révélé également la création de systèmes de production plus complexes et plus productifs et surtout une transformation positive de l’environnement à travers le verdissement et l’amélioration des services environnementaux, ce qui navigue à contre-courant de l’épuisement et la pollution des eaux souterraines en Afrique.
Il faudra aussi savoir que la FAO est à l’initiative de plusieurs lois et règlementations interdisant l’utilisation de nombreux pesticides, insecticides, engrais et médicaments couramment administrés aux cultures et aux animaux dans le cadre de l’agriculture et de l’élevage traditionnel. La FAO privilégie une alimentation biologique et encourage la réduction de la quantité de produits et substances déversés dans nos eaux.
Nous appuyons aussi les politiques actuelles en matière d’utilisation de l’eau en Afrique dans l’ensemble du système alimentaire afin qu’elles soient durables sur le plan économique et environnemental. La FAO a conduit un plaidoyer et lobbying efficaces en Erythrée, au Malawi, à Madagascar, au Burundi, en RDC et au Togo pour des politiques et les investissements susceptibles d’améliorer l’accès à l’eau potable, ainsi que la gestion durable des écosystèmes d’eau douce, et par ricochet à l’atteinte des objectifs plus vastes en matière de durabilité alimentaire.
L’utilisation inconsidérée d’engrais et de pesticides entraîne une pollution des aquifères et des eaux de surface. Quelles sont les solutions préconisées par la FAO pour y remédier ?
Les solutions préconisées par la FAO pour remédier à l’utilisation inconsidérée d’engrais et de pesticides entrainant une pollution des aquifères et eaux de surface portent sur des efforts concertés pour gérer la dégradation des sols grâce à la Gestion Durable des Terres (GDT) avec un focus sur la rareté de l’eau, la fertilité des sols, la biodiversité et la productivité des écosystèmes.
A ce propos la FAO met l’accent par exemple sur l’approche micro-bassin versant avec un plan d’aménagement et de gestion des zones humides. Ce type d’aménagement lutte contre la pollution des aquifères et eaux de surface tout en protégeant les plans d’eau contre l’ensablement, libère les berges occupées de façon inappropriée, et permet dans des zones comme les régions du Grand Nord au Cameroun de récupérer des terres dégradées/marginales pour reconstituer leur potentiel agricole.
En dehors de cette approche, la FAO développe d’autres solutions de protection de l’eau contre l’envasement et la pollution tout en reconstituant des sols devenus impropres à la production végétale pour assurer une exploitation rizicole et maraichère durant toute l’année dans six communes de Maroua et de Garoua.
De même des aménagements en digues et diguettes pour protéger les berges des barrages et les eaux de surface ont été faits. Ils ont non seulement permis de remédier à la pollution des aquifères et plans d’eau, mais ont surtout assuré la récupération des terres dénudées attenantes. Ainsi la production rizicole en pluvial en alternance avec une production maraichère en saison sèche a été développée dans beaucoup de pays de la bande africaine.
Parmi les pratiques, technologies et stratégies expérimentées et éprouvées en termes d’amélioration de la fertilité des sols, je voudrais signaler que la FAO a appuyé de nombreux pays dans l’aménagement des demies lunes, les cordons pierreux, le zaï, l’agroforesterie, les techniques de régénération naturelles, les fosses fumières (le compostage), l’utilisation d’engrais organiques, les techniques et stratégies de reboisement, la gestion des parcours naturels, et la gestion concertée des ressources naturelles, etc.
Ces techniques reconnues garantissent une production agricole pouvant couvrir les besoins alimentaires de la population des pays, le développement et l’application de bonnes pratiques de gestion intégrée et durable des ressources naturelles et se présentent comme l’une des principales et meilleures alternatives pour remédier à l’utilisation incontrôléed’engrais et de pesticides entraînant une pollution des aquifères et des eaux de surface.
La réalisation de l’ODD 6 à savoir garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable d’ici 2030 nécessite une collaboration entre les parties prenantes, y compris le secteur privé. Où vous situez-vous par rapport à cette collaboration ?
La FAO s’est engagée à poursuivre son action en faveur de l’eau à l’appui du Programme de développement durable à l’horizon 2030 en favorisant des échanges multisectorielsavec différentes catégories d’acteurs, en particulier le secteur privé.
La réalisation de l’ODD 6 est au centre de plusieurs enjeux géopolitiques et stratégiques, reçoit l’attention de la communauté internationale au travers d’une diversité de programmes sur l’eau. Toutefois, on peut relever que la multiplicité des programmes et des agendas reste encore très peu harmonisée. Voilà pourquoi, la FAO plaide pour un partenariat fécond entre les différentes agences des Nations unies et une coopération, collaboration et coordination plus fine et élargie avec le secteur privé.
En fait, nous avons besoin de la collaboration avec le secteur privé dont les capacités et expertises sont connues. Le secteur privé permet de mieux bâtir des systèmes de distribution et d’assainissement très performants. Le secteur privé a également tous les outils et instruments et les ressources techniques et financières pour traiter les eaux usées et entretenir les réseaux et aider de manière individuelle et collective à protéger la qualité de l’eau.
Dans beaucoup de pays africains, le secteur privé a aidé au renforcement de la desserte en eau et à l’assainissement à travers des solutions adaptées et un processus participatif de partage des connaissances. La collaboration avec le secteur privé représente une opportunité pour réaliser l’ODD 6 et atteindre l’autosuffisance alimentaire et ainsi améliorer les conditions de vie des populations.
D’ailleurs, le Bureau de la FAO au Cameroun met en avant les interconnexions et synergies avec le secteur privé, notamment le secteur portuaire sur des solutions associant la question de l’eau à celles des sols, des terres, du changement climatique, de la biodiversité, de la pêche, des forêts, de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et de la nutrition.
Le manque de financements, il est reconnu de tous, constitue le véritable obstacle au développement de l’agriculture en Afrique qui nécessite d’avoir accès non seulement aux terres, mais également aux engrais et aux semences améliorées pour ne citer que ces cas. Qu’est ce qui est fait par la FAO pour favoriser l’accès à ces financements aux Etats et aux populations surtout les plus vulnérables ?
La FAO fait de l’accès aux financements au profit des états, des populations, notamment les plus vulnérables une de ses priorités majeures. Ainsi, la FAO crée ou contribue largement à la constitution des cadres de dialogue et de partage d’expériences pertinentes et de connaissances sur le financement des agriculteurs et éleveurs ruraux et appuie les réformes de politiques publiques en faveur de l’augmentation des investissements publics et privés au profit des activités du secteur rural.
Nous organisons des séminaires gouvernementaux sur le financement développement rural, et conduisons de pertinentes et efficaces activités de renforcement des capacités des parlementaires et autres élus locaux sur la planification et la budgétisation au profit de l’agriculture et conformément à la déclaration de Maputo.
La FAO élabore et dissémine des notes politiques auprès des donateurs et partenaires techniques et financiers sur les thématiques du développement agricole durable afin de mieux éclairer les décisions et les aider à mieux caractériser les enjeux du financement rural, mais aussi de mieux influencer les programmes de coopération bilatérale et multilatérale et les appuis budgétaires pour une meilleure prise en compte des financements en faveur des états et des populations les plus vulnérables.
La FAO développe aussi des synergies et des partenariats intersectoriels avec d’autres agences du Système des Nations unies dans la conduite de projets, programmes et initiatives d’appui au secteur rural, mais aussi organise des rencontres de haut niveau surla problématique de la finance verte en Afrique et les différents instruments et initiatives/opportunités existants au niveau des partenaires bilatéraux et multilatéraux en lien avec les changements climatiques, à savoir le FEM, le Fonds vert sur le climat, le fonds sur l’adaptation, le green banking, le «creating green insurance in Africa».
Par exemple en octobre 2022, nous avons organisé une session portant sur « la finance verte en Afrique : Défis et Mécanismes de financementdans le cadre du forum sous régional en Afrique centrale et occidentale sur la finance agricole et rurale ».
Depuis ce forum, beaucoup de banques développent des partenariats avec des PME, des chambres de commerce et d’agriculture, des faitières de coopératives agricoles, pastorales et halieutiques en leur rétrocédant des fonds et mènent des campagnes de sensibilisation à destination de leurs clients par la promotion de technologies contribuant à l’agriculture durable.
Quels sont défis et les priorités de la FAO en Afrique/au Cameroun à court, moyen et long terme ?
Les défis et priorités de la FAO en Afrique et au Cameroun en général portent sur le renforcement de la coordination interministérielle sur Agricultures, la réduction de la dépendance alimentaire (au moins 600 milliards de FCFA par an), le développement de l’entreprenariat et de l’employabilité des jeunes et des femmes à travers le développement des chaînes de valeur des filières agro-sylvo-pastorales et halieutique porteuses (digitalisation, autonomisation des femmes, numérisation financière…), la promotion des systèmes de production écoresponsables (transition vers l’économie verte et bleue) pour contribuer à l’atténuation des effets du changement climatiques, la gestion et sécurité du foncier rural.
Pour rester dans la thématique de la journée mondiale, notre défi majeur reste la production davantage d’aliments et autres produits agricoles essentiels avec moins d’eau, tout en veillant à une distribution égalitaire de l’eau, à la sauvegarde de nos systèmes alimentaires, et à ne laisser personne de côté.