Élément indispensable et essentiel pour la vie, l’eau contribue également à la majorité des activités économiques d’un pays ou d’une région.Le Cameroun fait partie des pays dont la situation est des plus critiques avec 34% de la population qui n’a pas accès à l’eau potable.
En Côte d’Ivoire, le gouvernement souhaite garantir l’accès à l’eau potable à tous les Ivoiriens d’ici à 2030 à travers le programme « Eau pour tous », financé à hauteur 2,1 milliards d’euros soit 1 320 milliards Fcfa. On estime que plus de 280 millions de personnes en Afrique n’ont pas accès à une source améliorée d’eau potable.
Au cours des 25 prochaines années, la demande d’eau en Afrique devrait presque quadrupler, soit le rythme de croissance le plus rapide au monde. Le financement et l’entretien de l’infrastructure exigeraient approximativement 3,3 milliards de dollars américains par an et la gestion du secteur 0,8 milliard, d’après la Banque mondiale.
Si l’on a coutume de dire que l’eau c’est la vie, il sera impossible pour nous de réfuter ce proverbe français qui dit : « C’est quand le puits est sec que l’eau devient richesse », comme pour dire que l’eau, est l’un des éléments indispensables pouvant contribuer de manière significative au développement d’un pays ou d’une région.
Cependant, elle peut aussi être la cause des catastrophes naturelles à haute gravité telles que les inondations, la pollution, la sècheresse sans oublier la propagation de nombreuses épidémies, surtout lorsqu’elle est non maitrisée.
Développer les services de l’eau en Afrique est un des Objectifs du millénaire. C’est aussi une condition du développement économique et social du continent qui implique d’y doubler le volume des investissements annuels dédiés à ce secteur.
Difficultés d’accès à l’eau potable
Depuis 1992, la gestion globale de l’eau et notamment de l’accès à l’eau potable est considérée comme un enjeu essentiel pour le développement socio-économique par les Nations Unies. C’est dans cette mesure qu’en 2019, l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms) et l’Unicef s’accordaient pour établir que 2,2 milliards de personnes n’avaient toujours pas accès à l’eau potable de manière sûre et continue. Le Cameroun par exemple, fait partie des pays dont la situation est des plus critiques avec 34% de la population qui n’a pas accès à l’eau potable.
Une étude réalisée en 2010 par la Global Water Partnership (GWP) démontrait que les besoins en eau du Cameroun ne représentaient que 4,14% des ressources en eau disponibles du pays, alors que celui-ci dispose d’importantes réserves en eau. En effet, la GWP a évalué que la pluviométrie du pays variait entre 561,1 mm et 9763,9 mm par an en fonction des régions.
i nous faisons la comparaison avec la France, elle connaît une pluviométrie variante entre 500 et 2000mm par an. Par ailleurs, le Cameroun comporte 5 grands bassins et 3 grands réservoirs souterrains. Cependant, le rapport démontre une variabilité forte entre les régions. Les bassins les plus importants semblent être situés au sud, là où la pluviométrie est la plus conséquente.
De même, le rapport souligne une variabilité importante causée par une certaine sensibilité aux facteurs externes, notamment ceux du réchauffement climatique. Pour ces raisons, une gestion de l’eau attentive et durable est nécessaire afin de faire face aux besoins du pays et de ses habitants.
Les pénuries d’eau potable en milieu rural
On estime que plus de 280 millions de personnes en Afrique n’ont pas accès à une source améliorée d’eau potable et que plus de 430 millions n’ont pas accès à un service d’assainissement selon la Banque mondiale. Les Objectifs de développement du millénaire proposent de réduire de moitié le pourcentage de la population sans accès à ces services entre 1990 et 2015.
L’investissement annuel nécessaire pour réaliser cet objectif en Afrique a été évalué à environ 5,2 milliards de dollars, ce qui représente plus d’un doublement du volume d’investissements réalisé en 2000 pour l’eau potable et une augmentation encore plus importante pour l’assainissement. Un pareil effort est essentiel car l’amélioration de ces services contribuera aussi à l’accomplissement d’autres Objectifs du millénaire, comme la réduction de la mortalité infantile, l’éducation primaire universelle, la réduction de la pauvreté et le combat contre le SIDA, le paludisme et d’autres maladies.
Doubler le rythme d’investissements pour l’expansion et la réhabilitation de l’infrastructure des services d’eau potable et d’assainissement ne sera pourtant pas suffisant pour atteindre les Objectifs du millénaire en Afrique.
Il faudrait également résoudre les problèmes actuels, tels que la qualité de service inadéquate et l’exclusion de la population la plus défavorisée. C’est pour cela que la réponse à ces défis exigera une mobilisation de financements additionnels pour assurer l’exploitation et l’entretien tant de l’infrastructure existante que de celle à construire, ainsi que pour renforcer les politiques sectorielles et la capacité institutionnelle des intervenants.
En Afrique, globalement, le financement de l’opération et de l’entretien de l’infrastructure exigerait approximativement 3,3 milliards de dollars américains par an et la gestion du secteur 0,8 milliard d’après la Banque mondiale. Pour améliorer la desserte dans ces territoires en manque d’eau, les gouvernements se tournent de plus en plus vers des solutions autonomes.
Un secteur à fort besoin d’investissement
En Afrique, les pénuries en eau potable dans le milieu rural pourraient être causées par l’éloignement des points d’adduction d’eau. Dans ces territoires, les villages sont généralement très distants des réseaux nationaux de distribution d’eau, une distance qui entraine des difficultés d’accès au précieux liquide, sans compter l’inestimable coût nécessaire pour procéder à des raccordements.
L’on note par ailleurs que le manque d’eau potable dans certaines zones s’explique aussi par la vétusté des équipements qui sont de plus en plus sollicités par des entreprises et autres structures de distribution d’eau. L’Afrique subsaharienne reste la région où l’approvisionnement en eau potable en milieu rural est le moins développé et où le déséquilibre « urbain-rural » est le plus accentué.
Sur les 400 millions de personnes ne disposant pas d’une source sûre d’approvisionnement en eau potable, selon la Banque mondiale, une bonne partie se trouve alors en milieu rural, d’où ce gigantesque défi à investir dans ce secteur, pour limiter la propagation des maladies qui sont à 80% d’origine hydriques en Afrique et le changement climatique durcit encore les conditions d’accès.
Entre-temps, les gouvernements des pays situés au sud du Sahara ont mieux pris conscience de l’enjeu, ce qui a permis de faire baisser ce chiffre. L’accès à l’eau en milieu rural s’est amélioré aujourd’hui grâce à diverses solutions préconisées par les gouvernements d’Afrique subsaharienne. Parmi elles figurent les adductions d’eau potable (aep).
Désignant l’ensemble des installations qui permettent la production et la distribution de l’eau potable, l’adduction d’eau potable (Aep) en Afrique est déployée par les gouvernements et les entreprises privées pour approvisionner en eau potable les populations dans les localités non raccordées aux réseaux d’eau national. De manière générale, l’Aep est un forage équipé d’un système de pompage mécanisé, lui-même relié à un réservoir de stockage et à un réseau de distribution d’eau à l’instar des bornes fontaines, des robinets etc.
En Côte d’Ivoire par exemple, le gouvernement souhaite garantir l’accès à l’eau potable à tous les Ivoiriens d’ici à 2030 à travers le programme « Eau pour tous », financé à hauteur de 1 320 milliards Fcfa (environ 2,1 milliards d’euros). Dans ce cadre, l’Office national de l’eau potable (Onep) a réceptionné, en 2019, 36 ouvrages d’adduction d’eau potable au bénéfice des populations vivant dans les zones semi-urbaines. Le ministère ivoirien de l’Hydraulique, qui pilote le programme prévoit de construire davantage d’AEP en Côte d’Ivoire. Si l’on croit aux données avancées par le confrère Think Tank resources, il révèle que dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, la couverture actuelle en eau potable est estimée à 82%.
La même source précise qu’un programme similaire est développé au Tchad, où il s’agit du Programme d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement en milieux semi-urbain et rural (PAEPA SU MR). Il est mis en œuvre à travers plusieurs phases dans onze régions du pays d’Afrique centrale via des systèmes d’adductions d’eau potable.
Le taux d’accès à l’eau potable dans ces régions varie entre 5 % et 42%. Il s’agit de Borkou (19%), d’Ennedi (8%), de Tibesti (5%), de Mayo Kebbi Ouest (13%), de Mayo Kebbi Est (22%), de Tandjilé (31%), de Logone Oriental (27%), de Logone Occidental (16%), de Mandoul (39 %), de Moyen Chari (42%), de Salamat (40 %) et de Sila (27%). Le PAEPA SU MR permettra, à terme, d’améliorer la couverture en eau potable des populations vivant dans les régions ciblées.
La première opération de financement de la BAD dans le secteur de l’Approvisionnement en eau potable et assainissement (Aepa) remonte à 1968. Depuis lors, elle a approuvé 360 prêts et dons dans ce secteur représentant environ 5 milliards d’Unités de Compte (7 milliards de dollars US), soit 7% de l’ensemble des prêts et dons approuvés.
Depuis 2003, le financement de la Banque dans le domaine de l’Aepa en Afrique est passé d’une moyenne annuelle de 70 millions de dollars US à 700 millions de dollars US en 2011. Entre 2000 et 2010, 84 millions de citadins africains ont eu accès à l’eau potable et 42 millions aux installations d’assainissement améliorées, soit une augmentation moyenne remarquable du taux d’accès de l’ordre de 3,9% durant la décennie, mais dans le même temps, la population urbaine a augmenté de 3,9% en moyenne.
Défis liés à l’approvisionnement en eau potable en milieu urbain
Bien que l’accès aux sources d’eau potable se soit amélioré dans les zones urbaines, le taux d’accès a stagné à 85% (AMCOW 2012) à mesure que croît la population urbaine.
Entre 2000 et 2010, 84 millions d’Africains vivant dans les villes ont eu accès à l’eau potable et 42 millions, aux services d’assainissement améliorés, soit une hausse moyenne impressionnante de l’accès de l’ordre de 3,9% durant la décennie, même si dans le même temps, le taux de croissance démographique moyen s’est établi à 3,9%.
Les infrastructures d’approvisionnement en eau potable en milieu urbain accusent un retard sur la croissance démographique pour plusieurs raisons telles que l’urbanisation rapide et croissance démographique, l’augmentation des implantations sauvages, la présence d’infrastructures inadéquates, les faiblesses institutionnelles, impliquant le faible recouvrement des coûts, la mauvaise gouvernance, ou encore la détérioration des ressources en eau.
De ce fait, l’Afrique s’urbanise plus rapidement par rapport aux autres régions du monde. Elle connaît aussi une croissance plus rapide du nombre de bidonvilles. À cette allure, la population urbaine devrait doubler au cours des 20 prochaines années, avec les taux de croissance démographique qui resteront les plus élevés au monde.
Actuellement, environ 409 millions d’Africains ou 40% de la population africaine vit en zones urbaines, soit plus du double des chiffres recensés dans les années 1990. D’ici 2030, cette proportion atteindra la moitié de la population africaine, soit quelque 654 millions de personnes, (Jacobsen et al., 2013).
Environ deux tiers de la population urbaine d’Afrique est actuellement desservie par les services publics de l’eau (Aicd, 2011). Au cours des 25 prochaines années, la demande d’eau en Afrique devrait presque quadrupler, soit le rythme de croissance le plus rapide au monde (Jacobsen et al., 2013).
La hausse de la demande industrielle et commerciale liée à l’industrialisation ainsi que l’accroissement des revenus de certaines couches de la population ont nourri les attentes pour avoir une eau de meilleure qualité et en plus grande quantité. Cette situation accentue alors la pression pour des politiques de gestion de l’eau mieux élaborées et bien mise en œuvre.
Des partenaires au développement engagés
Le rapport de la Banque mondiale intitulé « L’avenir de l’eau dans les villes africaines : Pourquoi les eaux usées ? » (2012), vise à changer les mentalités des décideurs sur la gestion, la planification et l’élaboration des projets dans le domaine de l’eau en milieu urbain en Afrique.
Selon ce rapport, en adoptant les approches de gestion intégrée des ressources en eau en milieu urbain (Gieu), les dirigeants des villes africaines auront une véritable occasion de résoudre les problèmes comme la concurrence accrue avec les utilisateurs d’eau en amont, améliorer la planification urbaine en maîtrisant les interactions entre l’eau et d’autres secteurs dans le contexte du changement climatique et assurer la résilience face à un avenir incertain en s’appuyant sur des ressources en eau variées.
Même s’il a été demandé aux pays africains de mobiliser les ressources locales et gérer comme il se doit les investissements pour soutenir le secteur de l’eau et de l’assainissement en milieu urbain (ONU habitat, 2011), les partenaires au développement continuent d’appuyer les gouvernements africains dans la mise en œuvre des projets d’eau et d’assainissement afin d’améliorer l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement de base.
À noter que l’aide publique au développement, source majeure de financement des infrastructures d’eau et d’assainissement, représente entre 60% et 83% du total des dépenses d’équipement d’après (EUWI 2012).
En 2013, la Banque Africaine de Développement (Bad), a approuvé des opérations d’un montant de 356,8 millions d’Unité de Compte (Uc) dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, y compris des financements externes (Bad, 2014b). Toutefois, la dépendance de l’Afrique à l’égard de capitaux extérieurs ne permet pas de disposer d’une base durable pour une stratégie cohérente de financement des projets d’alimentation en eau potable et d’assainissement.
Quelques exemples de réussite
Des réformes du secteur de l’eau en milieu urbain ont été mises en œuvre dans le cadre de projets financés par la Banque africaine de développement afin de créer un environnement propice d’une part, promouvoir la bonne gouvernance et créer des services publics à vocation commerciale qui vont formellement réglementer ce secteur d’autres parts.
La bonne gouvernance est cependant essentielle dans tout programme d’approvisionnement en eau potable en milieu urbain et périurbain. L’autre objectif de la réforme était d’encourager les PPP (investissement et gestion) dans ce secteur. La plupart des pays ont lancé de grandes réformes sectorielles sous-tendues par une nouvelle réglementation. La réforme du secteur de l’alimentation en eau en milieu urbain au Burkina Faso est un cas de réussite.
L’Office national de l’eau potable et de l’assainissement (Onea) a été créé en 1985 en tant qu’établissement public industriel et commercial (Epic) avant de devenir une entreprise publique en 1994. Elle gère l’hydraulique urbaine au Burkina Faso à travers 49 centres. En 1990, le secteur national de l’alimentation en eau en milieu urbain faisait face à de nombreux défis et à divers niveaux.
L’on note au niveau institutionnel, la gestion fortement centralisée et interférence de l’État dans la gestion quotidienne, une forte mobilité des Directeurs généraux, la création effrénée de centres sans se soucier de l’équilibre financier et passation des marchés par le ministère de tutelle.
Pour ce qui est des performances opérationnelles, l’on constate le faible taux de desserte en eau potable soit 55% à Ouagadougou, 50% à Bobo-Dioulasso, des pénuries d’eau, la mauvaise qualité du liquide et le faible taux de desserte (5%) en assainissement à Ouagadougou.
Quant aux performances financières l’avantage est au niveau des tarifs très bas soit 147 Fcfa le m3 en 1990 qui ne couvraient ni les coûts d’exploitation, encore moins l’établissement tardif des rapports financiers annuels ainsi que les problèmes de solvabilité d’environ 51 millions Fcfa de disponibilités en caisse en 1990. Enfin, il y a la gestion des ressources humaines, avec des effectifs pléthoriques (21 employés pour 1000 branchements en 1990), le manque de personnel qualifié et la gestion inefficace des ressources humaines.